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Algérie Télécom sera privatisée

samedi 29 mai 2004, par nassim

Lors d’un seminaire organisé l’hôtel El Aurassi, Amar Tou a évoqué la privatisation prochaine d’Algérie Télécom.

Réforme du secteur, bilan de l’opérateur historique, plan de développement des TIC (technologies de l’information et des communications) à l’horizon 2010, Amar Tou a promis de réduire la fracture numérique et rattraper les voisins tunisiens et marocains, « tout en arrimant l’Algérie au train de développement des pays du Nord ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2000, il y avait à peine 1 654 000 lignes téléphoniques, dont 54 000 lignes GSM. Pour fin 2004, il est prévu 5 600 000 abonnés au téléphone, dont 3 000 000 d’utilisateurs de portables (Mobilis, Djezzy et Watania). De 10 000 internautes en 2000, le chiffre passera probablement à 1 million d’ici la fin de l’année. Le taux de pénétration du téléphone fixe est passé de 5,02% en 2000, à 7,33% fin avril 2004. Il devrait atteindre les 8,38% à la fin de l’année avec notemment l’activation prochaine de centaines de milliers de lignes de fixe à usage sans fil. Selon le ministre, la télé-densité du GSM a connu un véritable boom en quatre ans : de 0,26% en 2000, ce taux est passé à 6,52 fin avril 2004. En décembre prochain, il est prévu un taux record de 9,68% d’abonnés. Aussi, à l’orée 2005 y aura-t-il plus d’abonnés au mobile qu’au fixe. C’est une tendance mondiale, surtout africaine, de diminution d’abonnés au téléphone fixe. Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), la proportion mondiale est de 10%, la moyenne africaine, elle, ne dépasse pas les 6%.

Le boom d’Internet
En Algérie, le taux de pénétration d’internet a, à l’instar de celui du GSM, connu un boom ces dernières années, passant de 0,03% en 2000 à une prévision de 3,22% pour la fin 2004. C’est justement sur le boom d’internet que compte le gouvernement pour développer le secteur de la téléphonie fixe « et éviter la situation du Maroc qui compte sept abonnés au GSM pour un seul au fixe ». A cet effet, Amar Tou mise aussi sur l’équipement des ménages en ordinateurs individuels. Aujourd’hui, le taux d’équipement est de 8%, il sera de 20% d’ici 2010. Au jeu des pronostics, le ministre des PTIC n’hésite pas à déclarer que d’ici 2010 l’Algérie aura 23 000 000 d’abonnés au téléphone dont 15 millions d’utilisateurs de mobiles et 8 millions d’abonnés au fixe. Cela est supérieur aux prévisions d’Algérie Télécom, qui ne mise pas, selon Amar Tou sur la hausse de l’utilisation professionnelle du fixe et la progression d’internet. A ce sujet, le ministre estime que le nombre d’internautes atteindra les 12,5 millions en 2010. Les connections à l’ADSL (internet à haut débit) sera de un million (75 000 aujourd’hui). Amar Tou dévoile la batterie de mesures d’accompagnement des réformes, mesures déjà mises en branle, ainsi que les grands projets prévus par son département. La poursuite de la pose de fibre optique à un rythme de 3 500 kilomètres par an de 2005 à 2008 ? sachant que deux boucles nationales de 18 200 km ont été déjà mises en service. L’opérateur Orascom envisage d’installer un câble en fibre optique entre l’Europe et l’Egypte qui passera par l’Algérie. Dans le cadre du NEPAD, la fibre Algérie-Nigeria sera bientôt lancée. Cette ligne se poursuivra jusqu’en Afrique du Sud, pays relié à l’Europe. L’optimisation de la plate-forme de téléphonie fixe, en généralisant un réseau de transport (de données) multimédia à large bande, permettra l’essor du haut débit et la baisse des tarifs. Le désenclavement de 2 200 localités par le biais du CDMA (fixe sans fil), qui touchera, à terme, trois millions d’habitants (110 000 lignes sont déjà opérationnelles, 100 000 seront lancées d’ici juin à Alger).

Selon Amar Tou, la réforme des postes et du système bancaire est en projet. Elle sera applicable d’ici 2005. Cette réforme implique l’introduction des moyens électroniques de paiement de masse, les cartes de crédit et le e-Business. Le ministre prévoit la création d’un réseau intranet gouvernemental dès la fin de l’année, réseau qui sera interconnecté complètement d’ici 2005. Une e-commission gouvernementale a été installée le 25 mai dernier, « pour parvenir à réduire la fracture numérique ». Elle regroupe les ministères impliqués et concernés par les TIC et des experts. Le dernier grand projet est celui du cyberparc de Sidi Abdallah (Alger) qui sera ouvert à la mi-2006, et qui offrira une plate-forme pour l’industrie et le développement des nouvelles technologies. A cet effet, et selon le ministre, 36,70 milliards de dinars ont été mobilisés, dont 24,72 du plan de soutien à la relance économique et 120,4 millions de dollars de la Banque africaine de développement. Le ministre qui est resté sévère envers Algérie Télécom qu’il accuse à demi-mots d’archaïsme dans la gestion, en particulier, dans le domaine de la comptabilité et de la gestion des ressources humaines.

Garantir la pérennité
Tou donne un exemple : l’opérateur historique a un taux d’encadrement de 10%, d’expertise de 30% et de soutien de 60%, alors que Maroc Télécom a un taux d’expertise de 80%. La solution est simple, selon lui, il suffirait de privatiser AT pour lui garantir sa pérennité. « Partout où il y a eu ouverture du marché et privatisation, l’opérateur historique est leader », a proclamé Amar Tou. Il y a aussi la vente de la licence de téléphonie fixe qui pose problème. « Un pays asiatique propose sa licence de téléphonie fixe gratuitement et il n’a pas trouvé preneur. A nous de rendre cette licence attractive en y incluant le potentiel internet et par d’autres moyens », a-t-il ajouté. Il reste malgré tout un vide juridique et un écart technologique à combler. Actuellement, il existe 900 000 demandes de lignes téléphoniques non satisfaites. Une dernière question : avec de telles sommes engagées, quels seront les impacts sur l’emploi d’autant qu’il est question de privatiser (et donc dégraisser) Algérie Télécom ?

Par Akram Kharief, El Watan