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6,5 milliards d’humains sur terre

dimanche 24 avril 2005, par Stanislas

Chaque seconde, la Terre enregistre quatre naissances et deux décès. Cela fait 120 personnes supplémentaires à la minute.

7 200 à l’heure. 172 800 à la journée : l’équivalent, grosso modo, d’une ville comme Brest. Sur un mois, la barre des 5 millions est franchie. Sur un an, on avoisine les 70 millions. À ce rythme-là, nous serons 6,5 milliards d’humains à la fin de l’année. Les démographes les plus pessimistes prévoient le double dans cent ans. Les plus optimistes tablent sur 10 milliards.

« La moindre variation du taux de fécondité s’avère lourde de conséquences. Avec 2,5 enfants par femme aujourd’hui, c’est encore beaucoup. A 2,1, le renouvellement des générations est assuré. Au-delà, la population continue de croître indéfiniment », souligne Sabine Belloc, une Rennaise, responsable de l’exposition La population mondiale... et moi, à la Cité des sciences (1). « Pendant des milliers d’années, l’homme a été une espèce rare. Mais vers 1800, la population s’est mise à croître de façon extraordinaire dans les pays riches et, à partir du XXe siècle, dans les pays pauvres. Cette période unique dans l’histoire de l’humanité devrait se terminer en 2100. »

Les statistiques des démographes ne sont que le miroir des comportements de nos semblables. Au début du XIXe siècle, l’espérance de vie moyenne était de 25 ans, 35 ans en 1900. « 65 ans aujourd’hui. Elle a triplé en 200 ans », précise Sabine Belloc. Certes, il existe une différence d’espérance de vie de 47 ans entre le Japon et le Mozambique et les disparités restent monstrueuses dans certains pays d’Afrique décimés par le sida. L’accroissement démographique vertigineux, né globalement de la diminution de la mortalité infantile et de la mortalité des adultes, montre à quel point « il vaut mieux être riche et bien portant que pauvre et malade ». Au chapitre des bouleversements, les pyramides des âges n’épousent plus, à l’image de l’Europe des années 60, le profil d’un Mont-Saint-Michel solide sur ses bases et à la flèche effilée mais, de plus en plus, celui d’un pudding bien consistant avec, comme cerise sur le gâteau, des centenaires en constante augmentation.

Alors qu’en 2025, l’Inde talonnera la Chine avec 1,35 milliard d’habitants contre 1,45 milliard, nombre d’enjeux vitaux attendent la planète surpeuplée. Y aura t-il suffisamment d’eau et de nourriture pour tous ? Les ressources énergétiques seront-elles suffisantes ? Quel sera le rapport entre actifs et retraités en Europe qui, elle, verra sa population baisser et dans les autres pays développés ou émergents ? L’exposition du Parc de la Villette passe en revue ces questions cruciales et invite le visiteur, via un passeport (PassPop), à rentrer ses données personnelles dans des bornes interactives. « En 1957, année de votre naissance, vous étiez 2 857 078 000. 48 ans plus tard, 69 % sont encore en vie, 21 % plus âgés que vous », me glisse Sabine Belloc. Le 7 avril 2005, à 13 h 41 et des poussières, le compteur du monde défile tel un métronome. Nous sommes alors 6 milliards 434 millions 835 mille 588... 90, 92, 94... J’apprends qu’à l’échelle de cette planète sous pression je suis un « vieux » et qu’il me reste « 28,1 ans à vivre ». Si c’est plus, je suis preneur.

Par Pierre CAVRET, Ouest-france.fr