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38 détenus de Guantanamo lavés de l’accusation d’"ennemi combattant"

mercredi 30 mars 2005, par Hassiba

Les Etats-Unis ont levé l’accusation d’"ennemi combattant" à l’encontre de 38 étrangers détenus sur la base navale de Guantanamo (Cuba), où 558 personnes sont encore emprisonnées.

Les autorités américaines ont également déclaré que ces prisonniers seraient renvoyés rapidement dans leur pays d’origine sans préciser la nationalité des détenus innocentés. Pour l’heure, cinq d’entre eux ont déjà été renvoyés chez eux. Le département d’Etat travaille à assurer le retour des 33 prisonniers restants "le plus rapidement possible", a précisé Gordon England, le secrétaire à la marine.

Toutefois, un nombre non précisé de militants musulmans appartenant à la minorité chinoise ouïgoure ne seront pas renvoyés chez eux, bien qu’ils aient été retirés de la liste des "ennemis combattants", a-t-il indiqué. Selon Gordon England, le Pentagone craint que les Ouïgoures, un groupe religieux persécuté en Chine, soient mal traités par les autorités de Pékin. Pour pallier ce problème, les diplomates américains tentent de leur trouver un nouveau pays d’accueil, a-t-il ajouté.

Après dix mois d’examen des dossiers des 558 prisonniers, les tribunaux spéciaux ont confirmé le statut d’"ennemi combattant" pour 520 d’entre eux, a précisé M. England. Le secrétaire à la marine a vigoureusement démenti que des prisonniers aient été incarcérés à Guantanamo par erreur. Pour argumenter ses propos, M. Gordon a affirmé que le fait qu"un prisonnier ne remplisse plus les critères pour être qualifié d’ ’ennemi combattant’ ne signifie pas nécessairement que sa précédente classification comme ’ennemi combattant’ était fausse".

TRIBUNAUX MILITAIRES " INCONSTITUTIONNELS "
De son côté, la justice américaine défend un autre point de vue. En janvier, un juge fédéral américain avait décrété que les tribunaux militaires de Guantanamo étaient "inconstitutionnels" et réaffirmé les droits des prisonniers détenus sur la base américaine de Guantanamo. Une position opposée à celle du président George W. Bush, qui avait décrété que les détenus de Guantanamo étaient tous des "ennemis combattants" dans la "guerre contre le terrorisme". Ainsi, la justice militaire était autorisée à détenir ces personnes sans inculpation et en les privant de recourir aux services d’un avocat. Dans cette optique, le statut de prisonnier de guerre, défini par les conventions de Genève, avait d’emblée été écarté pour les prisonniers de Guantanamo. Mardi, M. England a renforcé ce point de vue en affirmant que les tribunaux militaires prenaient leurs décisions sur la base d’éléments tenant dans certains cas du secret-défense.

Mais, mardi 29 mars, la justice américaine a infligé un nouveau revers à l’administration Bush. La justice a bloqué le transfert vers leur pays de treize Yéménites prisonniers à Guantanamo, en raison du risque qu’ils soient soumis à des tortures ou à un emprisonnement arbitraire. Dans sa décision, le juge fédéral Henry Kennedy a estimé que la qualification d’"ennemis combattants" retenue à l’encontre des treize Yéménites par les autorités américaines n’était pas confirmée.

Avec AFP, lemonde.fr