Le Figaro Par Emile Douysset Publié le 5 février
Sollicité par l’AFP, le groupe Mediawan, qui produit l’émission, a précisé que la participation de l’humoriste controversé n’était de toute façon prévue que pour un seul numéro.
Objet d’une polémique et d’accusations d’islamisme après sa participation à l’émission de télévision «C à vous» sur France 5, l’humoriste Merwane Benlazar «ne sera plus à l’écran», a assuré mercredi, au Sénat, la ministre de la Culture, Rachida Dati. Le chroniqueur est apparu pour la première fois à la télévision dans «C à vous» le 31 janvier, pour un billet sur l’actualité. Son passage a suscité de vives critiques. Pour Rachida Dati, «aucun propos (n’était) répréhensible» dans cette chronique, a-t-elle déclaré dans l’hémicycle. En revanche, elle a évoqué les anciens messages de l’humoriste: «Est-ce que des propos ont été tenus par ce chroniqueur qui sont scandaleux? Oui. Donc suite à ces propos, France Télévisions en a tiré les conséquences: il ne sera plus à l’écran».
Sollicité par l’AFP, le groupe Mediawan, qui produit l’émission, a précisé que sa participation n’était de toute façon prévue que pour un seul numéro. «Il était remplaçant “one shot” (pour une seule fois, NDLR), il n’y a pas lieu de revenir ou pas», a déclaré Mediawan à l’AFP. Merwane Benlazar «a été choisi par la société de production (...) en l’absence de son humoriste habituel (Bertrand Chameroy) et de son remplaçant (Pierre-Antoine Damecour)», a fait valoir France Télévisions. La chronique «n’a occasionné aucun manquement à ses obligations de la part de France Télévisions», a insisté le groupe public. Depuis la rentrée, Merwane Benlazar est également chroniqueur sur la radio publique France Inter.
«Rien d’innocent»
Rachida Dati était interpellée par la sénatrice Nathalie Goulet (Union centriste). «“La place d’une femme est à demeure auprès de son père. Crains ton seigneur.” : ce propos n’est pas une citation du théoricien d’al-Qaïda, mais de la nouvelle recrue, au look salafiste, de l’émission star de France 5 : “C à vous”», a lancé l’élue. Sur le réseau social X, «l’humoriste» a fermé son compte au public. Seuls ses abonnés peuvent voir ses publications. «Il nettoie ses réseaux au Kärcher !», a-t-elle poursuivi, en faisant référence à la saillie de Nicolas Sarkozy en 2005. Toujours sur sa lancée, Nathalie Goulet a épinglé «le silence assourdissant de l’Arcom», plus réactive pour «condamner d’autres animateurs?», en écho aux condamnations de propos tenus sur d’autres chaînes.
Rachida Dati a par ailleurs dénoncé «le bruit important des dérives et des dérapages.» «L’apparence, le physique, la tenue vestimentaire ne doivent pas disqualifier sans aucun fondement», a objecté l’ancienne ministre de Nicolas Sarkozy. La réponse de la sénatrice n’a pas tardé : «Il n’y a rien d’innocent dans ces actes. Je travaille trop longtemps, depuis trop longtemps sur la laïcité et le respect de la République pour qu’on me traite de raciste», a cinglé Nathalie Goulet.
Vives critiques
Une partie des critiques envers Benlazar visait son apparence physique, longue barbe, petit bonnet et pull ample. Interrogée sur Europe 1, l’avocate Lara Fatimi y a vu «des signes vestimentaires qui ont tout d’une tenue salafiste». Merwane Benlazar a répondu sur son réseau social Instagram en ironisant sur une photo de son bonnet: «De la marque islamiste Zara, fabriqué en République islamique du Portugal. Glaçant.»
D’autres critiques portaient sur d’anciens messages de l’humoriste exhumés sur X, sans qu’on puisse dire s’ils étaient tenus au premier ou au second degré. «Au nom de toutes les femmes, de leur liberté, de leurs droits chèrement gagnés ici et bafoués par les islamistes partout à travers le monde, une seule question: pourquoi?», a réagi la députée européenne Nathalie Loiseau (Horizons), lundi sur X, dans un message surmontant la photo de Merwane Benlazar.
Commentaire