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Voitures électriques BMW : des ouvriers marocains privés de salaires

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  • Voitures électriques BMW : des ouvriers marocains privés de salaires

    Des centaines de travailleurs marocains d’une mine de cobalt sont en grève pour exiger le versement de leurs salaires. Interdits de parler à la presse, ils subissent pression et chantage.

    Cet article est publié en partenariat avec le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, les radiotélévisions allemandes NDR et WDR et le média marocain Hawamich.



    ssis en cercle, ils brandissent depuis quatre semaines les mêmes pancartes sous le soleil brûlant. « Tu as droit à une vie décente », peut-on lire en arabe, ou encore « Les travailleurs de Bou-Azzer réclament leurs droits et leur dû ». Le 8 août, sur ce site minier isolé de la région montagneuse de l’Anti-Atlas, près de 200 mineurs étaient de nouveau rassemblés devant l’administration de la Compagnie de Tifnout Tighanimine, filiale du groupe Managem, propriété de la famille royale du Maroc. Employés en sous-traitance par la société Top Forage, ils n’ont touché aucun salaire depuis plus de deux mois.

    « Les comptes de notre employeur ont été saisis par la Sécurité sociale, explique par téléphone à Reporterre Saïd [*], mineur de fond pour l’entreprise depuis quatorze ans. Top Forage n’a pas payé ses cotisations depuis des années. »

    Lire aussi : Mines au Maroc : la sinistre réalité du « cobalt responsable »

    À plus de 400 mètres sous terre, dans les puits de la mine de Bou-Azzer où l’on extrait du cobalt, de l’arsenic, mais aussi du nickel, de l’argent et de l’or, les employés précaires de Top Forage assurent les tâches les plus dangereuses : pose des explosifs, perforation au marteau-piqueur, entretien des soutènements. Dans les galeries, ces centaines de travailleurs sont exposés à un cocktail de substances hautement toxiques et cancérigènes. « Des poussières d’arsenic, de cobalt, de nickel et d’amiante », précise Saïd, mais aussi de la silice, des émanations d’huiles de moteur et des vapeurs d’explosifs.
    Carte de la mine de Bou-Azzer, au Maroc. © Louise Allain / Reporterre

    Le non-versement des cotisations sociales va coûter aux 250 employés de Top Forage des années de droits à la couverture santé, aux allocations familiales, au chômage, aux pensions de retraite et d’invalidité. Après deux mois sans salaires, les familles s’endettent pour manger et les mineurs logés dans les villes voisines risquent l’expulsion. Pour les soutenir, un parlementaire local a rédigé une question au gouvernement.

    Une délégation d’Attac Maroc s’est rendue sur le site et appelle à « une large campagne de solidarité » pour « briser l’isolement des mineurs ». L’ONG marocaine Jonction, consacrée à la défense du droit du travail, rappelle dans son communiqué que la maison mère Managem « porte l’entière responsabilité de cette situation en tant que propriétaire et bénéficiaire légale de la mine ».

    Selon le droit du travail marocain [1], en effet, la multinationale royale peut être tenue responsable des paiements quand l’un de ses sous-traitants fait défaut. Mais malgré quatre semaines de grève et de manifestations presque quotidiennes, elle n’a pas communiqué — ni répondu aux questions détaillées envoyées par notre consortium de journalistes. Top Forage non plus. En revanche, dès le début du mouvement, Managem a fait fermer trois puits d’extraction, « officiellement pour des raisons de sécurité, mais en réalité pour nous empêcher d’occuper le fond des galeries », confie encore Saïd qui, pour la troisième fois, demande : « S’il vous plaît, ne donnez mon nom à personne. »

    « Les grévistes ont très peur des représailles, explique Hamid Majdi, syndicaliste et fondateur de l’ONG Jonction. Les directions de la CTT/Managem, Top Forage ou les cheikh [autorité locale] ont menacé de poursuivre en justice les mineurs qui communiqueraient avec des journalistes. Ce qui est illégal bien sûr. » S’il porte les revendications des salariés de Top Forage, l’unique syndicat du site, l’Union marocaine des travailleurs (UMT), a décliné toute interview.

    De « légères irrégularités » selon BMW


    La chape qui entoure la réalité de la mine de Bou-Azzer est d’autant plus lourde que le cobalt qu’on y extrait est devenu un enjeu politique en Europe. Le Green Deal de l’Union européenne prévoit l’interdiction de la vente de véhicules neufs à moteur thermique à l’horizon 2035 et donc l’électrification des véhicules.

    Entreprises et dirigeants politiques font face à des critiques en raison des quantités de métaux que cette transformation nécessite. Des ONG, des pays du Sud et des populations autochtones contestent une politique de réduction des émissions carbone jugée « néocoloniale », consistant à délocaliser les pollutions vers les anciens colonisés.

    Manifestation de mineurs devant les bureaux de la CTT/Managem, mine de Bou-Azzer, en août 2024. © Attac Maroc

    Si les problèmes dénoncés par les mineurs et les habitants de Bou-Azzer en sont tristement révélateurs, c’était initialement pour ne pas être accusé de contribuer au financement de conflits armés liés au cobalt de République démocratique du Congo, que le groupe automobile allemand BMW avait décidé de s’approvisionner chez Managem, ce qui lui avait permis de construire une stratégie marketing autour de l’usage de « métaux responsables ». Tout comme le constructeur français Renault qui, à sa suite, a formalisé l’achat de « cobalt bas carbone et responsable » de Bou-Azzer à partir de 2025 pour alimenter ses gigafactories de Douai et Dunkerque.

    Les deux entreprises ont fait la publicité de leur approvisionnement éthique en cobalt jusqu’en 2023, quand l’enquête de Reporterre — révélant les conditions d’extraction désastreuses à Bou-Azzer dans cette mine — a changé la donne.

    L’Office fédéral allemand de l’économie et du contrôle des exportations a alors ouvert une enquête sur BMW pour voir s’il avait enfreint son devoir de vigilance, en ignorant les impacts de la mine marocaine sur les droits humains et l’environnement. Le constructeur a dû reconnaître qu’il n’avait jamais investigué le site et s’est empressé de commander des audits externes de la mine. En mai 2024, BMW annonçait les conclusions de l’audit sur le droit du travail réalisé par la Responsible Business Alliance, un cabinet international créé par de grandes entreprises de l’électronique : elle n’avait relevé que « de légères irrégularités » qui seraient « corrigées dans les meilleurs délais », indiquait BMW.

    Fiches de paie falsifiées


    Pourtant, Idir [*], mineur de fond dans l’entreprise depuis 2005, l’assure : « Rien ne s’est amélioré depuis l’an dernier pour protéger notre santé et notre sécurité. » « Tu travailles et tu as la trouille, précise Saïd, amer. Depuis quinze ans, les conditions se sont dégradées. Top Forage faisait des formations sur la sécurité, il n’y en a plus. Le matériel d’extraction n’a jamais été renouvelé. Quand ton collègue descend dans le puits, tu lui dis d’être très prudent, parce que s’il lui arrive quelque chose, on n’aura pas de quoi venir le chercher. »

    L’ONG Jonction, qui a recueilli les doléances des mineurs de Bou-Azzer, dénonce dans son communiqué de nombreuses atteintes au droit du travail, parmi lesquelles des « mutations et licenciements arbitraires », « le non-respect des règles de santé et de sécurité » et le « non-versement des primes d’ancienneté ».
    Des avantages promis « si nous mentions »

    Ces dernières font l’objet d’un système de falsification que plusieurs mineurs nous ont décrit : « Sur nos fiches de paie, la date d’entrée dans l’entreprise est changée tous les trois mois de façon à toujours indiquer deux ans d’ancienneté, même quand on travaille depuis quinze ans. » Cette fraude à l’ancienneté, qui représente une part importante de la rémunération, n’a rien de neuf : les mineurs de Bou-Azzer la dénonçaient déjà pendant la grande grève de 2011 [2].

    Comment tout ceci a-t-il pu échapper à la Responsible Business Alliance, dont les enquêteurs, d’après nos informations, se sont rendus à Bou-Azzer en début d’année ? Un autre mineur, Badir [*], raconte : « On nous a distribué des masques et des protections pour les oreilles juste avant le début de l’audit, et les postes de travail ont été nettoyés à fond. Nos chefs de Managem et Top Forage nous ont demandé de “faciliter l’audit” en nous promettant des avantages si nous mentions. Ce sont les employés les plus soumis et les plus craintifs qui ont été désignés pour répondre aux questions. »

    Des expertises opaques


    Contactée par les rédactions partenaires de cet article, la Responsible Business Alliance n’a pas commenté ces informations en raison des « accords de confidentialité stricts » conclus avec BMW, mais elle mènera un « audit de clôture pour vérifier que tous les problèmes identifiés ont été résolus ». Quant à BMW, il refuse de publier le contenu de ces audits menés à Bou-Azzer pour des raisons de « secret commercial », tout en admettant qu’ils « font l’objet d’une demande d’information en cours de la part des autorités ».

    Du côté de Renault, l’opacité est encore plus grande. Le groupe, qui doit commencer à importer du cobalt de Bou-Azzer dans six mois, a indiqué à nos équipes qu’un « premier audit ESG [environnement, social et gouvernance], commandité par le groupe et mené par un organisme tiers indépendant, [était] en cours », sans donner ni le nom de l’organisme ni la moindre date. Enfin, l’entreprise minière Managem n’a pas répondu à nos nombreuses questions.
    وألعن من لم يماشي الزمان ،و يقنع بالعيش عيش الحجر

  • #2
    silence ils exploitent, c'est pour ça que les étrangers aiment investir au maroc, surtout si c'est la propriétés du roi

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    • #3
      les marocains sont des esclaves du roi, qui à son tour est un esclave des étrangers.

      C'est ce qu'il faut comprendre !!

      Commentaire

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