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TÉMOIGNAGES - Restrictions de circulation, dispositif de sécurité, marée de touristes... Certains résidents prévoient déjà de faire leurs valises pour échapper au tumulte des JO 2024.
«La tension dans la ville va être ingérable, ça va être oppressant», redoute déjà Anne-Marie, 55 ans, à huit mois du début des Jeux olympiques (JO) de Paris 2024, qui débuteront le 26 juillet. Pour cette directrice de relation presse, hors de question de rester dans la capitale. Avec son mari et ses enfants, direction la Normandie, dans leur petite maison familiale. «Paris est devenue hyper compliquée pour la circulation et le stationnement, donc on imagine qu’avec les JO, se déplacer même en tant que résident va tout simplement être un enfer», estime la quinquagénaire. «Les prix vont sans doute aussi flamber durant la période», ajoute-t-elle. Si le premier adjoint à la ville, Emmanuel Grégoire, souhaite que les Jeux soient «une fête pour tous», Anne-Marie ne voit pas cet évènement «comme quelque chose de festif, au contraire, c’est plutôt une contrainte supplémentaire à notre quotidien».
Comme elle, ils sont nombreux à redouter l’afflux massif de touristes. L’Office de tourisme de la ville de Paris prévoit plus de 15 millions de visiteurs, pour les JO et les Jeux paralympiques. De quoi donner des sueurs froides à Camille, consultante financière de 30 ans, qui réside dans le 18e arrondissement : «Il y a déjà beaucoup de monde chaque jour à Montmartre, avec les touristes ça va être impraticable, même à pied.» Si elle n’a pas encore trouvé de solution pour s’extirper de la capitale, elle prévoit au moins d’être en télétravail ou de poser des vacances pour échapper à la foule.
«Coincés dans la ville»
D’autres se posent la question de mettre leur logement en location sur Airbnb, avec des revenus qui pourraient être trois à quatre fois supérieur à la normale, selon les spécialistes du secteur. «J’hésite à mettre mon appartement sur la plateforme parce qu’il est tout neuf et j’ai peur des punaises de lit », relève Philippe, 33 ans, qui travaille dans la finance. Mais pour le trentenaire, l’appât du gain le fait réfléchir : «Je me dis que ce serait un bon moyen de payer mes vacances.» D’autant que son logement est idéalement placé, entre la gare du Nord et de l’Est, parfait pour des touristes en quête de découvrir Paris et ses alentours. S’il n’a pas encore pris sa décision finale, une chose est sûre, Philippe ne restera pas à Paris. «Mon bureau est en plein secteur du Trocadéro, les rues vont être coupées à la circulation et je ne sais même pas si elles seront accessibles à vélo», souligne-t-il, avant d’ajouter qu’il «va essayer de faire du télétravail dans la maison de campagne de ses parents, à une heure de la capitale».
Pour Élise*, 33 ans, c’est le même constat. La mère de famille hésite encore à louer son appartement sur Airbnb mais si elle peut «s’extirper de la capitale pendant les JO», elle le fera «sans hésiter». «L’école sera finie, il est hors de question de rester avec un enfant de trois ans, coincés dans une ville où je ne pourrais plus rien faire sur un coup de tête sans avoir à anticiper et à remplir une feuille d’émargement pour obtenir des dérogations ou de ne pas pouvoir aller dîner librement chez des amis», lance la trentenaire. «Même si je préfère prendre mes vacances en août, je les poserai l’année prochaine dès juillet», assure-t-elle.
«Un escape game géant pour les touristes»
Élise, Philippe et Anne-Marie pointent tous un cadre trop restrictif pour se déplacer dans Paris, notamment pour les résidents. En cause, le dispositif de sécurité qui va encadrer les grands sites olympiques parisiens, dévoilé récemment au Parisien par le préfet de Paris, Laurent Nuñez. Des zones de restriction de circulation seront ainsi «activées sur le temps des compétitions», qu’il ne sera plus possible de traverser en voiture, et dans lesquelles il faudra montrer patte blanche pour entrer.
Sur les réseaux sociaux, les réactions n'ont pas tardé, entre ironie et inquiétude. «Le préfet (Laurent) Nuñez annonce qu'il faudra un QR code pour circuler dans Paris pendant les Jeux. Il précise aussi que des stations de métro seront fermées pour faciliter les fouilles et la circulation automobiles interdites. Combien de temps avant qu'il ordonne aux Parisiens de partir ? », s'interroge un internaute. «Ça va être un enfer ces JO. Transports en commun pas à la hauteur, voitures interdites, un escape game géant pour les touristes», raille un deuxième. «En fait, à ce jour, tout nous paraît pénible», résume, lasse, Anne-Marie.
«Il n’y a aucune raison de quitter Paris à ce moment-là», a pourtant tranché Laurent Nuñez ce mercredi, lors de la conférence de presse de présentation des périmètres de sécurité qui seront mis en place autour des principaux sites olympiques. Le préfet de police a rappelé que les piétons pourront circuler librement partout dans la capitale où seront installées «plein de zones festives». «Est-ce qu’offrir ce moment incroyable de partage, c’est en demander beaucoup aux Parisiens ? Ma réponse c’est qu’on se fait plutôt un cadeau collectif», insiste à son tour la maire de Paris, assurant qu'on a «tous envie de vivre» cet «événement planétaire».
Par Emma Confrère et Pauline Landais-Barrau
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