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Paris: un néofasciste recherché pour le meurtre du rugbyman Federico Martin Aramburu

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  • Paris: un néofasciste recherché pour le meurtre du rugbyman Federico Martin Aramburu

    streetpress.com 21 03 2022

    "Federico Martín Aramburú, rugbyman argentin à la retraite, a été abattu à Paris. Le militant néofasciste passé par le Gud Paris, Loïk Le Priol, est soupçonné d’être le meurtrier. Un ex-militaire au passé violent, bien inséré à l’extrême droite.

    Paris, 6e arrondissement – La nuit touche à sa fin au bar Le Mabillon. Il est 6h environ ce samedi 19 mars, quand un différend éclate entre plusieurs clients. D’un côté, les ex-rugbymen Shaun Hegarty et Federico Martín Aramburú. Le quadra argentin, qui a passé la majeure partie de sa carrière en France, doit assister au match France-Angleterre le samedi soir avant de prendre l’avion pour son pays natal. En face, deux ou trois jeunes.

    L’un d’eux au moins s’avère être une figure de la mouvance néo-fasciste. L’altercation dans le bar est plutôt brève. Une fois la dispute passée, Federico Martín Aramburú remonte le boulevard Saint-Germain avec Hegarty. Au niveau du 146, ils sont rejoints par une jeep verte. À son bord, les personnes avec qui ils se sont disputés quelques minutes plus tôt. Un des passagers ouvre le feu dans leur direction. Il ne touche personne. Mais selon l'Equipe, un second homme descend du véhicule et tire, dans le dos semble-t-il, de Federico Martín Aramburú à six reprises. L’Argentin est touché au moins trois fois dans la jambe et le bas-ventre. Il meurt sur les lieux du drame.

    Connu à l’extrême droite

    La police identifie rapidement les trois suspects. Une jeune femme qui selon une source judiciaire interrogée par StreetPress serait aujourd’hui en garde-à-vue et deux hommes. Selon Lepoint, l’auteur des coups de feu serait Loïk Le Priol, un militant d’extrême droite de 27 ans et une vieille connaissance de StreetPress, toujours en cavale. La première rencontre date de début 2016, quand il lance la marque Babtou solide qui cartonne dans les milieux natios. Le Priol met en valeur les concepts identitaires et la virilité :

    « On en a marre de voir des petits jeunes qui vapotent des fumées goûts barbe à papa en train de choisir leur dernier jean slim. »

    Sacrée retape. Le jeune homme, cheveux gominés plaqués en arrière, présente bien avec son look dandy. Il n’exhibe pas trop son tatouage de couteau sur l’avant-bras gauche. Pourtant, d’après le site antifasciste Reflexes, il est pourtant connu pour être l’un des leaders du Groupe Union Défense (Gud), un syndicat d’extrême-droite né dans l’immédiat après mai 1968 et dont proviennent de nombreux cadres du Rassemblement National. Et ce malgré son jeune âge. Dans la foulée de l’article de StreetPress, la Nouvelle Édition et le Supplément (Canal+) évoquent aussi la marque.

    Même s’il joue les créateurs de mode, son truc à lui, ce sont surtout les armes. Le militant nationaliste a passé quelques années à l’École des Mousses avant de s’engager à 17 ans pendant cinq ans chez les commandos marine. Aucune info sur sa carrière militaire n’a pour l’instant fuité. Sur une vidéo, publiée en mars 2016 par Mediapart, Le Priol se vantait pourtant d’avoir « buté plus qu’un mec ». Tout un programme.

    Ultraviolence

    Quelques semaines après la rencontre, StreetPress apprend que Le Priol fait partie de l'équipe qui a passé à tabac l'anciej leaderdu Gud – dont il a fait partie – Edouard Klein. La soirée se passe en octobre 2015 et a d’abord été racontée par Marianne et Mediapart. Loïk Le Priol fait irruption dans le salon de Klein avec quatre autres militants nationalistes. Pendant des dizaines de minutes, Le Priol et ses potes le torturent et filment leurs méfaits. Des extraits vidéos seront publiés par Médiapart. L’ancien commando marine lui écrase le visage tout en capturant le moment avec son téléphone ou le menace de le pendre avec son foulard. Il sort un couteau pour le placer sous la gorge de Klein, dénudé, en hurlant :

    « Le coupe-gorge, ça va très vite, tu sais ? »

    Avec lui se trouvent plusieurs militants nationalistes comme Logan Djian, qui a succédé comme chef du Gud à Edouard Klein et a déjà fait de la prison pour de multiples agressions. Il a depuis ouvert un salon de tatouage à Lyon. Il y a également Kleber Vidal, un barbu bodybuildé qui fait à l’époque l’homme-sandwich pour Babtou solide et est passé par l’Action française. Pour ces actes de torture, Loïk Le Priol et Logan Djian sont mis en examen et placés en détention provisoire. Sauf qu’après dix jours, les deux cogneurs paient leur caution de 25.000 euros chacun et sont remis en liberté. La caution de Djian est payée par Axel Loustau, un proche de Marine Le Pen, révèle Mediapart.

    Loik Le Priol et ses quatre co-accusés ont comparu devant la justice en octobre dernier pour cette affaire. L’audience a été brève car Logan Djian, l’un des principaux tortionnaires de Klein, n’a pas pu être présent pour cause de Covid. L’audience a été reportée pour la seconde fois, après un premier report en janvier 2021. Par le biais de son avocat Xavier Nogueras, Le Priol en a quand même profité pour demander la levée du contrôle judiciaire strict dont il fait l’objet et qui lui interdit de venir à Paris et l’oblige à pointer au commissariat de Draguignan dans le Var. Demande refusée. Le Priol n’aurait donc pas dû trinquer sur Paris ce vendredi soir. La cour lui a tout juste concédé le droit de se présenter dans un commissariat plus proche de son domicile. Plutôt tendu dans les couloirs du tribunal judiciaire de Paris, il n’a à l’époque pas souhaité répondre à StreetPress.

    De multiples connexions à l’extrême droite

    Les liens avec les milieux militants d’extrême droite ne s’arrêtent pas au Gud et aux actions coup-de-poing. Avec Babtou solide, Loik Le Priol a pu montrer son réseau d’amitiés. L’une des filles de Frédéric Chatillon – ami intime de Marine Le Pen mouillé dans les affaires de financement ilégal du RN et ancien patron du Gud – joue les égéries. Comme sa mère Marie d’Herbais, qui pose aux côtés de Jean-Marie Le Pen vêtue d’un sweat Babtou Solide. On retrouve aussi dans les modèles Baptiste Marchais, qui pose aux côtés de Kleber Vidal. Le YouTubeur (qui n’aime pas StreetPress), passé par les Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires (JNR) était en 2016 présenté comme le premier athlète sponsorisé par la marque, alors qu’il était double champion de France de développé couché. Autre égérie de la marque : Antoine O., un militant nationaliste qui a participé à de nombreuses actions de Génération Identitaire ou des Zouaves. Le gaillard à la barbe fournie a été blessé lors d’une rixe en avril 2019, à l’origine de l’incarcération du militant antifasciste Antonin Bernanos (qui nie les faits).

    Le Priol a aussi pu compter sur ses proches pour faire de la retape, à l’instar de Jean-Eudes Gannat ou Julien Rochedy. Le premier est le chef de l’organisation identitaire angevine l’Alvarium, dissoute en novembre 2021. Le second est l’ex-porte-parole du FNJ, boss d'une école masculiniste et figure de la fachosphère. Sur une photo, on retrouve Loïk Le Priol avec Julien Rochedy. Les deux gaillards sont accompagnés de Jean-Romée Charbonneau (1), le candidat du Rassemblement national à Niort aux élections municipales 2020, et figure tutélaire du RN dans les Deux-Sèvres.

    Loïk Le Priol a, semble-t-il, également fricoté avec le rappeur Goldofaf. En 2016, selon une source dans la mouvance, il posait dans le clip du chanteur d’extrême droite, filmé dans le local de Serge Ayoub. C’est lui qui serait caché d’un masque bleu et d’un casque tricolore… aux côtés d’Esteban Morillo, le skinhead responsable de la mort de Clément Méric et son ami Alexandre Eyraud, également mis en examen dans cette affaire.

    Tentative d’entrepreneuriat

    Ses connexions à l’extrême droite n’ont pas suffi pour faire survivre sa petite marque car Babtou solide est radiée du registre national du commerce et des sociétés depuis juin 2017. À la même période, Loïk Le Priol s’est aussi lancé comme revendeur indépendant pour l’entreprise Kyani, une société de ventes multi-niveaux spécialisée dans les produits de bien-être et de la santé. Une nouvelle orientation dont il se vante à grands renforts de posts sur Facebook, souvent accompagné de l’un de ses amis, qui se présente – lui aussi – comme un ancien des commandos marine.

    Mais depuis, il semble surtout avoir rejoint l’entreprise familiale de location… de jeeps. Cela expliquerait-il l’origine du véhicule avec lequel il a pris la fuite ? En décembre 2021, il posait avec « toute l’équipe » de la société pour souhaiter au public une excellente année 2022."



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