Les derniers mois ont été marqués par une flambée des prix de l’immobilier, au Canada comme ailleurs. Mais ce marché s’emballe désormais aussi… dans le monde virtuel. Dans le métavers, acheter une parcelle de terrain peut s’avérer onéreux. Mais pourquoi certains s’arrachent-ils des propriétés dans lesquelles ils ne peuvent pas vraiment habiter ? Incursion au sein de cette embellie immobilière numérique.
Pas moins de 450 000 dollars américains. C’est la somme déboursée par un collectionneur de NFT, en décembre dernier, pour devenir le voisin virtuel du rappeur Snoop Dogg dans le « Snoopverse » — un monde que l’artiste est en train de développer dans The Sandbox. Attirés par le potentiel du métavers, de plus en plus d’utilisateurs rejoignent des mondes numériques, comme The Sandbox, Decentraland, ou encore CryptoVoxel, et s’y établissent.
Perçu comme l’avenir d’Internet, le métavers — contraction des mots méta (du grec : au-delà) et univers — désigne un monde virtuel, accessible notamment grâce à la réalité virtuelle et dans lequel il est possible de réaliser toutes sortes d’actions : se rencontrer entre amis, assister à un concert, visiter un musée ou encore participer à une conférence.
Sur bien des aspects, ces plateformes ressemblent à des jeux vidéo. On y contrôle un avatar et on y navigue dans un environnement virtuel. Sauf que, contrairement à des jeux, ces univers n’ont ni fin ni pause. Ils sont accessibles en temps réel et continuent d’évoluer même lorsqu’on n’est pas en ligne. Ils possèdent aussi leur propre économie, où s’échangent cryptomonnaies et NFT (non-fungible tokens, certificats d’authenticité numérique pour des objets numériques). Et comme dans le monde réel, le marché immobilier y est aussi très prisé.
« L’idée de dépenser des milliers, voire des millions de dollars pour acheter des terrains dans un monde virtuel semble, pour être franc, absurde », reconnaît Theo Tzanidis, maître de conférences en marketing numérique à l’Université de l’Écosse de l’Ouest, en entrevue avec Le Devoir. Or, celui qui s’intéresse à ce domaine et qui investit lui-même dans l’immobilier virtuel affirme qu’il s’agit d’un investissement qui peut s’avérer lucratif.
« Pour que l’immobilier numérique ait de la valeur, l’offre doit être limitée. C’est le principe de la rareté. Par exemple, Decentraland est composé de 90 000 parcelles de terrain, chacune d’environ 50 pieds sur 50 pieds », explique M. Tzanidis. « Ces actifs peuvent s’apprécier énormément. Mais il ne faut pas perdre de vue que cela reste un investissement très spéculatif », souligne-t-il.
Andrew Kiguel, p.-d.g. de la société d’investissement en cryptoactifs Tokens.com basée à Toronto, a par exemple vu la valeur de son portefeuille multipliée par 10, déclarait-il dans une entrevue accordée à USA Today. « Tout dépend de l’emplacement », expliquait-il au média américain. « Plus il y a de visiteurs, plus le terrain est précieux et plus un détaillant et des annonceurs seront prêts à dépenser pour avoir accès à ces personnes. »
L’engouement de la part de certains investisseurs atteint parfois des montants vertigineux. La compagnie de M. Kiguel, Tokens.com, a par exemple investi 2,5 millions de dollars américains pour un terrain dans Decentraland. Dans The Sandbox, un centre commercial a quant à lui été vendu plus de 4,3 millions de dollars américains au fonds d’investissement immobilier numérique Republic Realm, dirigé par Janine Yorio.
Certains acquièrent leurs parcelles de terrain virtuelles simplement dans l’espoir que le prix de celles-ci s’apprécie. D’autres en tirent profit, en les louant, en y ouvrant un musée, un casino, ou en y installant un emplacement publicitaire par exemple. De plus en plus de détaillants réfléchissent d’ailleurs à la façon de tirer leur épingle du jeu dans ce nouveau contexte. Le géant du commerce de détail Walmart préparerait lui-même son entrée dans le métavers, selon un reportage de CNBC — tout comme l’entreprise Nike.
« Imaginez les possibilités pour une compagnie comme Nike. Au lieu d’avoir un magasin dans chaque grande artère commerciale américaine, Nike pourrait construire une expérience virtuelle à couper le souffle dans le métavers qui lui permettrait de vendre, littéralement, à n’importe qui, n’importe où et n’importe quand », expliquait la compagnie Republic Realm dans un récent rapport.
« L’effet Meta »
En octobre dernier, le métavers a été mis à l’avant-plan avec l’annonce de Facebook du changement de nom de sa maison mère pour Meta — qui démontre la ferme intention de la compagnie de faire du métavers sa priorité stratégique.
Non seulement l’annonce a fait augmenter le nombre de ventes de terrains dans les univers numériques, mais « l’effet Meta » a aussi tiré leurs prix à la hausse. Entre l’annonce de Meta en octobre dernier et le début du mois de janvier, le prix moyen d’une parcelle dans The Sandbox est passé de près de 2700 dollars américains à environ 12 100 dollars actuellement (+350 %), selon les données de Meta Metriks diffusées dans le rapport de Republic Realm. Pour la même période, le prix moyen d’un terrain dans Decentraland est quant à lui passé de près de 10 700 dollars à environ 13 600 dollars (+25 %).
« Si certains trouvent cela complètement absurde, il faut toutefois se rappeler que des gens doutaient autrefois du potentiel d’Internet », souligne Theo Tzanidis. « Maintenant, on ne peut plus se passer des réseaux sociaux, et toutes les entreprises ont leur site Web, par exemple. Je crois que ce sera pareil avec le métavers. Ce n’est pas un monde qui va remplacer celui dans lequel nous vivons, mais il y sera complémentaire », estime-t-il.
Le Devoir
24 janvier 2022
Pas moins de 450 000 dollars américains. C’est la somme déboursée par un collectionneur de NFT, en décembre dernier, pour devenir le voisin virtuel du rappeur Snoop Dogg dans le « Snoopverse » — un monde que l’artiste est en train de développer dans The Sandbox. Attirés par le potentiel du métavers, de plus en plus d’utilisateurs rejoignent des mondes numériques, comme The Sandbox, Decentraland, ou encore CryptoVoxel, et s’y établissent.
Perçu comme l’avenir d’Internet, le métavers — contraction des mots méta (du grec : au-delà) et univers — désigne un monde virtuel, accessible notamment grâce à la réalité virtuelle et dans lequel il est possible de réaliser toutes sortes d’actions : se rencontrer entre amis, assister à un concert, visiter un musée ou encore participer à une conférence.
Sur bien des aspects, ces plateformes ressemblent à des jeux vidéo. On y contrôle un avatar et on y navigue dans un environnement virtuel. Sauf que, contrairement à des jeux, ces univers n’ont ni fin ni pause. Ils sont accessibles en temps réel et continuent d’évoluer même lorsqu’on n’est pas en ligne. Ils possèdent aussi leur propre économie, où s’échangent cryptomonnaies et NFT (non-fungible tokens, certificats d’authenticité numérique pour des objets numériques). Et comme dans le monde réel, le marché immobilier y est aussi très prisé.
« L’idée de dépenser des milliers, voire des millions de dollars pour acheter des terrains dans un monde virtuel semble, pour être franc, absurde », reconnaît Theo Tzanidis, maître de conférences en marketing numérique à l’Université de l’Écosse de l’Ouest, en entrevue avec Le Devoir. Or, celui qui s’intéresse à ce domaine et qui investit lui-même dans l’immobilier virtuel affirme qu’il s’agit d’un investissement qui peut s’avérer lucratif.
« Pour que l’immobilier numérique ait de la valeur, l’offre doit être limitée. C’est le principe de la rareté. Par exemple, Decentraland est composé de 90 000 parcelles de terrain, chacune d’environ 50 pieds sur 50 pieds », explique M. Tzanidis. « Ces actifs peuvent s’apprécier énormément. Mais il ne faut pas perdre de vue que cela reste un investissement très spéculatif », souligne-t-il.
Andrew Kiguel, p.-d.g. de la société d’investissement en cryptoactifs Tokens.com basée à Toronto, a par exemple vu la valeur de son portefeuille multipliée par 10, déclarait-il dans une entrevue accordée à USA Today. « Tout dépend de l’emplacement », expliquait-il au média américain. « Plus il y a de visiteurs, plus le terrain est précieux et plus un détaillant et des annonceurs seront prêts à dépenser pour avoir accès à ces personnes. »
L’engouement de la part de certains investisseurs atteint parfois des montants vertigineux. La compagnie de M. Kiguel, Tokens.com, a par exemple investi 2,5 millions de dollars américains pour un terrain dans Decentraland. Dans The Sandbox, un centre commercial a quant à lui été vendu plus de 4,3 millions de dollars américains au fonds d’investissement immobilier numérique Republic Realm, dirigé par Janine Yorio.
Certains acquièrent leurs parcelles de terrain virtuelles simplement dans l’espoir que le prix de celles-ci s’apprécie. D’autres en tirent profit, en les louant, en y ouvrant un musée, un casino, ou en y installant un emplacement publicitaire par exemple. De plus en plus de détaillants réfléchissent d’ailleurs à la façon de tirer leur épingle du jeu dans ce nouveau contexte. Le géant du commerce de détail Walmart préparerait lui-même son entrée dans le métavers, selon un reportage de CNBC — tout comme l’entreprise Nike.
« Imaginez les possibilités pour une compagnie comme Nike. Au lieu d’avoir un magasin dans chaque grande artère commerciale américaine, Nike pourrait construire une expérience virtuelle à couper le souffle dans le métavers qui lui permettrait de vendre, littéralement, à n’importe qui, n’importe où et n’importe quand », expliquait la compagnie Republic Realm dans un récent rapport.
Imaginez les possibilités pour une compagnie comme Nike. Au lieu d’avoir un magasin dans chaque grande artère commerciale américaine, Nike pourrait construire une expérience virtuelle à couper le souffle dans le métavers qui lui permettrait de vendre, littéralement, à n’importe qui, n’importe où et n’importe quand.
— Republic Realm
— Republic Realm
En octobre dernier, le métavers a été mis à l’avant-plan avec l’annonce de Facebook du changement de nom de sa maison mère pour Meta — qui démontre la ferme intention de la compagnie de faire du métavers sa priorité stratégique.
Non seulement l’annonce a fait augmenter le nombre de ventes de terrains dans les univers numériques, mais « l’effet Meta » a aussi tiré leurs prix à la hausse. Entre l’annonce de Meta en octobre dernier et le début du mois de janvier, le prix moyen d’une parcelle dans The Sandbox est passé de près de 2700 dollars américains à environ 12 100 dollars actuellement (+350 %), selon les données de Meta Metriks diffusées dans le rapport de Republic Realm. Pour la même période, le prix moyen d’un terrain dans Decentraland est quant à lui passé de près de 10 700 dollars à environ 13 600 dollars (+25 %).
« Si certains trouvent cela complètement absurde, il faut toutefois se rappeler que des gens doutaient autrefois du potentiel d’Internet », souligne Theo Tzanidis. « Maintenant, on ne peut plus se passer des réseaux sociaux, et toutes les entreprises ont leur site Web, par exemple. Je crois que ce sera pareil avec le métavers. Ce n’est pas un monde qui va remplacer celui dans lequel nous vivons, mais il y sera complémentaire », estime-t-il.
12 100 $
C’est, en dollars américains, le prix moyen actuel d’une parcelle dans The Sandbox. Ce prix était de 2700 $US en octobre, selon les données de Meta Metriks diffusées dans le rapport de Republic Realm.
C’est, en dollars américains, le prix moyen actuel d’une parcelle dans The Sandbox. Ce prix était de 2700 $US en octobre, selon les données de Meta Metriks diffusées dans le rapport de Republic Realm.
24 janvier 2022
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