S’il y a un pays où l’on ne plaisante pas avec les vacances, c’est bien la France, estime ce journaliste britannique. D’ailleurs, si vous voulez donner l’impression d’être un touriste aussi accompli que le Français, voici quelques pistes.
Aucun pays n’attire autant de touristes étrangers que la France, soit près de 90 millions de visiteurs chaque année, devant l’Espagne et les États-Unis. Mais ce que l’on ne sait pas forcément, c’est que la France est aussi championne européenne du tourisme national : parmi les Français qui peuvent partir en vacances, environ 80 % voyagent dans leur pays. Ce n’est pas surprenant, après tout : pourquoi partir à l’étranger quand, de l’avis général, votre pays d’origine est une superbe destination ?
Les vacances à la française ne sont pas prises à la légère. Depuis que le Front populaire a mis en place les congés payés en 1936, les Français considèrent leurs vacances comme un droit politique, un droit auquel il faut faire honneur.
Compte tenu de la variété et de la beauté des paysages sur leur territoire, les Français s’en tiennent souvent à des plaisirs simples. Ils ont des sites touristiques géniaux – le Puy du Fou, Disneyland Paris, le Louvre, la tour Eiffel, David Guetta –, mais ils ne les fréquentent pas autant qu’on pourrait l’imaginer dans d’autres pays. Les balades à pied ou à vélo, les randonnées et le bord de mer sont privilégiés l’été ainsi que la gastronomie. L’apéro est un rite sacré.
Et pour les Français, tout cela est un droit élémentaire. Ils ne perdent pas de temps à culpabiliser ou à s’inquiéter d’éventuelles erreurs. Au contraire, ils donnent généralement l’impression de noter les activités de vacances sur une échelle de 1 à 10. Nous autres, les Britanniques, qui parcourons le monde en nous excusant, aurions d’ailleurs tout intérêt à nous inspirer de la sérénité française en la matière.
Voici donc la marche à suivre :
La plage
À entendre les Français, on croirait qu’ils passent tous leur temps libre à explorer des sites préhistoriques, à mieux connaître l’architecture romane ou à randonner dans les Pyrénées. C’est ce que font certains, mais beaucoup s’alignent sur les plages de la Côte d’Azur à la Bretagne, en passant par la côte Atlantique.
Et ils n’y vont pas de main morte. En voyant un Français débarquer sur le sable avec sa famille, on croit assister à un véritable déménagement. Il est généralement équipé d’une bouée dauphin, d’une bouée flamant rose, de deux glacières, de masques et de tubas, d’innombrables filets, de bouteilles, de battes et de raquettes, de deux parasols, d’un sac débordant de serviettes, de crèmes et de magazines people, sans oublier les chapeaux, les ballons et les palmes pour tout le monde. Le minimalisme n’a pas sa place dans la conception française de la plage.
Le camping
La France est depuis longtemps un haut lieu du camping, avec plus de 8 000 sites. Il y en a 54 rien qu’à Argelès-sur-Mer, près de Perpignan, ce qui justifie probablement son titre autoproclamé de capitale européenne du camping. Ce mode de logement fait partie intégrante de la vie française depuis l’avènement des congés payés.
Quoiqu’ils conservent leur ambiance conviviale, les campings ont gagné en confort depuis l’époque sordide de la gadoue omniprésente et des blocs sanitaires immondes. De nos jours, on trouve plus souvent des bungalows que des tentes, de la verdure et des parcs aquatiques inspirés de Las Vegas. Le camping convient aujourd’hui aux gens civilisés.
La culture
À l’ouverture de Disneyland Paris, en 1992, les habituels alarmistes annonçaient la mort de la culture française, qui a survécu sans mal à l’arrivée d’une souris animée. Le parc est la première destination touristique de France – soit 15 millions de visiteurs par an en temps normal –, mais le Louvre (8 millions) et Versailles (7,3 millions) ne sont pas en perte de vitesse, au contraire, montrant que Disneyland est venu enrichir et non saper l’offre culturelle. Autrement dit, nul besoin de choisir entre Leonardo et Mickey.
Anthony Peregrine
The Daily Telegraph - Londres
Aucun pays n’attire autant de touristes étrangers que la France, soit près de 90 millions de visiteurs chaque année, devant l’Espagne et les États-Unis. Mais ce que l’on ne sait pas forcément, c’est que la France est aussi championne européenne du tourisme national : parmi les Français qui peuvent partir en vacances, environ 80 % voyagent dans leur pays. Ce n’est pas surprenant, après tout : pourquoi partir à l’étranger quand, de l’avis général, votre pays d’origine est une superbe destination ?
Les vacances à la française ne sont pas prises à la légère. Depuis que le Front populaire a mis en place les congés payés en 1936, les Français considèrent leurs vacances comme un droit politique, un droit auquel il faut faire honneur.
Compte tenu de la variété et de la beauté des paysages sur leur territoire, les Français s’en tiennent souvent à des plaisirs simples. Ils ont des sites touristiques géniaux – le Puy du Fou, Disneyland Paris, le Louvre, la tour Eiffel, David Guetta –, mais ils ne les fréquentent pas autant qu’on pourrait l’imaginer dans d’autres pays. Les balades à pied ou à vélo, les randonnées et le bord de mer sont privilégiés l’été ainsi que la gastronomie. L’apéro est un rite sacré.
Et pour les Français, tout cela est un droit élémentaire. Ils ne perdent pas de temps à culpabiliser ou à s’inquiéter d’éventuelles erreurs. Au contraire, ils donnent généralement l’impression de noter les activités de vacances sur une échelle de 1 à 10. Nous autres, les Britanniques, qui parcourons le monde en nous excusant, aurions d’ailleurs tout intérêt à nous inspirer de la sérénité française en la matière.
Voici donc la marche à suivre :
La plage
À entendre les Français, on croirait qu’ils passent tous leur temps libre à explorer des sites préhistoriques, à mieux connaître l’architecture romane ou à randonner dans les Pyrénées. C’est ce que font certains, mais beaucoup s’alignent sur les plages de la Côte d’Azur à la Bretagne, en passant par la côte Atlantique.
Et ils n’y vont pas de main morte. En voyant un Français débarquer sur le sable avec sa famille, on croit assister à un véritable déménagement. Il est généralement équipé d’une bouée dauphin, d’une bouée flamant rose, de deux glacières, de masques et de tubas, d’innombrables filets, de bouteilles, de battes et de raquettes, de deux parasols, d’un sac débordant de serviettes, de crèmes et de magazines people, sans oublier les chapeaux, les ballons et les palmes pour tout le monde. Le minimalisme n’a pas sa place dans la conception française de la plage.
Le camping
La France est depuis longtemps un haut lieu du camping, avec plus de 8 000 sites. Il y en a 54 rien qu’à Argelès-sur-Mer, près de Perpignan, ce qui justifie probablement son titre autoproclamé de capitale européenne du camping. Ce mode de logement fait partie intégrante de la vie française depuis l’avènement des congés payés.
Quoiqu’ils conservent leur ambiance conviviale, les campings ont gagné en confort depuis l’époque sordide de la gadoue omniprésente et des blocs sanitaires immondes. De nos jours, on trouve plus souvent des bungalows que des tentes, de la verdure et des parcs aquatiques inspirés de Las Vegas. Le camping convient aujourd’hui aux gens civilisés.
La culture
À l’ouverture de Disneyland Paris, en 1992, les habituels alarmistes annonçaient la mort de la culture française, qui a survécu sans mal à l’arrivée d’une souris animée. Le parc est la première destination touristique de France – soit 15 millions de visiteurs par an en temps normal –, mais le Louvre (8 millions) et Versailles (7,3 millions) ne sont pas en perte de vitesse, au contraire, montrant que Disneyland est venu enrichir et non saper l’offre culturelle. Autrement dit, nul besoin de choisir entre Leonardo et Mickey.
Anthony Peregrine
The Daily Telegraph - Londres
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