La sécurité devient-elle le sujet de préoccupation majeur des Français ? La société se droitise-t-elle ? Autant de questions abordées dans « Le Point des idées » par Jerome Fourquet.
Voyons-nous poindre le thème central de l'élection présidentielle de 2022 ? « La question de l'insécurité n'est pas nouvelle, en 2002 elle a déjà joué », rappelle Jérôme Fourquet, directeur du département opinion à l'Ifop et contributeur régulier du Point, dans l'émission Le Point des idées. Alors que les policiers se sont réunis cette semaine pour manifester devant l'Assemblée nationale, après le meurtre du brigadier Éric Masson à Avignon le 5 mai, l'auteur de L'Archipel français (éd. du Seuil) dresse le constat de la montée du sujet de la sécurité au cœur des premières préoccupations des Français.
« La sécurité, c'est d'abord un sentiment. […] Le fait d'avoir peur est une réalité en soi. Est-ce qu'on a raison d'avoir peur ? Ça, c'est une autre question », nuance l'invité du jour en préambule. Toutefois, alors que « les atteintes aux forces de l'ordre ont doublé en 20 ans », des « verrous moraux » ont selon lui sauté dans l'opinion publique. Et ce, à cause de trois facteurs. D'abord, indique-t-il, « en raison des attaques, parfois mortelles, dont sont victimes les forces de l'ordre ». Selon lui, face à ces événements, nos concitoyens se disent que « si même ceux qui sont chargés de nous protéger sont à leur tour dans l'œil du cyclone, c'est que le pays va vraiment très mal et que nous avons du souci à nous faire pour notre propre sécurité »
« Des territoires entiers échappent à la République »
Deuxième facteur de cette prise de conscience : les récurrentes violences urbaines. Ceux qui défendent la thèse du « rien de nouveau sous le soleil » en la matière, en évoquant par exemple les affrontements dans le quartier des Minguettes au début des années 1980, sont selon lui dans l'erreur. « À l'époque, c'est une ou deux nuits d'émeutes dans un quartier, […] là ce sont des nuits d'émeutes, chaque soir quelque part en France », explique-t-il. « Tout cela ancre le sentiment que des territoires entiers échappent à la République. » Enfin, la troisième série de facteurs qui déstabilisent beaucoup les citoyens selon Jérôme Fourquet : les violences entre adolescents, aux issues, là aussi, parfois tragiques
Les « verrous moraux » déverrouillés, la France est-elle amenée à se droitiser, si ce n'est déjà fait ? « Ces formes d'insécurité ont été suffisamment puissantes pour franchir le mur du son qui avait été installé pendant la période du Covid. Les seuls événements qui arrivaient un petit peu à faire du bruit étaient ces événements-là », note Jérôme Fourquet. Selon lui, le climat de violence et la montée de la « délinquance organisée dans certains territoires » nourrissent une demande de fermeté, notamment en matière judiciaire. Une poussée dans l'opinion favorable aux courants qui se situent à la droite de l'échiquier politique. De quoi nourrir la droitisation de la société française, « qui est un fait », selon directeur de l'opinion à l'Ifop, du moins sur le segment de la sécurité.
Le Point
Voyons-nous poindre le thème central de l'élection présidentielle de 2022 ? « La question de l'insécurité n'est pas nouvelle, en 2002 elle a déjà joué », rappelle Jérôme Fourquet, directeur du département opinion à l'Ifop et contributeur régulier du Point, dans l'émission Le Point des idées. Alors que les policiers se sont réunis cette semaine pour manifester devant l'Assemblée nationale, après le meurtre du brigadier Éric Masson à Avignon le 5 mai, l'auteur de L'Archipel français (éd. du Seuil) dresse le constat de la montée du sujet de la sécurité au cœur des premières préoccupations des Français.
« La sécurité, c'est d'abord un sentiment. […] Le fait d'avoir peur est une réalité en soi. Est-ce qu'on a raison d'avoir peur ? Ça, c'est une autre question », nuance l'invité du jour en préambule. Toutefois, alors que « les atteintes aux forces de l'ordre ont doublé en 20 ans », des « verrous moraux » ont selon lui sauté dans l'opinion publique. Et ce, à cause de trois facteurs. D'abord, indique-t-il, « en raison des attaques, parfois mortelles, dont sont victimes les forces de l'ordre ». Selon lui, face à ces événements, nos concitoyens se disent que « si même ceux qui sont chargés de nous protéger sont à leur tour dans l'œil du cyclone, c'est que le pays va vraiment très mal et que nous avons du souci à nous faire pour notre propre sécurité »
« Des territoires entiers échappent à la République »
Deuxième facteur de cette prise de conscience : les récurrentes violences urbaines. Ceux qui défendent la thèse du « rien de nouveau sous le soleil » en la matière, en évoquant par exemple les affrontements dans le quartier des Minguettes au début des années 1980, sont selon lui dans l'erreur. « À l'époque, c'est une ou deux nuits d'émeutes dans un quartier, […] là ce sont des nuits d'émeutes, chaque soir quelque part en France », explique-t-il. « Tout cela ancre le sentiment que des territoires entiers échappent à la République. » Enfin, la troisième série de facteurs qui déstabilisent beaucoup les citoyens selon Jérôme Fourquet : les violences entre adolescents, aux issues, là aussi, parfois tragiques
Les « verrous moraux » déverrouillés, la France est-elle amenée à se droitiser, si ce n'est déjà fait ? « Ces formes d'insécurité ont été suffisamment puissantes pour franchir le mur du son qui avait été installé pendant la période du Covid. Les seuls événements qui arrivaient un petit peu à faire du bruit étaient ces événements-là », note Jérôme Fourquet. Selon lui, le climat de violence et la montée de la « délinquance organisée dans certains territoires » nourrissent une demande de fermeté, notamment en matière judiciaire. Une poussée dans l'opinion favorable aux courants qui se situent à la droite de l'échiquier politique. De quoi nourrir la droitisation de la société française, « qui est un fait », selon directeur de l'opinion à l'Ifop, du moins sur le segment de la sécurité.
Le Point
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