un Samedi, m'étant levé trop top et après avoir passé la matinée à zapper et bailler, je décide subitement de me lancer dans l'une de ces petites aventures sans préparation
j'enfile donc un survêtement, plonge mes pieds dans des baskets et me précipite vers le dehors.
les oiseaux me souhaitaient bonjour, cachés dans les feuillages des rares arbustes à résister à cet hiver pourtant chaud, arrivé à l'intersection, je me décide finalement à prendre la gauche, vers la sortie de la cité, marre de la conduite et des bouchons, je choisi le mode de transport le plus bio de l'univers.
au programme, deux heures de marches selon google maps, destination, Rusguniae où plus communément appelée Tamenfoust, ville à la périphérie Est de la capitale, très mal connue pour ses ruines romaines et son fort, ca faisait des années que je voulais m'y rendre.
après plus de deux heures, je traverse un quartier de "villa" (les guillemets c'est pour dire que ce ne sont pas vraiment des villa, mais comme on a prit l'habitude d'utiliser ce terme pour désigner tout ce qui n'est pas un appartement ou un taudis, toutes les maisons sont devenues des villas), je traverse donc les rangées de maisons, dans le calme matinal et la fraîcheur à peine perceptible, lorsque je tombe sur un grillage sur ma gauche, le grillage recouvrait un espace vert au milieu d'une foret de maisons, il ressemblait à un central park miniature, et au milieu ... des ruines romains, le panneau disait qu'il s'agissait de Thermes, romaines, antiques, ici, des légionnaires romains se baladaient à poile avant de plonger dans l'eau et se détendre, il y a de cela plus de 2 000 ans, mon esprit s'est précipité vers ce passé lointain dont on ignore à peu près tout, comment vivaient nos ancêtres bérbérs, comment s'habillaient-t-ils, quelle langue ils utilisaient ... l'espace d'une seconde, j'ai cru voir un jeune garçon courir, cheveux au vent, sandales aux pieds, bras levés
mais je fus arraché de ma rêverie par le klaxon strident et désagréable d'une Harbine (sorte de camionnette miniature) qui s'émerveillait à sa manière devant une jeune demoiselle asphyxiée par son fuseau
je continue vers le fort romain, une demie heure après, j'étais dans la ville au bord de la mer, des acclamations retentirent à mon passage devant un groupe de jeune entrain de s'émerveiller devant des boules de pétanques, plus loin, au dessus de la rangée de construction entassé sur un horizon étroit, s'élevait la cime édentée du fameux port, je fini par l’atteindre, il était entouré d'un mur, paraissait ... vieux, fatigué, le portail entrouvert donnait sur un espace vert, mal entretenu, et l'entrée du port
à l'intérieur, l'endroit été complètement désert, mis à part le bonhomme affaissé sur une chaise en plastique, complètement concentré sur le téléphone qu'il tenait de ses deux mains, deux files blancs étaient suspendus à ses oreilles et la musique étouffée du tube rai de l'année "zidini 3och'9ane" faisait bouger ses jambes étendues, sur le point de rompre au niveau des genoux. Je me place devant lui, il fini par s’apercevoir de ma présence, enlève les Kit-manes (déformation algérienne du Kit mains-libres) et m'adresse un sourire généreux:
Slam alikoum, le fort est accessible en cette période de Covid?
oui oui, c'est ouvert mon frère
ah, très bien, j'ai fait un long déplacement jusqu'ici, ca aurait été dommage de trouver le musé fermé... bref, je peux avoir un ticket?
bien-sur, c'est 60 DA me dit t-il en se levant, il se dirige vers une sorte d'armoire dans laquelle étaient exposés quelques objets antiques, se baisse et tire paire faire apparaître un tiroir tout en bas, à l'intérieur au milieu de babioles et sachets en plastique, il prend une liasse de tickets avant de revenir vers moi, tranquillement, je sors de ma poche un billet de 1 000 DA qui le fait stopper net, il me lance "pas de monnaie ya la3ziz?" je répond que si j'avais de la monnaie, je n'aurai pas sorti le billet, tout gentiment.
je lui propose alors de patienter pendant que j'irai chercher la monnaie, et il me dit, "non non, vas-y, visite le musée après on verra", d'accord que je répond, et au moment d'accéder à la partie "exposition" il m'interpelle "en fait, c'est assez stricte à notre niveau, il y a des contrôleurs qui peuvent venir à tout moment", ah bon, c'est étonnant ca, je trouvais que ce qu'il me disait là suggérait ce que mes yeux et les lieux démentaient, le fort était quasi abandonné, tout tombait en ruine, la moisissure rongeait les murs, et la poussière recouvrait tout ce qui était figé, indifférent. je lui répond, curieux face à ce problème insoupçonné dont j'appréhendais la solution "et on fait quoi alors?", il me répond "si jamais on vient te demander ton billet, tu répond que l'agent que je suis est membre de ta famille", "ah, heu ..., ok" et je m'enfonce vers le court couloir donnant sur la coure.
ainsi, les mesures de contrôle étant strictes, il est interdit de pénétrer le musé sans billet, mais, dans le cas où on y entre sans billet, on n'a qu'à prétendre connaitre l'amateur de raï chargé de la sécurité? je te jure FAiste, que mon cerveau surchauffait, les implications d'une telle contradiction ont immédiatement déclenché une série d'analyses et de déductions qui aboutissaient vers un brouillard, le vide, le néant, je ne savais pas quoi penser.
je termine ma visite, prends quelques photos, en me disant que les anciens occupant des ces lieux, n'auraient jamais pu imaginer une seule seconde, qu'un jour, du raï rythmerait la vie des restes de leur vie, je vis des bustes de personnalités romaines, recouverts de crasse sur les visages, des canons pointés vers d'autres canons, des mouettes qui se foutaient de moi, la vue magnifique sur le petit port de pèche.
plus tard, après environ un kilomètre en direction de Ain Taya, je suis tombé sur d'autres ruines, des citernes d'eau antiques qui alimentaient toute l'ancienne ville, je me rendis compte que la cité antique s'étendaient sur plusieurs Kilomètres carrés, et seuls ces trois ruines subsistaient de nos jours, bientôt, tout ce qui fut sera oublié, tout ce qui a existé aura complètement disparu.
amère devant ce constat implacable, devant cette fatalité universelle, je décide de repousser l'assaut de ma mélancolie chronique, de mon dégoût permanent, je suis sortie pour me changer les idées, respirer l'air frais, rêver ... en reprenant ma route, je jette un dernier coup d’œil sur les réservoirs d'eau millénaire, puis, captif de la curiosité, je m'approche pour essayer de voir leur fond, celui ci était rempli de déchets, bouteilles en plastiques, sachets, paquets et mégots de cigarettes, lambeaux de tissus, substance douteuse, le tout flottant sur du liquide couleur vomi.
Maintenant, je connais l'excuse que je fournirai à moi même quand l'envie de me lancer dans des virés d'exploration me reprendra
j'enfile donc un survêtement, plonge mes pieds dans des baskets et me précipite vers le dehors.
les oiseaux me souhaitaient bonjour, cachés dans les feuillages des rares arbustes à résister à cet hiver pourtant chaud, arrivé à l'intersection, je me décide finalement à prendre la gauche, vers la sortie de la cité, marre de la conduite et des bouchons, je choisi le mode de transport le plus bio de l'univers.
au programme, deux heures de marches selon google maps, destination, Rusguniae où plus communément appelée Tamenfoust, ville à la périphérie Est de la capitale, très mal connue pour ses ruines romaines et son fort, ca faisait des années que je voulais m'y rendre.
après plus de deux heures, je traverse un quartier de "villa" (les guillemets c'est pour dire que ce ne sont pas vraiment des villa, mais comme on a prit l'habitude d'utiliser ce terme pour désigner tout ce qui n'est pas un appartement ou un taudis, toutes les maisons sont devenues des villas), je traverse donc les rangées de maisons, dans le calme matinal et la fraîcheur à peine perceptible, lorsque je tombe sur un grillage sur ma gauche, le grillage recouvrait un espace vert au milieu d'une foret de maisons, il ressemblait à un central park miniature, et au milieu ... des ruines romains, le panneau disait qu'il s'agissait de Thermes, romaines, antiques, ici, des légionnaires romains se baladaient à poile avant de plonger dans l'eau et se détendre, il y a de cela plus de 2 000 ans, mon esprit s'est précipité vers ce passé lointain dont on ignore à peu près tout, comment vivaient nos ancêtres bérbérs, comment s'habillaient-t-ils, quelle langue ils utilisaient ... l'espace d'une seconde, j'ai cru voir un jeune garçon courir, cheveux au vent, sandales aux pieds, bras levés
mais je fus arraché de ma rêverie par le klaxon strident et désagréable d'une Harbine (sorte de camionnette miniature) qui s'émerveillait à sa manière devant une jeune demoiselle asphyxiée par son fuseau
je continue vers le fort romain, une demie heure après, j'étais dans la ville au bord de la mer, des acclamations retentirent à mon passage devant un groupe de jeune entrain de s'émerveiller devant des boules de pétanques, plus loin, au dessus de la rangée de construction entassé sur un horizon étroit, s'élevait la cime édentée du fameux port, je fini par l’atteindre, il était entouré d'un mur, paraissait ... vieux, fatigué, le portail entrouvert donnait sur un espace vert, mal entretenu, et l'entrée du port
à l'intérieur, l'endroit été complètement désert, mis à part le bonhomme affaissé sur une chaise en plastique, complètement concentré sur le téléphone qu'il tenait de ses deux mains, deux files blancs étaient suspendus à ses oreilles et la musique étouffée du tube rai de l'année "zidini 3och'9ane" faisait bouger ses jambes étendues, sur le point de rompre au niveau des genoux. Je me place devant lui, il fini par s’apercevoir de ma présence, enlève les Kit-manes (déformation algérienne du Kit mains-libres) et m'adresse un sourire généreux:
Slam alikoum, le fort est accessible en cette période de Covid?
oui oui, c'est ouvert mon frère
ah, très bien, j'ai fait un long déplacement jusqu'ici, ca aurait été dommage de trouver le musé fermé... bref, je peux avoir un ticket?
bien-sur, c'est 60 DA me dit t-il en se levant, il se dirige vers une sorte d'armoire dans laquelle étaient exposés quelques objets antiques, se baisse et tire paire faire apparaître un tiroir tout en bas, à l'intérieur au milieu de babioles et sachets en plastique, il prend une liasse de tickets avant de revenir vers moi, tranquillement, je sors de ma poche un billet de 1 000 DA qui le fait stopper net, il me lance "pas de monnaie ya la3ziz?" je répond que si j'avais de la monnaie, je n'aurai pas sorti le billet, tout gentiment.
je lui propose alors de patienter pendant que j'irai chercher la monnaie, et il me dit, "non non, vas-y, visite le musée après on verra", d'accord que je répond, et au moment d'accéder à la partie "exposition" il m'interpelle "en fait, c'est assez stricte à notre niveau, il y a des contrôleurs qui peuvent venir à tout moment", ah bon, c'est étonnant ca, je trouvais que ce qu'il me disait là suggérait ce que mes yeux et les lieux démentaient, le fort était quasi abandonné, tout tombait en ruine, la moisissure rongeait les murs, et la poussière recouvrait tout ce qui était figé, indifférent. je lui répond, curieux face à ce problème insoupçonné dont j'appréhendais la solution "et on fait quoi alors?", il me répond "si jamais on vient te demander ton billet, tu répond que l'agent que je suis est membre de ta famille", "ah, heu ..., ok" et je m'enfonce vers le court couloir donnant sur la coure.
ainsi, les mesures de contrôle étant strictes, il est interdit de pénétrer le musé sans billet, mais, dans le cas où on y entre sans billet, on n'a qu'à prétendre connaitre l'amateur de raï chargé de la sécurité? je te jure FAiste, que mon cerveau surchauffait, les implications d'une telle contradiction ont immédiatement déclenché une série d'analyses et de déductions qui aboutissaient vers un brouillard, le vide, le néant, je ne savais pas quoi penser.
je termine ma visite, prends quelques photos, en me disant que les anciens occupant des ces lieux, n'auraient jamais pu imaginer une seule seconde, qu'un jour, du raï rythmerait la vie des restes de leur vie, je vis des bustes de personnalités romaines, recouverts de crasse sur les visages, des canons pointés vers d'autres canons, des mouettes qui se foutaient de moi, la vue magnifique sur le petit port de pèche.
plus tard, après environ un kilomètre en direction de Ain Taya, je suis tombé sur d'autres ruines, des citernes d'eau antiques qui alimentaient toute l'ancienne ville, je me rendis compte que la cité antique s'étendaient sur plusieurs Kilomètres carrés, et seuls ces trois ruines subsistaient de nos jours, bientôt, tout ce qui fut sera oublié, tout ce qui a existé aura complètement disparu.
amère devant ce constat implacable, devant cette fatalité universelle, je décide de repousser l'assaut de ma mélancolie chronique, de mon dégoût permanent, je suis sortie pour me changer les idées, respirer l'air frais, rêver ... en reprenant ma route, je jette un dernier coup d’œil sur les réservoirs d'eau millénaire, puis, captif de la curiosité, je m'approche pour essayer de voir leur fond, celui ci était rempli de déchets, bouteilles en plastiques, sachets, paquets et mégots de cigarettes, lambeaux de tissus, substance douteuse, le tout flottant sur du liquide couleur vomi.
Maintenant, je connais l'excuse que je fournirai à moi même quand l'envie de me lancer dans des virés d'exploration me reprendra
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