Entre Cecilia et Nicolas, ce n’est pas encore fini, ça ne fait que commencer !!! C'est la guerre
En pleine romance avec Carla Bruni, voici le chef de l‘Etat rattrapé par les révélations de l’ex-First Lady.
Claude Askolovitch a lu, pour Le Nouvel Observateur, trois livres-événements consacrés à Cécilia.
Quelques nouvelles de la République. “Nicolas est un sauteur”.
Bien. Quoi d’autre? “Nicolas est pingre.”
Mais encore? “Un homme qui n’aime personne, même pas ses enfants.”
Et puis? “Il a un côté ridicule. Il n’est pas digne. Nicolas, il ne fait pas Président de la République, il a un réel problème de comportement.”
Résumons donc. La France est présidée par un sauteur doublé d’un radin, un agité incapable d’amour et dépourvu de dignité... Ainsi parle Cécilia de Nicolas Sarkozy, dans des confidences recueillies au fil de l’amertume par la journaliste Anna Bitton, et offertes à l’édification du peuple dans un livre-portrait, “Cécilia”.
Conçu comme un ouvrage amical -que l’auteur a même dédié à son héroïne- il se révèle, à la lecture, d’une cruauté implacable. Pour Sarkozy, évidemment. Mais également pour Cécilia, froide impératrice devenue pitoyable imprécatrice: incroyablement fleur bleue, déconcertante de naïveté, pauvre petite fille riche addicte au shopping, s’amusant à emprunter les couloirs de bus pour constater la surprise des flics, gémissant sur sa pension insuffisante avec l’inconscience des bien-nantis: “Même en renégociant la pension alimentaire, j’obtiendrai quoi? Mille ou deux mille euros de plus? Ce n’est pas avec cela que je vais pouvoir vivre? Nicolas ne va pas laisser son fils sous les ponts quand même!”
Un mélange de clichés et de lucidité venimeuse
Entre deux plaintes, Cécilia décrit ce que fut sa vie dans un mélange de clichés et de lucidité venimeuse. La politique: “Un décor de western derrière lequel il n’y a rien.” L’entourage de Sarkozy: “Une bande malfaisante”, “de jeunes mecs qui se sont retrouvés gonflés de pouvoir et qui se sont pris pour les princes de Paris”. Les grandes amies, Mathilde Agostinelli de Prada et Agnès Cromback de Tiffany -fringues et diamants- compagnes des jours heureux, qui ont coupé les ponts avec la reine après le divorce: “Des pétasses fardées et intéressées.” Et les jolies ministres dont Sarkozy vante la beauté -comme il vantait la sienne, avant: “Des tapisseries. Maintenant qu’il n’a plus de first lady, il faut qu’il sorte avec de jolies filles à son bras, habillées en Dior.”
Il faut toujours se méfier des ex. Les potes de Sarkozy vont avoir confirmation de leurs craintes. “Elle est déséquilibrée”, disait Brice Hortefeux, incarnation du rude bon sens des rudes politiques pour qui Cécilia était une bombe à retardement. L’explosion est arrivée. Sarkozy s’adresse au pays dans une conférence de presse pugnace, veut supprimer les 35 heures et imposer les quotas d’immigration, il revit au bras de Carla Bruni, tenant en haleine la Cour saoudienne et le protocole indien... Mais Cécilia est revenue, entre volonté de revanche et effet de système médiatique.
Trois livres
Trois livres sortent simultanément. Celui d’Anna Bittton est troublant comme un miroir: la journaliste connaît Cécilia Sarkozy depuis des années, au point d’en être devenue une confidente. Elle lui rend justice en la trahissant -ou la venge en lui donnant la parole.
Confident également, mais de plus fraiche date, le journaliste et éditeur Yves Derai, qui avait rencontré l’alors présidente par l’intermédiaire de sa “soeur”, Rachida Dati... Derai raconte avec Michael Darmon les “Ruptures” (2) du début du quinquennat, dont Cécilia est l’héroïne.
Deux autres journalistes, Denis Demonpion et Laurent Léger, publient enfin une biographie de l’ex-première dame, (3) passant au crible son mysticisme d’ex-tourneuse de table reconvertie dans l’adoration de la Vierge et des paillettes, belle ambitieuse de la bourgeoisie, nourrie depuis l’adolescence des préceptes d’un gourou yankee, adepte du “pouvoir de la volonté”....
On peut sourire: tant de mots, pour une ex? Pour Cécilia qui a refusé le pouvoir? Mais c’est précisément son mystère! Elle a rompu la première, avec l’homme choisi par les Français. Ce renoncement la rend crédible, ou du moins l’espère-t-elle. L’avalanche éditoriale pourrait être l’intronisation d’une Lady Di à la française. Celle qui a connu l’intérieur du pouvoir et revient pour détruire avec des mots. Le succès des livres étalonnera la capacité de nuisance de la dame. Peut-être, d’ailleurs, Sarkozy sortira-t-il indemme. Trop rapide, travaillant trop vite, ayant déjà reconstruit sa vie, ayant dépassé Cécilia? Mais au-delà de la vitesse, les mots de l’ex-Reine vont sédimenter, et participeront au portrait du sarkozysme: cette construction politique conçue comme un tourbillon de réformes pour “remettre le pays en mouvement”, mais qui le surexcite aussi, dans une débauche people de moins en moins contrôlable!
Troublant
Passons sur la description de Sarkozy, l’homme à femmes, prédateur politique dans la grande tradition du pouvoir viril... On est, ici, dans un registre amer et classique. Plus troublante est la description des enjeux de cette comédie. Vu au prisme de Cécilia, la politique devient un ballet tenant de la prestidigitation médiatique, du chantage conjugal, des intrigues de Cour. Le Roi offre des têtes à la reine, on s’épie entre favoris.
Derai et Darmon décrivent une scène hallucinante, en juillet 2006, qui voit Cécilia, à son retour au foyer et au ministère après sa première rupture, passer en revue les collaborateurs de son mari en notant leur fidélité: “Un par un les conseillers du ministre de l’Intérieur la saluent. Un par un, elle leur accorde une évaluation et un statut: “Pas confiance”, “pas sûr”. A ceux qu’elle a décidé de tester, elle dit : “je ne sais pas si je peux t’embrasser.” “
Dans un magasin de chaussures
Bitton, elle raconte le “cardinal” Guéant, guidant Cécilia dans son bureau, lui susurrant: “Vous savez, madame, les fleurs étaient changées chaque jour pendant votre absence.” Contingences dans le destin des grands hommes. Plus tard, dans la campagne présidentielle, Henri Guaino, la plume de Sarkozy, son ancrage républicain, son lien direct avec Jaurès, conservera son statut privilégié grâce à Cécilia. Devenue ministre, Rachida Dati devra faire appel à Cécilia pour affirmer son autorité: ayant décidé de renvoyer son directeur de cabinet, Michel Dobkine, elle ne vaincra les résistances de l’Elysée qu’en faisant intervenir celle-ci, croisée dans un magasin de chaussures!
Petites histoires de petite cour? Mais cela n’est rien comparé à l’épisode libyen, où le mélange des genres aurait pu tourner au drame. La libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien restera la grande affaire de Cécilia: “Je ne suis pas passée sur terre pour rien. J’ai sauvé, seule, six vies humaines.” En lisant le Bitton et le Derai-Darmon, Pierre Moscovici, président socialiste de la commission d’enquête parlementaire, regrettera de ne pas avoir interrogé directement l’épouse du Président. Loin de s’admettre comparse, Cécilia pose en héroïne et en patronne. “Je suis arrivée, je les ai prises, je suis partie, j’ai fait le plus grand casse du siècle: Kadhafi n’avait aucune intention de libérer ces filles! C’est moi qui ai mené les négociations. Très vite j’ai eu la mainmise sur kadhafi, j’ai senti que j’avais un pouvoir sur lui.”
En pleine romance avec Carla Bruni, voici le chef de l‘Etat rattrapé par les révélations de l’ex-First Lady.
Claude Askolovitch a lu, pour Le Nouvel Observateur, trois livres-événements consacrés à Cécilia.
Quelques nouvelles de la République. “Nicolas est un sauteur”.
Bien. Quoi d’autre? “Nicolas est pingre.”
Mais encore? “Un homme qui n’aime personne, même pas ses enfants.”
Et puis? “Il a un côté ridicule. Il n’est pas digne. Nicolas, il ne fait pas Président de la République, il a un réel problème de comportement.”
Résumons donc. La France est présidée par un sauteur doublé d’un radin, un agité incapable d’amour et dépourvu de dignité... Ainsi parle Cécilia de Nicolas Sarkozy, dans des confidences recueillies au fil de l’amertume par la journaliste Anna Bitton, et offertes à l’édification du peuple dans un livre-portrait, “Cécilia”.
Conçu comme un ouvrage amical -que l’auteur a même dédié à son héroïne- il se révèle, à la lecture, d’une cruauté implacable. Pour Sarkozy, évidemment. Mais également pour Cécilia, froide impératrice devenue pitoyable imprécatrice: incroyablement fleur bleue, déconcertante de naïveté, pauvre petite fille riche addicte au shopping, s’amusant à emprunter les couloirs de bus pour constater la surprise des flics, gémissant sur sa pension insuffisante avec l’inconscience des bien-nantis: “Même en renégociant la pension alimentaire, j’obtiendrai quoi? Mille ou deux mille euros de plus? Ce n’est pas avec cela que je vais pouvoir vivre? Nicolas ne va pas laisser son fils sous les ponts quand même!”
Un mélange de clichés et de lucidité venimeuse
Entre deux plaintes, Cécilia décrit ce que fut sa vie dans un mélange de clichés et de lucidité venimeuse. La politique: “Un décor de western derrière lequel il n’y a rien.” L’entourage de Sarkozy: “Une bande malfaisante”, “de jeunes mecs qui se sont retrouvés gonflés de pouvoir et qui se sont pris pour les princes de Paris”. Les grandes amies, Mathilde Agostinelli de Prada et Agnès Cromback de Tiffany -fringues et diamants- compagnes des jours heureux, qui ont coupé les ponts avec la reine après le divorce: “Des pétasses fardées et intéressées.” Et les jolies ministres dont Sarkozy vante la beauté -comme il vantait la sienne, avant: “Des tapisseries. Maintenant qu’il n’a plus de first lady, il faut qu’il sorte avec de jolies filles à son bras, habillées en Dior.”
Il faut toujours se méfier des ex. Les potes de Sarkozy vont avoir confirmation de leurs craintes. “Elle est déséquilibrée”, disait Brice Hortefeux, incarnation du rude bon sens des rudes politiques pour qui Cécilia était une bombe à retardement. L’explosion est arrivée. Sarkozy s’adresse au pays dans une conférence de presse pugnace, veut supprimer les 35 heures et imposer les quotas d’immigration, il revit au bras de Carla Bruni, tenant en haleine la Cour saoudienne et le protocole indien... Mais Cécilia est revenue, entre volonté de revanche et effet de système médiatique.
Trois livres
Trois livres sortent simultanément. Celui d’Anna Bittton est troublant comme un miroir: la journaliste connaît Cécilia Sarkozy depuis des années, au point d’en être devenue une confidente. Elle lui rend justice en la trahissant -ou la venge en lui donnant la parole.
Confident également, mais de plus fraiche date, le journaliste et éditeur Yves Derai, qui avait rencontré l’alors présidente par l’intermédiaire de sa “soeur”, Rachida Dati... Derai raconte avec Michael Darmon les “Ruptures” (2) du début du quinquennat, dont Cécilia est l’héroïne.
Deux autres journalistes, Denis Demonpion et Laurent Léger, publient enfin une biographie de l’ex-première dame, (3) passant au crible son mysticisme d’ex-tourneuse de table reconvertie dans l’adoration de la Vierge et des paillettes, belle ambitieuse de la bourgeoisie, nourrie depuis l’adolescence des préceptes d’un gourou yankee, adepte du “pouvoir de la volonté”....
On peut sourire: tant de mots, pour une ex? Pour Cécilia qui a refusé le pouvoir? Mais c’est précisément son mystère! Elle a rompu la première, avec l’homme choisi par les Français. Ce renoncement la rend crédible, ou du moins l’espère-t-elle. L’avalanche éditoriale pourrait être l’intronisation d’une Lady Di à la française. Celle qui a connu l’intérieur du pouvoir et revient pour détruire avec des mots. Le succès des livres étalonnera la capacité de nuisance de la dame. Peut-être, d’ailleurs, Sarkozy sortira-t-il indemme. Trop rapide, travaillant trop vite, ayant déjà reconstruit sa vie, ayant dépassé Cécilia? Mais au-delà de la vitesse, les mots de l’ex-Reine vont sédimenter, et participeront au portrait du sarkozysme: cette construction politique conçue comme un tourbillon de réformes pour “remettre le pays en mouvement”, mais qui le surexcite aussi, dans une débauche people de moins en moins contrôlable!
Troublant
Passons sur la description de Sarkozy, l’homme à femmes, prédateur politique dans la grande tradition du pouvoir viril... On est, ici, dans un registre amer et classique. Plus troublante est la description des enjeux de cette comédie. Vu au prisme de Cécilia, la politique devient un ballet tenant de la prestidigitation médiatique, du chantage conjugal, des intrigues de Cour. Le Roi offre des têtes à la reine, on s’épie entre favoris.
Derai et Darmon décrivent une scène hallucinante, en juillet 2006, qui voit Cécilia, à son retour au foyer et au ministère après sa première rupture, passer en revue les collaborateurs de son mari en notant leur fidélité: “Un par un les conseillers du ministre de l’Intérieur la saluent. Un par un, elle leur accorde une évaluation et un statut: “Pas confiance”, “pas sûr”. A ceux qu’elle a décidé de tester, elle dit : “je ne sais pas si je peux t’embrasser.” “
Dans un magasin de chaussures
Bitton, elle raconte le “cardinal” Guéant, guidant Cécilia dans son bureau, lui susurrant: “Vous savez, madame, les fleurs étaient changées chaque jour pendant votre absence.” Contingences dans le destin des grands hommes. Plus tard, dans la campagne présidentielle, Henri Guaino, la plume de Sarkozy, son ancrage républicain, son lien direct avec Jaurès, conservera son statut privilégié grâce à Cécilia. Devenue ministre, Rachida Dati devra faire appel à Cécilia pour affirmer son autorité: ayant décidé de renvoyer son directeur de cabinet, Michel Dobkine, elle ne vaincra les résistances de l’Elysée qu’en faisant intervenir celle-ci, croisée dans un magasin de chaussures!
Petites histoires de petite cour? Mais cela n’est rien comparé à l’épisode libyen, où le mélange des genres aurait pu tourner au drame. La libération des infirmières bulgares et du médecin palestinien restera la grande affaire de Cécilia: “Je ne suis pas passée sur terre pour rien. J’ai sauvé, seule, six vies humaines.” En lisant le Bitton et le Derai-Darmon, Pierre Moscovici, président socialiste de la commission d’enquête parlementaire, regrettera de ne pas avoir interrogé directement l’épouse du Président. Loin de s’admettre comparse, Cécilia pose en héroïne et en patronne. “Je suis arrivée, je les ai prises, je suis partie, j’ai fait le plus grand casse du siècle: Kadhafi n’avait aucune intention de libérer ces filles! C’est moi qui ai mené les négociations. Très vite j’ai eu la mainmise sur kadhafi, j’ai senti que j’avais un pouvoir sur lui.”
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