Je suis dans la cuisine. 8h30 du matin. Il pleut dehors. Ah, le voilà, c'est la première fois que je le vois d'aussi proche, il a la poitrine rouge, quelques plumes aussi, ressemble à un oiseau cardinal mais ce n'est pas un cardinal. L'oiseau becquette les miettes de pain que je viens de mettre sur le bord de la fenêtre. Je lirais bien le journal, mais paresseux comme je suis, j'ai pas osé sortir en acheter un au coin. Je suis dans mes pantoufles là, j'ai pas envie de m'habiller. Le téléphone sonne. C'est la réceptionniste de la boite : " Rappelle donc la secrétaire de M. Guy, elle veut te parler ".
- M. Guy ? Jamais entendu parler.
- Ouaiiis, arrête tes niaiseries bloum.
- OK d'abord, je plaisante. Mais dite-moi Chantale, pourquoi cette foutue secrétaire de M. Guy ne m'a pas appelé directement ?
- Ben ça, je n'en ai aucune idée.
- Bon, OK, merci ma belle, je rappelle.
Une petite parenthèse, je suis travailleur autonome en plus d'être employé régulier d'une entreprise. Dans cette entreprise, j'ai un bureau où je mets rarement les pieds, une fois par semaine, deux fois si necessaire pour envoyer c-h-i-e-r mon supérieur. J'ai jamais sollicité cet emploi. C'est mon employeur qui a sollicité mes services. Ah oui, parceque dans ce genre d'emploi, c'est pas ton employeur qui te paye, c'est toi qui paye ton employeur. Oui je sais, ça à l'air bizarre, mais ça l'est pas. Et dans mon contrat, j'ai demandé qu'on me fasse toutes les installations necessaires pour que je puisse travailler à partir de mon bureau à la maison. Oh non, je ne suis pas le seul tannant de la boite, dans mon métier, quand ton rendement est supérieur à la moyenne de la boite, tes demandes sont des ordres. Et ton boss, tu peux l'envoyer c-h-i-e-r anytime. Et on est une douzaine de tannants.
Je rappelle, donc.
- Ah, M. bloum, je suis la secrétaire de Monsieur Guy, il vous invite à déjeuner le 29 mars à 9h...
- On se connaît même pas ! Quessé qu'y veut ?
- Demandez-le à lui, il m'a rien dit...
- J'ai rien à lui demander, c'est lui qui me demande à travers sa secrétaire.
- C'est quoi votre réponse pour le déjeuner ?
La dame n'a pas dit : " M. Guy souhaiterait vous inviter à petit-déjeuner le 29 mars si ça vous conviendra. " Non, M. Guy a décidé : le 29 mars à 9h... Sans être cassant, le ton est ferme, celui d'une secrétaire médicale. Je la devine, le crayon suspendu au-dessus de son agenda...
- Allez dire à M. Guy que lorsque l'envie me prendra d'aller déjeuner avec lui, je déciderai du jour...
Et je raccroche doucement.
Doucement ou fort cela fait le même bruit à l'autre bout de la ligne et je vais encore passer pour un grossier personnage, arrogant et tout... Pourtant ! Je suis le premier à déplorer l'absence d'urbanité qui marque nos échanges quotidiens. Je vous assure, je suis très sensible aux usages, aux convenances, à l'étiquette même... Mais enfin quoi, on dit d'abord en quelques mots pourquoi on souhaite cette rencontre, et seulement quand elle est agréée, on convient d'un lieu et d'une date. Sinon ce n'est pas une invitation, c'est une sommation à comparaître...
Il pleut toujours dehors. Sur le tas de bois le cardinal s'ébroue et me voilà rouge comme lui. Me voilà contrarié. Eh oui. Il faut que je le dise au cardinal : Tu comprends l'oiseau, ce qui m'enrage vraiment dans tout ça, c'est que maintenant, je ne saurai jamais ce qu'il me voulait ce con... Anyway, je suis quand même allé au bureau aujourd'hui, juste pour saluer les gars. Et j'ai pris un croissant, au café pas loin, avec Bruno, un gars cool. Bruno, est-ce que je vous ai déjà glissé un mot à propos de Bruno ? Me souviens plus. Tiens, pourquoi pas. Très distingué Bruno, bel homme et tout, le genre où t'as l'air tout froissé à côté de lui. Sauf qu'il est rose. C'est pas un défaut, mais c'est pas une qualité. C'est un de ces hommes roses tombés dans le féminisme comme Obélix dans la potion magique. Il voit dans la femme un remède universel contre les guerres, la faim dans le monde, l'injustice, la folie des hommes en général. Il est si farouchement convaincu que la femme est l'avenir de l'homme, il est si entièrement féministe, que je le soupçonne de se scotcher des tampons trois jours pas mois, par solidarité. Et j'exagère à peine.
On a parlé du travail et de toutes sortes de choses, on s'est attardé jusqu'à ce que la serveuse vint nous demander la permission de débarasser la table. Elle procéda rapidement et disparut.
Wow, le c-u-l ! dis-je, comme on dit entre gars quand c'est le cas. C'était le cas... Il en fit tout un fromage. Il m'a dit : et si c'était de ta soeur qu'on avait dit cela ?
En tous cas, je l'aime bien Bruno, même en homme rose, que voulez-vous, nul n'est parfait. On s'est quitté, il était 17h. Je m'en allais vers la voiture quand je suis tombé en arrêt, à la vitrine d'un antiquaire, devant une petite lampe de chevet en verre dépoli bleu. Ah oui, je voulais vous le dire avant-hier, mais j'ai pas eu le temps, j'ai cassé ma lampe de chevet avant-hier. Je tenais tellement à cette lampe. Je l'ai acheté à un encan de faillitte, une dizaine de dollars si je me souviens bien. C'est pas qu'elle était belle ma lampe, mais elle avait la tige sculptée comme une grappe de raisins. Elle me rappelait la tige du carrelet de 3ami Ammar ( Allah yarhmou ), c'était pas mon oncle, mais notre voisin immédiat. Il avait un atelier avec plein d'outils disposés dans un ordonnancement militaire. Une longue histoire. Faut absolument prendre deux secondes pour vous la raconter un de ces jours... Où est-ce qu'on était, ah oui c'est ça, je suis tombé en arrêt devant cette lampe de chevet en verre dépoli bleu. Je suis entré.
- Excusez-moi, combien pour la petite lampe bleue ?
- Six cent dollars, monsieur... La suite de notre conversation a été totalement muette. Fourre-toi là dans le c-u-l, lui a dit mon sourire. Connard, m'a répondu l'ombre du sien...
Or donc, comme j'ai pas remplacé ma lampe de chevet, j'arrivais pas à lire mon livre confortablement. Et c'est à ce moment là que j'ai pensé au forum. Bon, je vais saluer mes compatriotes. Me suis levé, lu quelques topics. Et bang ! Adhrhar a changé son avatar. Est-ce toi, Adhrhar, sur la photo ?
Bon ben les amis, c'était pour vous saluer : Salut. C'est fait... Et vous pouvez nous raconter votre journée aussi.
- M. Guy ? Jamais entendu parler.
- Ouaiiis, arrête tes niaiseries bloum.
- OK d'abord, je plaisante. Mais dite-moi Chantale, pourquoi cette foutue secrétaire de M. Guy ne m'a pas appelé directement ?
- Ben ça, je n'en ai aucune idée.
- Bon, OK, merci ma belle, je rappelle.
Une petite parenthèse, je suis travailleur autonome en plus d'être employé régulier d'une entreprise. Dans cette entreprise, j'ai un bureau où je mets rarement les pieds, une fois par semaine, deux fois si necessaire pour envoyer c-h-i-e-r mon supérieur. J'ai jamais sollicité cet emploi. C'est mon employeur qui a sollicité mes services. Ah oui, parceque dans ce genre d'emploi, c'est pas ton employeur qui te paye, c'est toi qui paye ton employeur. Oui je sais, ça à l'air bizarre, mais ça l'est pas. Et dans mon contrat, j'ai demandé qu'on me fasse toutes les installations necessaires pour que je puisse travailler à partir de mon bureau à la maison. Oh non, je ne suis pas le seul tannant de la boite, dans mon métier, quand ton rendement est supérieur à la moyenne de la boite, tes demandes sont des ordres. Et ton boss, tu peux l'envoyer c-h-i-e-r anytime. Et on est une douzaine de tannants.
Je rappelle, donc.
- Ah, M. bloum, je suis la secrétaire de Monsieur Guy, il vous invite à déjeuner le 29 mars à 9h...
- On se connaît même pas ! Quessé qu'y veut ?
- Demandez-le à lui, il m'a rien dit...
- J'ai rien à lui demander, c'est lui qui me demande à travers sa secrétaire.
- C'est quoi votre réponse pour le déjeuner ?
La dame n'a pas dit : " M. Guy souhaiterait vous inviter à petit-déjeuner le 29 mars si ça vous conviendra. " Non, M. Guy a décidé : le 29 mars à 9h... Sans être cassant, le ton est ferme, celui d'une secrétaire médicale. Je la devine, le crayon suspendu au-dessus de son agenda...
- Allez dire à M. Guy que lorsque l'envie me prendra d'aller déjeuner avec lui, je déciderai du jour...
Et je raccroche doucement.
Doucement ou fort cela fait le même bruit à l'autre bout de la ligne et je vais encore passer pour un grossier personnage, arrogant et tout... Pourtant ! Je suis le premier à déplorer l'absence d'urbanité qui marque nos échanges quotidiens. Je vous assure, je suis très sensible aux usages, aux convenances, à l'étiquette même... Mais enfin quoi, on dit d'abord en quelques mots pourquoi on souhaite cette rencontre, et seulement quand elle est agréée, on convient d'un lieu et d'une date. Sinon ce n'est pas une invitation, c'est une sommation à comparaître...
Il pleut toujours dehors. Sur le tas de bois le cardinal s'ébroue et me voilà rouge comme lui. Me voilà contrarié. Eh oui. Il faut que je le dise au cardinal : Tu comprends l'oiseau, ce qui m'enrage vraiment dans tout ça, c'est que maintenant, je ne saurai jamais ce qu'il me voulait ce con... Anyway, je suis quand même allé au bureau aujourd'hui, juste pour saluer les gars. Et j'ai pris un croissant, au café pas loin, avec Bruno, un gars cool. Bruno, est-ce que je vous ai déjà glissé un mot à propos de Bruno ? Me souviens plus. Tiens, pourquoi pas. Très distingué Bruno, bel homme et tout, le genre où t'as l'air tout froissé à côté de lui. Sauf qu'il est rose. C'est pas un défaut, mais c'est pas une qualité. C'est un de ces hommes roses tombés dans le féminisme comme Obélix dans la potion magique. Il voit dans la femme un remède universel contre les guerres, la faim dans le monde, l'injustice, la folie des hommes en général. Il est si farouchement convaincu que la femme est l'avenir de l'homme, il est si entièrement féministe, que je le soupçonne de se scotcher des tampons trois jours pas mois, par solidarité. Et j'exagère à peine.
On a parlé du travail et de toutes sortes de choses, on s'est attardé jusqu'à ce que la serveuse vint nous demander la permission de débarasser la table. Elle procéda rapidement et disparut.
Wow, le c-u-l ! dis-je, comme on dit entre gars quand c'est le cas. C'était le cas... Il en fit tout un fromage. Il m'a dit : et si c'était de ta soeur qu'on avait dit cela ?
En tous cas, je l'aime bien Bruno, même en homme rose, que voulez-vous, nul n'est parfait. On s'est quitté, il était 17h. Je m'en allais vers la voiture quand je suis tombé en arrêt, à la vitrine d'un antiquaire, devant une petite lampe de chevet en verre dépoli bleu. Ah oui, je voulais vous le dire avant-hier, mais j'ai pas eu le temps, j'ai cassé ma lampe de chevet avant-hier. Je tenais tellement à cette lampe. Je l'ai acheté à un encan de faillitte, une dizaine de dollars si je me souviens bien. C'est pas qu'elle était belle ma lampe, mais elle avait la tige sculptée comme une grappe de raisins. Elle me rappelait la tige du carrelet de 3ami Ammar ( Allah yarhmou ), c'était pas mon oncle, mais notre voisin immédiat. Il avait un atelier avec plein d'outils disposés dans un ordonnancement militaire. Une longue histoire. Faut absolument prendre deux secondes pour vous la raconter un de ces jours... Où est-ce qu'on était, ah oui c'est ça, je suis tombé en arrêt devant cette lampe de chevet en verre dépoli bleu. Je suis entré.
- Excusez-moi, combien pour la petite lampe bleue ?
- Six cent dollars, monsieur... La suite de notre conversation a été totalement muette. Fourre-toi là dans le c-u-l, lui a dit mon sourire. Connard, m'a répondu l'ombre du sien...
Or donc, comme j'ai pas remplacé ma lampe de chevet, j'arrivais pas à lire mon livre confortablement. Et c'est à ce moment là que j'ai pensé au forum. Bon, je vais saluer mes compatriotes. Me suis levé, lu quelques topics. Et bang ! Adhrhar a changé son avatar. Est-ce toi, Adhrhar, sur la photo ?
Bon ben les amis, c'était pour vous saluer : Salut. C'est fait... Et vous pouvez nous raconter votre journée aussi.
Commentaire