Sous le hashtag "Les prisonnières du voile en Algérie", des femmes de ce pays dénoncent, sur les réseaux sociaux, le port du hijab comme instrument d'oppression. Elles ont le soutien de l’écrivaine et conférencière Djemila Benhabib qui explique à franceinfo Afrique la genèse de cette campagne.
Depuis début février 2019, une campagne a fait son apparition sur les réseaux sociaux attestant de la montée d’un nouveau mécontentement dans la société algérienne.
Sous le hashtag "Les prisonnières du voile en Algérie", des femmes ont lancé une campagne d’émancipation vestimentaire rappelant celle en cours depuis quelques mois en Iran ou qui couve en Arabie Saoudite.
"Notre société opprime les femmes... et les hommes"
Même si en Algérie, le port du voile relève, en principe, d’un choix personnel, elles dénoncent désormais un diktat social qui les contraint à porter ce qu’elles estiment être un instrument d’oppression.
"Je soutiens cette campagne contre le port du hijab en Algérie. Lève mon chapeau à toutes celles qui osent exister de par elles-mêmes et revendiquer leur liberté. Je vous aime", a écrit le 10 février 2019 Djemila Benhabib sur son compte Twitter.
"Notre société est en fait une société qui opprime les femmes, mais elle opprime aussi les hommes. Et ce hijab fait partie d’un processus de déshumanisation de la société, parce qu’il fait des femmes des masses et des hommes des frustrés. Je refuse que ma société, celle dans laquelle j’ai grandi, puisse arriver à ce degrés de déshumanisation", explique Djemila.
Certes, reconnaît-elle, "le hijab n’est pas obligatoire dans les lois, mais en réalité la pression sociale est telle ! Les femmes finissent par le porter sous la pression de la rue, de la famille et de la société".
Des dizaines de femmes suicidées avec leur foulard
Selon elle, c’est "le travail de sape de l’islamisme, ces trente dernières années, qui a fait en sorte que malgré l’absence de loi, le port du hijab s’est généralisé", dit-elle. "Pour moi c’est un enjeu politique de premier ordre", commente-t-elle
Ce qui l’a convaincue d’adhérer à ce mouvement et le soutenir, c’est un reportage diffusé par la chaîne algérienne al-Chourouk, plutôt islamiste, relatant le suicide de dizaines de femmes algériennes avec leur hijab.
"La mixité est tellement diabolisée et la ségrégation des sexes est quelque chose qui fait son chemin, explique-t-elle. Résultat, "il y a de l’inceste dans les familles. Il y a des relations sexuelles qui peuvent être consentantes, mais l’homme s’en va après et la femme se retrouve seule. Et comme le tabou de la virginité reste très présent, les femmes finissent par se suicider".
Active sur les réseaux sociaux, Djemila Benhabib a posté une photo d’elle flanquée du drapeau algérien et arborant un panneau sur lequel il est écrit : "Moi, Algérienne, contre le hijab" en trois langues, arabe, anglais et français. Elle relaye méthodiquement les messages de personnes ou groupes s’exprimant sur la question.
Celui d’une certaine Celia qui écrit: "Ca n’existe pas une femme qui se voile par choix. Même si personne ne l’oblige, il y a tout un environnement social ou familial qui la pousse à ça. Aucune femme au monde n’a envie de s’enterrer sous des mètres de tissu, quoi qu’elle dise". Ou encore celui de Sarah qui s'est vue imposer le hijab par son père.
Alain Chémali
Rédaction Afrique
France Télévisions
publié le 16/02/2019
Depuis début février 2019, une campagne a fait son apparition sur les réseaux sociaux attestant de la montée d’un nouveau mécontentement dans la société algérienne.
Sous le hashtag "Les prisonnières du voile en Algérie", des femmes ont lancé une campagne d’émancipation vestimentaire rappelant celle en cours depuis quelques mois en Iran ou qui couve en Arabie Saoudite.
"Notre société opprime les femmes... et les hommes"
Même si en Algérie, le port du voile relève, en principe, d’un choix personnel, elles dénoncent désormais un diktat social qui les contraint à porter ce qu’elles estiment être un instrument d’oppression.
"Je soutiens cette campagne contre le port du hijab en Algérie. Lève mon chapeau à toutes celles qui osent exister de par elles-mêmes et revendiquer leur liberté. Je vous aime", a écrit le 10 février 2019 Djemila Benhabib sur son compte Twitter.
"Notre société est en fait une société qui opprime les femmes, mais elle opprime aussi les hommes. Et ce hijab fait partie d’un processus de déshumanisation de la société, parce qu’il fait des femmes des masses et des hommes des frustrés. Je refuse que ma société, celle dans laquelle j’ai grandi, puisse arriver à ce degrés de déshumanisation", explique Djemila.
Certes, reconnaît-elle, "le hijab n’est pas obligatoire dans les lois, mais en réalité la pression sociale est telle ! Les femmes finissent par le porter sous la pression de la rue, de la famille et de la société".
Des dizaines de femmes suicidées avec leur foulard
Selon elle, c’est "le travail de sape de l’islamisme, ces trente dernières années, qui a fait en sorte que malgré l’absence de loi, le port du hijab s’est généralisé", dit-elle. "Pour moi c’est un enjeu politique de premier ordre", commente-t-elle
Ce qui l’a convaincue d’adhérer à ce mouvement et le soutenir, c’est un reportage diffusé par la chaîne algérienne al-Chourouk, plutôt islamiste, relatant le suicide de dizaines de femmes algériennes avec leur hijab.
"La mixité est tellement diabolisée et la ségrégation des sexes est quelque chose qui fait son chemin, explique-t-elle. Résultat, "il y a de l’inceste dans les familles. Il y a des relations sexuelles qui peuvent être consentantes, mais l’homme s’en va après et la femme se retrouve seule. Et comme le tabou de la virginité reste très présent, les femmes finissent par se suicider".
Active sur les réseaux sociaux, Djemila Benhabib a posté une photo d’elle flanquée du drapeau algérien et arborant un panneau sur lequel il est écrit : "Moi, Algérienne, contre le hijab" en trois langues, arabe, anglais et français. Elle relaye méthodiquement les messages de personnes ou groupes s’exprimant sur la question.
Celui d’une certaine Celia qui écrit: "Ca n’existe pas une femme qui se voile par choix. Même si personne ne l’oblige, il y a tout un environnement social ou familial qui la pousse à ça. Aucune femme au monde n’a envie de s’enterrer sous des mètres de tissu, quoi qu’elle dise". Ou encore celui de Sarah qui s'est vue imposer le hijab par son père.
Alain Chémali
Rédaction Afrique
France Télévisions
publié le 16/02/2019
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