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3 JOURS APRÈS L’INCENDIE QUI L’A RAVAGÉE Chréa panse ses blessures

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  • 3 JOURS APRÈS L’INCENDIE QUI L’A RAVAGÉE Chréa panse ses blessures

    Les traces des incendies qui ont éclaté à Chréa n’ont pas encore disparu. Là-haut dans la montagne, les cendres parsèment les territoires ravagés par le feu générant une ambiance sinistre qui en rajoute à la peur des habitants. Peur de voir à nouveau les flammes s’emparer des forêts et poursuivre la destruction entamée…
    Abla Cherif - Alger (Le Soir) - La chaleur est torride à Blida en ce vendredi. Suffocante. Le thermomètre affiche les 40 degrés, mais l’humidité procure un «ressenti» nettement supérieur à la température des lieux. Comme dans d’autres villes du pays, les volets ne s’ouvrent plus la journée.
    L’activité se déroule au ralenti et ne reprend qu’à la nuit tombée, lorsque les derniers rayons du soleil se retirent pour céder la place à une fraîcheur relative. «Lundi dernier, la nuit n’a rien pu faire pour apaiser la canicule dans la ville. On étouffait littéralement, raconte un quinquagénaire qui vient d’achever la prière hebdomadaire.
    De surcroît, Blida était plongée dans l’obscurité cette nuit-là. Il y a eu une coupure d’électricité qui a poussé les habitants à sortir dans les rues à la recherche de fraîcheur. De là, nous avons vu les flammes s’élever tout là-haut dans la montagne.» «L’odeur de la fumée arrivait jusque-là, poursuit un pompiste. Parfois, le vent amenait les cendres jusqu’ici, au loin, les flammes éclairaient le ciel. Les gens sont restés dehors très tard à observer l’incendie se propager. Blida était plongée dans une ambiance terrible, les sirènes des pompiers et des ambulances hurlaient, la chaleur était pesante, certains d’entre nous ont des proches qui habitent dans la montagne, nous avons aussi des amis, des personnes que l’on connaît, qui descendent chaque jour en ville…»
    L’incendie s’est déclaré en fait en milieu de journée touchant quatre localités
    différentes : Bouarfa, Benachour, Sidi-el-Kébir et Chouaïmia. Ce dernier lieu est le plus proche du sommet de Chréa. Un hameau où vivent depuis de longues années déjà une cinquantaine de familles.
    Le quinquagénaire qui relatait la nuit d’incendie vue de Blida se propose de nous accompagner «là-bas» pour y rencontrer un ouvrier employé dans l’atelier qu’il gère. «Tout le monde le connaît bien à Blida, d’ailleurs c’est l’une des rares personnes à faire la navette quotidienne pour travailler, les autres sont tous versés dans l’agriculture.»
    La montée vers Chréa n’apporte pas la «clémence» attendue. La chaleur y est également intense. Le premier arrêt se fait à Sidi-El-Kébir. Le nom du village a été tristement rendu célèbre durant les années 1990 lorsqu’un groupe terroriste a investi les lieux de nuit pour y commettre un massacre qui a valu la vie à quatorze personnes, dont un vieil homme de près de 80 ans. Le malheureux a eu la gorge tranchée. Mais aujourd’hui, l’histoire est autre. Sidi-El-Kébir a vécu une autre frayeur. «Ici, le feu a pris très rapidement, nous n’avons pas eu de grands dégâts, grâce à la mobilisation des citoyens qui ont prêté main-forte aux pompiers. Tout le monde s’y est mis pour éteindre le feu. Regardez, tout est brûlé là…»
    Le villageois pointe le doigt vers une clairière recouverte par une couche épaisse de cendres. «Il n’y a pas eu de morts, mais une grande panique et surtout des personnes qui ont fait des malaises en raison de la fumée.» Une femme raconte : «J’habite un peu plus loin, je regardais les flammes s’élever et j’ai eu très peur. Je craignais que se reproduisent les scènes qui se sont déroulées en Kabylie et ailleurs dans le pays lorsque des habitations ont pris feu. J’ai supplié mon mari de nous éloigner de cet endroit le temps que les pompiers éteignent l’incendie. Nous avons pris les enfants et nous sommes descendus plus bas. Des voisines ont fait pareil, tout le monde avait très peur.»
    Une peur qui ne s’est pas estompée une fois l’incendie éteint. A Chouaïmia, les habitants du hameau vivent dans la crainte que le feu reparte. «Personne ne peut décrire la crainte que provoquent les flammes. La mort est devant vous, une mort atroce, lente mais sûre. Ici, tout le monde a fui les maisons. On ne savait plus où aller, la fumée formait un écran dense.»
    Comme à Sidi-el-Kébir ou dans ces autres zones où le feu s’est déclaré, les agriculteurs ont enregistré des pertes parfois importantes. «La plupart d’entre nous vivent de l’agriculture, certains ont même des arbres fruitiers, mais tout est parti cette nuit-là. Mes voisins ont perdu leurs ruches, d’autres ont vu leur élevage de volailles partir en fumée sous leurs yeux. C’est un désastre. Mais nous sommes des croyants et nous remercions Dieu qu’il n’y ait pas eu de victimes humaines.»
    L’inhalation de la fumée a cependant suscité des malaises chez de nombreux villageois. Ils ont été conduits à l’hôpital de Blida. Depuis, la crainte de voir le feu repartir hante les habitants des lieux. «On est là, on guette, parfois certains d’entre nous font des rondes avant de dormir pour vérifier que tout est normal. Un nouvel incendie emportera avec lui tout ce qui reste. Il fait très chaud, les maisons peuvent facilement prendre feu, et puis il y a tous ces vergers autour. Tout est menacé.»
    Une menace dont on ne situe pas l’origine. «Vous savez, nous sommes nés ici, nous connaissons bien notre montagne, ses arbres, ses sources. Si personne n’y met le feu il ne s’allumera pas seul. Essayez d’enflammer un arbre et vous verrez, il ne prendra pas, c’est du bois vert. Je ne sais pas si ces incendies sont dus à des pyromanes, de l’imprudence ou autre chose, mais ce dont je suis sûr, c’est que l’Etat a une grande part de responsabilité dans ce qui se passe. La première mesure à prendre est de nettoyer les forêts de Chréa. Elles sont pleines de détritus, d’ordure, de mauvaises herbes et de bois mort. A mon avis, le problème essentiel vient de là. Le feu ne prend pas dans un arbre, il naît tout autour, à ses pieds dans les ordures et les branches sèches. Si le terrain est net, il ne peut rien se produire, mais si rien n’est fait, le feu peut repartir à n’importe quel moment et se propager à très vive allure. Nous avons peur pour nous, nos enfants, nos biens. Il risque de faire encore très chaud, des températures élevées sont encore attendues, nous allons vivre ainsi, dans la crainte jusqu’aux premières pluies.»
    L’odeur des cendres emplit Chouaïmia. En contrebas, un épais nuage sombre s’étend sur Blida. Les services météo annoncent un pic de température en milieu de semaine…
    A. C.
    Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
    (Paul Eluard)

  • #2
    Je pense qu'un reboisement d'arbres se fait automatiquement après chaque incendie pour remplacer toute cette végétation perdue
    Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre.
    (Paul Eluard)

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    • #3
      Beaucoup de très beaux et bons souvenirs à Chréa et Sidi Kbir ... une nature verte et ressourçante, inoubliable.
      Que c'est triste d'imaginer la désolation et la perte de toute cette beauté.
      Il faudra du temps pour restaurer et reboiser.
      Une calamité que ces incendies en été !

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