Allez, je vais vous questionner à la manière de Adhrhar. C'est quoi votre bilan personnel 2006 en rapport avec le forum ? Non non, pas votre vie là, on veut pas savoir ça, juste la tranche en rapport avec le Forum. Et contrairement à Adhrhar, je réponds en premier à ma propre question : La lecture de rien, un rapport de lecture de rien. On me dira qu’à parler de rien, on n'épuise pas le sujet. Si je vous dis que je trouve cette lecture de rien essentielle. Commemt ça ? En lisant des tranches de vies à travers vos lignes ! Je ne vous lis pas comme je lis un journal là, oh non, Un journal c'est plein de nouvelles, une nouvelle arrive c’est facile à lire, l'auteur de la nouvelle se charge de nous l'expliquer. La vie, c’est plus compliqué, elle arrive pas, elle est là, c'est vous l'auteur de votre vie. Et des fois, vous en parlez sans en être conscients (Sauf le croco, le krisss, je l'ai jamais vu venir lol) . Si si. Tiens, par exemple, vos voix, vos odeurs. Si je vous sens et vous entends ? Mais si.
Certains de vos Topics ont été pour moi des bruits, des odeurs, des images, des voix qui venaient de très loin, de mon enfance, de mon adolescence, qui ont ressurgit, en surimpression sur des Topics d'un peu de tout et de rien du tout. Oui oui, de rien du tout. C'est vraiment personnel ce que je dis là. C'est mon sentiment et je le partage.
J'ai dis personnel ?
Quand j'étais petit, tous les étés, je passais par cette gare de Jijel. Quand j'étais petit, je vivais en constantinois neuf mois et demi par année. Et deux mois et demi en Djidjelli, de mi-juin à début septembre. L'école finissait le 15juin, le 16 nous étions dans l'autobus, mes soeurs les plus jeunes, ma mère, mon père et moi.
Nous prenions le bus tôt le matin jusqu'à Jijel, la petite gare. De là, nous prenions un autre bus pour notre Douar, en haut de la montagne, au fond du bois. Là, mon oncle qui était Fellah nous faisait grimper la montagne à dos d'âne, deux kilomètres à dos d'âne. On faisait le reste, jusqu'à la ferme de mon grand-père, dans une carriole tirée par un cheval. Le chemin montait à travers les vignes. On arrivait le jour de la fête du saint de la Dechra, un M'rabet ( Marabout ) décédé voilà 150 ans. J'ouvre une parenthèse pour parler de ce Marabout. Un jour, la dechra se réveille sur une très mauvaise nouvelle. Les nouvelles canalisations doivent passer précisément là où se trouve la tombe du M'rabet. Et un matin, toute la dechra était là pour assister au déplacement de la Zaouia (Tombe), on creusait pas creux pour pas abîmer les restes. Et... Et c'était les restes d'un B'ghal (Mulet) qu'on a découvert. 150 ans de prières dans la Zaouia. Et voilà, un B'ghal. Mon père, mon grand-père, mon arrière grand-père, tous ont prié là. Cette journée-là, je me souviens, au café du village, s'est constitué un FUCKUS-GROUP pour dissiper un peu la gène qui régnait sur le village. 150 ans de p.. Fuck. Parenthèse fermée.
Mais je reviens à Jijel. Entre les deux bus, il y avait quelques heures. Mon père me menait chez le coiffeur. Pas celui près de la gare, qui était trop cher, mais dans une rue un peu plus loin. Il me faisait couper les cheveux très ras. Pourquoi moi et pas mes soeurs ? Parce que c'est comme ça, qu'il répondait.
J'ai dis personnel ? La dernière fois que je suis retourné la-bas, j'ai consacré un après-midi à chercher ce coiffeur. J'en ai trouvé un, un qui avait l'air d'un vieux Turc moustachu, qui n'est sûrement pas celui que je cherchais, j'arrêtais pas de penser que je suis peut-être venu là quand j'étais petit. Mon père était tout à fait du genre à me faire couper les cheveux par un Turc moustachu.
Je passais l'été à travailler aux champs. On s'amusait à retourner le foin avec les gamins. Quand il n'y avait pas de foin à retourner, on allait porter à boire aux faucheurs. Ils buvaient notre eau fraîche à grandes lampées, à la fin ils en crachaient un jet sur le fil de leur faux en tirant la pierre à aiguiser de leur ceinture.
J'ai dis personnel ?
Les images, les odeurs, les bruits qui n'ont cessé de me visiter depuis que j'ai croisé ce Forum, c'est ça, mon rapport. Ce paysage au fond de moi qui s'est soudain animé. Vos visages me sont curieusement flous, même ceux de l'Album-Photo, mais vous, les filles de mon pays, vous me rappelez les figues, oui les figues. Et vos bruits sont clairs. Je me souviens des figues que je mangeais dans l'arbre, molles, tièdes, éclatées. Des fentes perlaient des gouttes de suc jaune. Les gamins plus vieux appelaient les filles des figues. Je ne comprenais pas... L'odeur de galette chaude que je mangeais avec des raisins. Encore aujourd'hui, je mange mes raisins avec du pain faute de galette. Les vignes commençaient derrière la maison. Mes soeurs donnaientt à manger aux poules en prenant le grain par poignées dans le creux d'un sac, qu'est ce qu'elles riaient, mes soeurs, pas les poules. Le soir, les hommes se disputaient tard à propos de la maudite révolution agraire.
À cette époque-là, je trouvais complètement ridicule d'être constantinois. Je ne sais pas ce que j'aurais donné pour être un Fellah, de la Dechra, comme mon oncle. Mais voilà, la vie a dessiné autre chose pour moi, pour certains d'entre vous aussi, vous les immigrants, j'imagine. Or, malgré les distances, malgré le temps, on redevient Algérien, au moment même où on ouvre la fenêtre du Forum-Algérie. Et comme tous les immigrants, je m'invente une Algérie. puis une autre, et encore une autre. Et comme tous les immigrants, mes Algérie n'existent plus. Je suis retourné au village une fois. Mais bien sûr comme souvent les lieux de souvenir, tout est pareil et pourtant complètement différent. Qu'est-ce qu'il y a donc de changé ? À la place des vignes, ils ont planté des nouvelles constructions, des villas qu'y disent. Il y a des commerces. Mes cousins ont deux salles de bains dans leur villa. Ils ont criminellement défiguré mon paysage... J'y pense plus. Et quand j'y pense, je viens ici, au quartier Forum-Algérie,ce quartier en bordure de mon village et du Souk Algérie me donne cette impression, comme avant, de retrouver plein d'enfants qui s'amusent à retourner le foin. En plus, dans mon village, y'avait 3 mosquées, trois mosquées qui appelaient la prière à midi, chacune leur tour. Probablement qu'aucun des trois muezzins n'appelait le midi juste. Chacun appelait son midi. Eh ben, c'est ainsi que je me sens quand je lis vos avis sur des choses de rien du tout : comme une mosquée qui appelle midi un peu avant, un peu après, un peu à côté de la grande mosquée Adhrhar , de la superbe mosquée Nedjma, de la mosquée Harrachi78, de la mosquée Al-Fares, de l'église Danielle, de la majestueuse mosquée Zwina, de la mosquée Hellas, de l'église Joce la mandarine, de la mosquée Jonguar, de la mosquée Marok1, de la mosquée Saryta, de la mosquée Besbes, de la mosquée Incrédule, qui appellent toutes la même prière de midi. Je reprends pour Danielle et Joce, qui sonnent toutes le même sacrament de midi. Guiling, guiling.
je m'invente mon Algérie, ma Dechra aussi. Et je retrouve mes figues, tièdes, éclatées, oui oui, je vous le jure, je les sens et les entends parler, je peux même vous faire l'abécédaire, tiens, A pour Amaarima ou Alya, B pour Besbes comme Biscuit, C pour... Et il y'a aussi des porc-épic ! Oui madame lol, avec des piquants pointus. Mais non madame, leurs piquants sont doux et sans aiguillons. J'ai dis porc-épic ? Si si, je l'ai dis, vous voulez l'abécédaire ? oui madame, A pour the big Adhrhar ou Apophys, B pour Beehive comme Bauréal, C... Et tous ces porc-épic et toutes ces figues, sans exception, quessé j'ai dis là ? sans exception ? Voyons, peux pas dire ça, y'a quand même 4 ou 5 exceptions qui me tombent sur les rognons, des figues pas éclatées du tout, et des porc-épic tout en aiguilles. Or donc, on a au fond de soi, les figues comme les porc-épic du Forum, un noeud de souvenirs qui grouillent comme autant de serpents silencieux. Souvenirs qu'on croit avoir oubliés, qui nous font, nous défont, nous construisent sans qu'on en soit conscient. Je crois aussi que la matrice même de notre Forum-Algérie, c'est un paysage. Mais il y a aussi des bruits et des odeurs. Mais si. Et des figues.
Vive la vie. Et les vacances aussi. Cuba mon vieux. Deux semaine et je vous reviens bronzé. Pas sûr, ma copine est vraiment pas chaude à l'idée.
3idkoum mabrouk et bonne année tout le monde.
3idek mabrouk khouya Adhrhar et bonne année à toi et à toute ta famille. J'avais le goût de déconner avec toi sur le topic réservé à Bachi. Pis non. C'est du sérieux. Et je suis très content de cette bonne nouvelle...À l'année 2007 inchallah.
Certains de vos Topics ont été pour moi des bruits, des odeurs, des images, des voix qui venaient de très loin, de mon enfance, de mon adolescence, qui ont ressurgit, en surimpression sur des Topics d'un peu de tout et de rien du tout. Oui oui, de rien du tout. C'est vraiment personnel ce que je dis là. C'est mon sentiment et je le partage.
J'ai dis personnel ?
Quand j'étais petit, tous les étés, je passais par cette gare de Jijel. Quand j'étais petit, je vivais en constantinois neuf mois et demi par année. Et deux mois et demi en Djidjelli, de mi-juin à début septembre. L'école finissait le 15juin, le 16 nous étions dans l'autobus, mes soeurs les plus jeunes, ma mère, mon père et moi.
Nous prenions le bus tôt le matin jusqu'à Jijel, la petite gare. De là, nous prenions un autre bus pour notre Douar, en haut de la montagne, au fond du bois. Là, mon oncle qui était Fellah nous faisait grimper la montagne à dos d'âne, deux kilomètres à dos d'âne. On faisait le reste, jusqu'à la ferme de mon grand-père, dans une carriole tirée par un cheval. Le chemin montait à travers les vignes. On arrivait le jour de la fête du saint de la Dechra, un M'rabet ( Marabout ) décédé voilà 150 ans. J'ouvre une parenthèse pour parler de ce Marabout. Un jour, la dechra se réveille sur une très mauvaise nouvelle. Les nouvelles canalisations doivent passer précisément là où se trouve la tombe du M'rabet. Et un matin, toute la dechra était là pour assister au déplacement de la Zaouia (Tombe), on creusait pas creux pour pas abîmer les restes. Et... Et c'était les restes d'un B'ghal (Mulet) qu'on a découvert. 150 ans de prières dans la Zaouia. Et voilà, un B'ghal. Mon père, mon grand-père, mon arrière grand-père, tous ont prié là. Cette journée-là, je me souviens, au café du village, s'est constitué un FUCKUS-GROUP pour dissiper un peu la gène qui régnait sur le village. 150 ans de p.. Fuck. Parenthèse fermée.
Mais je reviens à Jijel. Entre les deux bus, il y avait quelques heures. Mon père me menait chez le coiffeur. Pas celui près de la gare, qui était trop cher, mais dans une rue un peu plus loin. Il me faisait couper les cheveux très ras. Pourquoi moi et pas mes soeurs ? Parce que c'est comme ça, qu'il répondait.
J'ai dis personnel ? La dernière fois que je suis retourné la-bas, j'ai consacré un après-midi à chercher ce coiffeur. J'en ai trouvé un, un qui avait l'air d'un vieux Turc moustachu, qui n'est sûrement pas celui que je cherchais, j'arrêtais pas de penser que je suis peut-être venu là quand j'étais petit. Mon père était tout à fait du genre à me faire couper les cheveux par un Turc moustachu.
Je passais l'été à travailler aux champs. On s'amusait à retourner le foin avec les gamins. Quand il n'y avait pas de foin à retourner, on allait porter à boire aux faucheurs. Ils buvaient notre eau fraîche à grandes lampées, à la fin ils en crachaient un jet sur le fil de leur faux en tirant la pierre à aiguiser de leur ceinture.
J'ai dis personnel ?
Les images, les odeurs, les bruits qui n'ont cessé de me visiter depuis que j'ai croisé ce Forum, c'est ça, mon rapport. Ce paysage au fond de moi qui s'est soudain animé. Vos visages me sont curieusement flous, même ceux de l'Album-Photo, mais vous, les filles de mon pays, vous me rappelez les figues, oui les figues. Et vos bruits sont clairs. Je me souviens des figues que je mangeais dans l'arbre, molles, tièdes, éclatées. Des fentes perlaient des gouttes de suc jaune. Les gamins plus vieux appelaient les filles des figues. Je ne comprenais pas... L'odeur de galette chaude que je mangeais avec des raisins. Encore aujourd'hui, je mange mes raisins avec du pain faute de galette. Les vignes commençaient derrière la maison. Mes soeurs donnaientt à manger aux poules en prenant le grain par poignées dans le creux d'un sac, qu'est ce qu'elles riaient, mes soeurs, pas les poules. Le soir, les hommes se disputaient tard à propos de la maudite révolution agraire.
À cette époque-là, je trouvais complètement ridicule d'être constantinois. Je ne sais pas ce que j'aurais donné pour être un Fellah, de la Dechra, comme mon oncle. Mais voilà, la vie a dessiné autre chose pour moi, pour certains d'entre vous aussi, vous les immigrants, j'imagine. Or, malgré les distances, malgré le temps, on redevient Algérien, au moment même où on ouvre la fenêtre du Forum-Algérie. Et comme tous les immigrants, je m'invente une Algérie. puis une autre, et encore une autre. Et comme tous les immigrants, mes Algérie n'existent plus. Je suis retourné au village une fois. Mais bien sûr comme souvent les lieux de souvenir, tout est pareil et pourtant complètement différent. Qu'est-ce qu'il y a donc de changé ? À la place des vignes, ils ont planté des nouvelles constructions, des villas qu'y disent. Il y a des commerces. Mes cousins ont deux salles de bains dans leur villa. Ils ont criminellement défiguré mon paysage... J'y pense plus. Et quand j'y pense, je viens ici, au quartier Forum-Algérie,ce quartier en bordure de mon village et du Souk Algérie me donne cette impression, comme avant, de retrouver plein d'enfants qui s'amusent à retourner le foin. En plus, dans mon village, y'avait 3 mosquées, trois mosquées qui appelaient la prière à midi, chacune leur tour. Probablement qu'aucun des trois muezzins n'appelait le midi juste. Chacun appelait son midi. Eh ben, c'est ainsi que je me sens quand je lis vos avis sur des choses de rien du tout : comme une mosquée qui appelle midi un peu avant, un peu après, un peu à côté de la grande mosquée Adhrhar , de la superbe mosquée Nedjma, de la mosquée Harrachi78, de la mosquée Al-Fares, de l'église Danielle, de la majestueuse mosquée Zwina, de la mosquée Hellas, de l'église Joce la mandarine, de la mosquée Jonguar, de la mosquée Marok1, de la mosquée Saryta, de la mosquée Besbes, de la mosquée Incrédule, qui appellent toutes la même prière de midi. Je reprends pour Danielle et Joce, qui sonnent toutes le même sacrament de midi. Guiling, guiling.
je m'invente mon Algérie, ma Dechra aussi. Et je retrouve mes figues, tièdes, éclatées, oui oui, je vous le jure, je les sens et les entends parler, je peux même vous faire l'abécédaire, tiens, A pour Amaarima ou Alya, B pour Besbes comme Biscuit, C pour... Et il y'a aussi des porc-épic ! Oui madame lol, avec des piquants pointus. Mais non madame, leurs piquants sont doux et sans aiguillons. J'ai dis porc-épic ? Si si, je l'ai dis, vous voulez l'abécédaire ? oui madame, A pour the big Adhrhar ou Apophys, B pour Beehive comme Bauréal, C... Et tous ces porc-épic et toutes ces figues, sans exception, quessé j'ai dis là ? sans exception ? Voyons, peux pas dire ça, y'a quand même 4 ou 5 exceptions qui me tombent sur les rognons, des figues pas éclatées du tout, et des porc-épic tout en aiguilles. Or donc, on a au fond de soi, les figues comme les porc-épic du Forum, un noeud de souvenirs qui grouillent comme autant de serpents silencieux. Souvenirs qu'on croit avoir oubliés, qui nous font, nous défont, nous construisent sans qu'on en soit conscient. Je crois aussi que la matrice même de notre Forum-Algérie, c'est un paysage. Mais il y a aussi des bruits et des odeurs. Mais si. Et des figues.
Vive la vie. Et les vacances aussi. Cuba mon vieux. Deux semaine et je vous reviens bronzé. Pas sûr, ma copine est vraiment pas chaude à l'idée.
3idkoum mabrouk et bonne année tout le monde.
3idek mabrouk khouya Adhrhar et bonne année à toi et à toute ta famille. J'avais le goût de déconner avec toi sur le topic réservé à Bachi. Pis non. C'est du sérieux. Et je suis très content de cette bonne nouvelle...À l'année 2007 inchallah.
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