Après plusieurs mois de retard, la rentrée à finalement eu lieu à la faculté de Bouzareah. Depuis plusieurs jours déjà, le rythme infernal évoqué précédemment se met "laborieusement" en place car un problème est en train de raccourcir la durée des cours. Parfois, il a pour conséquence de les annuler tout simplement. Ce nouveau phénomène, qui vient casser le rythme d'enfer au Département des Langues Etrangères, se nomme : la recherche ... de salles.
Imaginez le spectacle : un prof, flanqué d'un ou deux délégués, suivis par une file d'étudiants (entre 20 et 50) qui sillonnent l'étage où les cours sont censés avoir lieu. Quand la recherche est vaine, ils peuvent faire d'autres étages voire tenter une incursion vers d'autres départements dans l'espoir de trouver un abri ... Ah pardon, une salle.
Ne vous indignez pas trop de cette situation grotesque et indigne d'une université. C'est, hélas, la routine, étant donné que le bâtiment B des langues étrangères est surpeuplé. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle la rentrée est retardée chaque année : le manque de salles.
Et pour ne rien arranger, les étudiants, en attendant l'heure des cours, ont tendance à s'installer ou à se "réfugier", sans façon, dans les salles qu'ils trouvent vides, sans profs. Comme il n'y a pas beaucoup de bancs, ni un foyer (un rêve !) ou d'espaces pour réviser, ils occupent les salles vides pour attendre leur prochain cours, se protéger du froid ou même déjeuner... Au regard du règlement, c'est une "occupation" illégale.
Et bien entendu, on trouve aussi (beaucoup moins cette année) des personnes étrangères à la FAC qui mûrissent, zonent, causent, fument et draguent. Comme on l'imagine, ce joyeux cocktail humain n'est pas toujours prompt à quitter les lieux sans rechigner.
Parfois, il faut l'intervention des agents de sécurité pour qu'un professeur, qui serait tombé sur cette salle vide, puisse enfin entamer son cours. Et il arrive parfois que ce professeur qui croit, enfin, avoir eu son abri, soit interrompu par un autre professeur... Lequel affirme que la salle lui a été attribuée au début et qu'il aimerait bien commencer son boulot.
Et comble de l'organisation, il n'est pas du tout impossible de découvrir qu'une salle a été attribuée pour la même heure à deux ou même trois professeurs différents, de classes différentes, censés faire cours à des étudiants différents. Télescopage assuré... Par "chance", ce jour-là, un groupe, parmi les trois censés étudier dans la même salle, ne sera pas affecté par cette situation : leur professeur est en réunion et n'est donc pas dans la mesure d'assurer son cours.
Les étudiants peuvent râler de voir qu'après une rentrée effectuée avec quatre mois de retard, leur cours soit annulé pour une "réunion". Ils peuvent peut-être donc chercher une "salle vide" pour méditer sur l'usage possible de ces quatre mois de retard par leur département. Une meilleure organisation, un effort soutenu de rattrapage du temps perdu, la disparition de la scène, grotesque, du prof en excursion avec ses étudiants pour trouver une salle... Et enfin, des étudiants qui travaillent "normalement" et dont les cours ne sont pas tronqués ou zappés par le manque de salle et la transhumance absurde qu'il engendre...
Mais à Bouzareah, les étudiants ne rêvent plus...
Ce jour-là, une manifestation était organisée à Alger, en soutien à l'artiste de rue Moh Vita, arrêté par la police pour avoir occupé illégalement la place publique. La raison invoquée de son interpellation serait la mendicité. Les étudiants du département, ces SDF de l'enseignement supérieur, mendient régulièrement une salle... Doivent-ils être inquiétés ? Quid de ceux qui en occupent illégalement une autre ?
L'artiste a reçu une "autorisation" de la mairie pour, jouer de la guitare, sur le trottoir. Heureux bonhomme !
A Bouzareah, rien ne change. Un nouvel emploi du temps vient d'être affiché, avec les mêmes salles, les mêmes groupes, et le même nombre d'heures, que le précédent. Et voilà, on va reprendre la transhumance derrière des profs à la recherche d'une salle. Désespérément
Chérif Benjaafar, Huffington Post, 20/01/2016
Imaginez le spectacle : un prof, flanqué d'un ou deux délégués, suivis par une file d'étudiants (entre 20 et 50) qui sillonnent l'étage où les cours sont censés avoir lieu. Quand la recherche est vaine, ils peuvent faire d'autres étages voire tenter une incursion vers d'autres départements dans l'espoir de trouver un abri ... Ah pardon, une salle.
Ne vous indignez pas trop de cette situation grotesque et indigne d'une université. C'est, hélas, la routine, étant donné que le bâtiment B des langues étrangères est surpeuplé. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle la rentrée est retardée chaque année : le manque de salles.
Et pour ne rien arranger, les étudiants, en attendant l'heure des cours, ont tendance à s'installer ou à se "réfugier", sans façon, dans les salles qu'ils trouvent vides, sans profs. Comme il n'y a pas beaucoup de bancs, ni un foyer (un rêve !) ou d'espaces pour réviser, ils occupent les salles vides pour attendre leur prochain cours, se protéger du froid ou même déjeuner... Au regard du règlement, c'est une "occupation" illégale.
Et bien entendu, on trouve aussi (beaucoup moins cette année) des personnes étrangères à la FAC qui mûrissent, zonent, causent, fument et draguent. Comme on l'imagine, ce joyeux cocktail humain n'est pas toujours prompt à quitter les lieux sans rechigner.
Parfois, il faut l'intervention des agents de sécurité pour qu'un professeur, qui serait tombé sur cette salle vide, puisse enfin entamer son cours. Et il arrive parfois que ce professeur qui croit, enfin, avoir eu son abri, soit interrompu par un autre professeur... Lequel affirme que la salle lui a été attribuée au début et qu'il aimerait bien commencer son boulot.
Et comble de l'organisation, il n'est pas du tout impossible de découvrir qu'une salle a été attribuée pour la même heure à deux ou même trois professeurs différents, de classes différentes, censés faire cours à des étudiants différents. Télescopage assuré... Par "chance", ce jour-là, un groupe, parmi les trois censés étudier dans la même salle, ne sera pas affecté par cette situation : leur professeur est en réunion et n'est donc pas dans la mesure d'assurer son cours.
Les étudiants peuvent râler de voir qu'après une rentrée effectuée avec quatre mois de retard, leur cours soit annulé pour une "réunion". Ils peuvent peut-être donc chercher une "salle vide" pour méditer sur l'usage possible de ces quatre mois de retard par leur département. Une meilleure organisation, un effort soutenu de rattrapage du temps perdu, la disparition de la scène, grotesque, du prof en excursion avec ses étudiants pour trouver une salle... Et enfin, des étudiants qui travaillent "normalement" et dont les cours ne sont pas tronqués ou zappés par le manque de salle et la transhumance absurde qu'il engendre...
Mais à Bouzareah, les étudiants ne rêvent plus...
Ce jour-là, une manifestation était organisée à Alger, en soutien à l'artiste de rue Moh Vita, arrêté par la police pour avoir occupé illégalement la place publique. La raison invoquée de son interpellation serait la mendicité. Les étudiants du département, ces SDF de l'enseignement supérieur, mendient régulièrement une salle... Doivent-ils être inquiétés ? Quid de ceux qui en occupent illégalement une autre ?
L'artiste a reçu une "autorisation" de la mairie pour, jouer de la guitare, sur le trottoir. Heureux bonhomme !
A Bouzareah, rien ne change. Un nouvel emploi du temps vient d'être affiché, avec les mêmes salles, les mêmes groupes, et le même nombre d'heures, que le précédent. Et voilà, on va reprendre la transhumance derrière des profs à la recherche d'une salle. Désespérément
Chérif Benjaafar, Huffington Post, 20/01/2016
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