Envoyé par sabahe
... On nous raconte sur la grotte une légende qui semble pleine de réminiscences littéraires, mais qui cependant nous est donnée par plusieurs informateurs. La grotte était habitée par un génie qui avait sept têtes et qui, tous les ans, coupait la source pendant quelque temps, au grand désespoir des habitants privés d'eau. De plus, il désolait tous les environs parce qu'il enlevait toutes les jeunes filles en âge de mariage, de sorte qu'on l'appelait khet't'âf el arâïs, c'est-à-dire le « ravisseur de fiancées ». Pour acheter une tranquillité relative les habitants s'étaient vus dans l'obligation de lui livrer tour à tour une de leurs jeunes filles : alors il s'endormait et se réveillait un an après, demandant une autre victime. Un jour il arriva que ce fut au tour du sultan de lui donner sa fille, mais il ne put s'y résoudre et il appela à son secours le terrible Mâlek S'îf qui se trouvait dans la région.
Celui-ci entra dans la caverne et de son sabre coupa une des sept têtes du monstre, mais le monstre s'enfuit avec les six têtes qui lui restaient et se précipita dans un puits où il disparut. Alors Mâlek S'îf l'y suivit et, au fond du puits, il trouva l'ouverture d'un souterrain dans lequel il s'engagea; il marcha longtemps sous la terre en tâtonnant avec la pointe de son sabre, et enfin il arriva à sentir que celle-ci s'engageait dans l'anneau d'une porte contre laquelle il cogna. Or, derrière cette porte, étaient sept des jeunes filles ravies par le monstre et dont la plus âgée s'appelait Nennathoum.
Lorsqu'elle entendit frapper, elle pressentit qu'elle et ses compagnes allaient être délivrées. Alors elle introduisit Mâlek S'îf et lui dit : « Je vais te donner le moyen de tuer le monstre, car avec tes armes tu ne viendrais jamais à bout de lui ; alors même en effet que tu abattrais les six têtes qui lui restent, et qu'il en mourrait, tu ne le tuerais pas, car en mourant il se brûle lui-même et renaît ensuite de ses cendres. Pour le tuer il faut que tu le frappes avec son propre sabre que voilà. » En disant cela, elle lui montra du doigt un énorme sabre que dix hommes auraient à peine pu porter et qui était suspendu au plafond de la caverne à une grande hauteur.
Après des efforts considérables, Mâlek S'îf arriva à décrocher le sabre et il partit pour tuer le monstre. Lorsque celui-ci le vit arriver il lui dit :
— « Tu veux donc m'enlever encore une tête ? »
— « Je veux, lui répondit le héros, t'anéantir complètement. »
— « Alors, si tu es un brave, attaque-moi comme un brave, mais ne me prends pas en traître, laisse-moi combattre avec mon sabre. »
A ce moment il s'aperçut que ce sabre était entre les mains de son adversaire ; alors il perdit contenance et Mâlek S'îf le frappa d'un coup formidable. Il en mourut sur-le-champ ; et de ses cendres sortirent des milliers et des milliers de vers, qui donnèrent ensuite naissance à une espèce d'oiseaux semblables au corbeau, mais plus petite.Cette espèce est très commune à Demnât et on ne la trouve pas à l'ouest de cette ville au Maroc. Elle se rencontre, paraît-il, du côté de Mazouna, dans le département d'Oran, où on l'appelle r'orâb en Ns'âra, c'est-à-dire « le corbeau des chrétiens ». Les Chleuh' l'appellent amzoui, elle constitue aux yeux des indigènes une des curiosités de Demnât. Sa chair, qui est mauvaise, est cependant mangée à titre de médication: on prétend qu'elle guérit les maladies vénériennes.
Celui-ci entra dans la caverne et de son sabre coupa une des sept têtes du monstre, mais le monstre s'enfuit avec les six têtes qui lui restaient et se précipita dans un puits où il disparut. Alors Mâlek S'îf l'y suivit et, au fond du puits, il trouva l'ouverture d'un souterrain dans lequel il s'engagea; il marcha longtemps sous la terre en tâtonnant avec la pointe de son sabre, et enfin il arriva à sentir que celle-ci s'engageait dans l'anneau d'une porte contre laquelle il cogna. Or, derrière cette porte, étaient sept des jeunes filles ravies par le monstre et dont la plus âgée s'appelait Nennathoum.
Lorsqu'elle entendit frapper, elle pressentit qu'elle et ses compagnes allaient être délivrées. Alors elle introduisit Mâlek S'îf et lui dit : « Je vais te donner le moyen de tuer le monstre, car avec tes armes tu ne viendrais jamais à bout de lui ; alors même en effet que tu abattrais les six têtes qui lui restent, et qu'il en mourrait, tu ne le tuerais pas, car en mourant il se brûle lui-même et renaît ensuite de ses cendres. Pour le tuer il faut que tu le frappes avec son propre sabre que voilà. » En disant cela, elle lui montra du doigt un énorme sabre que dix hommes auraient à peine pu porter et qui était suspendu au plafond de la caverne à une grande hauteur.
Après des efforts considérables, Mâlek S'îf arriva à décrocher le sabre et il partit pour tuer le monstre. Lorsque celui-ci le vit arriver il lui dit :
— « Tu veux donc m'enlever encore une tête ? »
— « Je veux, lui répondit le héros, t'anéantir complètement. »
— « Alors, si tu es un brave, attaque-moi comme un brave, mais ne me prends pas en traître, laisse-moi combattre avec mon sabre. »
A ce moment il s'aperçut que ce sabre était entre les mains de son adversaire ; alors il perdit contenance et Mâlek S'îf le frappa d'un coup formidable. Il en mourut sur-le-champ ; et de ses cendres sortirent des milliers et des milliers de vers, qui donnèrent ensuite naissance à une espèce d'oiseaux semblables au corbeau, mais plus petite.Cette espèce est très commune à Demnât et on ne la trouve pas à l'ouest de cette ville au Maroc. Elle se rencontre, paraît-il, du côté de Mazouna, dans le département d'Oran, où on l'appelle r'orâb en Ns'âra, c'est-à-dire « le corbeau des chrétiens ». Les Chleuh' l'appellent amzoui, elle constitue aux yeux des indigènes une des curiosités de Demnât. Sa chair, qui est mauvaise, est cependant mangée à titre de médication: on prétend qu'elle guérit les maladies vénériennes.
Commentaire