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Une vieille dame de Yakourène, en Kabylie, vient de décéder à l’âge de 117 ans. On sait d’elle par l’entremise de quelques articles de presse qui ont rapporté la nouvelle de sa mort qu’elle est maman d’un «garçon» de 70 ans et de quatre filles dont l’une vivait avec elle jusqu’à son départ, qu’elle a laissé en tout une centaine de petits et arrière-petits enfants, qu’elle a préféré rester jusqu’à son dernier souffle dans une maison traditionnelle alors qu’elle avait la possibilité de vivre avec plus de commodités et qu’elle se nourrissait exclusivement de produits naturels. On sait aussi qu’elle est la «doyenne» de la région par ouï-dire. Du moins jusque-là, parce qu’il est très possible qu’on découvre à la faveur du décès d’une autre vieille dame que finalement, la doyenne de la localité, ce n’est pas celle que croyaient les habitants de Yakourène. Comme on ne sait pas si la vieille femme de Yakourène est vraiment la doyenne de la région, on ne saura sans doute jamais si elle est la plus âgée d’Algérie et peut-être du monde.
Pourtant, si son record de longévité était «homologué», elle aurait été, avant de tirer sa révérence, la plus âgée du monde, puisque «officiellement», la doyenne de l’Humanité aurait aujourd’hui un peu plus de 116 ans, alors que notre brave vieille dame de Yakourène en avait 117 avant de dire adieu à la vie. On sait parfois des choses sur nous non parce que nous faisons un effort de rapprochement mais souvent par inadvertance. Les choses étant au point où elles sont, il y a des niveaux de communication qui deviennent quasiment naturels.
A tel point qu’avec toute la volonté du monde, il est des choses qu’on ne peut pas cacher. On récolte alors, bien malgré nous, des bribes de bonheur dont nous nous croyons rarement capables. On sait des choses sur nous-mêmes mais le monde ne sait rien de nous.
Et l’autodérision devenant autoflagellation, on en rit sans vergogne. On rit de découvrir qu’on confond souvent l’Algérie et le Nigeria, qu’on connaît plus le Nigeria que l’Algérie, qu’on soit surpris qu’il y ait autant de Blancs dans un pays d’Afrique, qu’on s’attende à trouver des chameaux-taxis à l’aéroport, qu’on soit ahuris que la bière est en vente libre, qu’on parle français, qu’on parle arabe, qu’on parle kabyle, qu’on puisse parler trois langues toute la journée à la maison, qu’on puisse parler trois langues au café et toute la vie, qu’il y ait plus de pizzerias à Alger que dans toute l’Italie, qu’on mette des frites et de la mayonnaise sur une pizza, qu’il y ait un sandwich qui s’appelle «fritomlet», que l’Algérie soit si proche du Maroc et si loin de l’Arabie saoudite. On ne sait rien de nous, il arrive même que des émissions télé consacrées à… l’Afrique du Nord nous ignorent !
Nous sommes le plus grand pays d’Afrique depuis la scission du Soudan mais personne ne sait que les cinq-sixièmes de notre superficie sont constitués de désert. Et que le reste est un désert culturel. On ne sait même pas qu’on a un désert. On ne dit rien au monde. Même pas que nous sommes en Méditerranée.
Le monde ne sait pas qu’on a une mer même si on achète nos crevettes et notre thon en haute mer. On a du pétrole mais personne ne sait que la Libye en produit deux fois plus que nous. On ne sait rien de nous. Mais ce n’est pas grave, il arrive même qu’on nous dise qu’on n’a pas besoin du monde. Mais est-ce que le monde a besoin de nous ?
Source: letempsdz.com
Pourtant, si son record de longévité était «homologué», elle aurait été, avant de tirer sa révérence, la plus âgée du monde, puisque «officiellement», la doyenne de l’Humanité aurait aujourd’hui un peu plus de 116 ans, alors que notre brave vieille dame de Yakourène en avait 117 avant de dire adieu à la vie. On sait parfois des choses sur nous non parce que nous faisons un effort de rapprochement mais souvent par inadvertance. Les choses étant au point où elles sont, il y a des niveaux de communication qui deviennent quasiment naturels.
A tel point qu’avec toute la volonté du monde, il est des choses qu’on ne peut pas cacher. On récolte alors, bien malgré nous, des bribes de bonheur dont nous nous croyons rarement capables. On sait des choses sur nous-mêmes mais le monde ne sait rien de nous.
Et l’autodérision devenant autoflagellation, on en rit sans vergogne. On rit de découvrir qu’on confond souvent l’Algérie et le Nigeria, qu’on connaît plus le Nigeria que l’Algérie, qu’on soit surpris qu’il y ait autant de Blancs dans un pays d’Afrique, qu’on s’attende à trouver des chameaux-taxis à l’aéroport, qu’on soit ahuris que la bière est en vente libre, qu’on parle français, qu’on parle arabe, qu’on parle kabyle, qu’on puisse parler trois langues toute la journée à la maison, qu’on puisse parler trois langues au café et toute la vie, qu’il y ait plus de pizzerias à Alger que dans toute l’Italie, qu’on mette des frites et de la mayonnaise sur une pizza, qu’il y ait un sandwich qui s’appelle «fritomlet», que l’Algérie soit si proche du Maroc et si loin de l’Arabie saoudite. On ne sait rien de nous, il arrive même que des émissions télé consacrées à… l’Afrique du Nord nous ignorent !
Nous sommes le plus grand pays d’Afrique depuis la scission du Soudan mais personne ne sait que les cinq-sixièmes de notre superficie sont constitués de désert. Et que le reste est un désert culturel. On ne sait même pas qu’on a un désert. On ne dit rien au monde. Même pas que nous sommes en Méditerranée.
Le monde ne sait pas qu’on a une mer même si on achète nos crevettes et notre thon en haute mer. On a du pétrole mais personne ne sait que la Libye en produit deux fois plus que nous. On ne sait rien de nous. Mais ce n’est pas grave, il arrive même qu’on nous dise qu’on n’a pas besoin du monde. Mais est-ce que le monde a besoin de nous ?
Source: letempsdz.com
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