Notre éditorialiste Joseph Savès cerne les contours des attentats des 7-9-Janvier et leurs possibles implications sur la Nation et l'islam de France...
Il s'interroge aussi sur la prétention de certains Européens, tels les dessinateurs de Charlie Hebdo, à vouloir imposer leurs principes au reste de la planète.
La France communie dans la douleur après les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, les plus meurtriers qu'ait connus le pays depuis un demi-siècle et plus consternants que les attentats des années 1980 car ils sont le fait de gens nés sur son sol.
Ils ont l'odeur sulfureuse de la guerre civile, « le plus grand des maux » (Pascal), avec la crainte qu'ils donnent à quelques milliers de djihahistes français l'envie de terroriser la société. L'Europe a connu semblable précédent avec les attentats gauchistes des années 1970, les « années de plomb », en Allemagne et en Italie (85 morts à la gare de Bologne, le 2 août 1980).
Fait inédit, les attentats des 7-9-Janvier s'inscrivent dans un contexte géopolitique particulièrement instable. Pour la première fois depuis un demi-millénaire, une « ceinture de feu » entoure l'Europe, du Sahel au Proche-Orient, avec le risque que la guerre se transporte au nord de la Méditerranée.
Cette guerre est nourrie par l'hostilité viscérale d'une frange de déclassés musulmans à la modernité occidentale et bénéficie des colossales erreurs d'appréciation des stratèges (!) américains en Afghanistan, Somalie, Irak, Libye, Syrie etc.
Or, du fait de la crise économique et sociale née de la monnaie unique, les États européens se trouvent particulièrement désarmés face à cette menace : est-il encore pertinent de comprimer les dépenses d'éducation, d'armée, de police et de justice au nom du « pacte de stabilité monétaire » ? Pourrons-nous continuer de réduire les budgets militaires quand la plupart des grands pays de la planète réarment à qui mieux mieux ?
Passées les embrassades entre la chancelière allemande et le président de la République, nous verrons bien comment chacun se positionnera sur ces enjeux majeurs. Si la sauvegarde de la paix civile exige des mesures coûteuses, sans doute faudra-t-il choisir entre le sauvetage de l'euro et la sécurité des citoyens.
Plus gravement, il faudra sans doute élaborer une nouvelle politique de l'immigration. Quand la France reçoit bon an mal an deux cent mille jeunes immigrants en provenance des pays les plus instables et les plus pauvres de la planète et sans état-civil fiable, comment ne pas penser que se cachent parmi eux au moins un millier de « fous d'Allah » ? Et parmi les jeunes excités qui brûlent les consulats français au Niger et au Mali, combien s'installeront en France dans les prochaines années ?...
Face au désenchantement politique, à la crise monétaire et aux risques terroristes, les manifestations de fraternité du dimanche 11 janvier ont apporté une lueur d'espoir. Elles n'étaient pas sans rappeler la Fête de la Fédération de 1790... même si elles ont été boudées par les ressortissants musulmans, rebutés à juste titre par le slogan « Je suis Charlie ». Comme si la liberté d'expression et la France devaient s'identifier à un journal marginal qui fait de la dérision et de l'hostilité à toutes les religions son fond de commerce !
Sortir par le haut ?
Le plus difficile est à venir. Dans une France et une Europe menacées d'implosion, il appartient aux citoyens de tous bords et à leurs dirigeants d'empêcher que les attentats des derniers jours ne fassent pendant à celui de Sarajevo, il y a un siècle, et ne débouchent sur trois nouvelles décennies de secousses majeures.
Dans l'épreuve, les Français ont pris conscience de leur appartenance à une seule et même Nation, une Nation qui n'est plus et ne sera jamais plus tout à fait la même que celle de Louis XIV, Clemenceau et de Gaulle.
Les Français dits « de souche », en particulier les plus âgés, qui ont connu une France impériale, essentiellement blanche et catholique, commencent à comprendre que leurs concitoyens de tradition musulmane - au moins la majorité d'entre eux - sont aussi attachés qu'eux à leur sol. Ils aiment tout autant Jeanne d'Arc, le couscous et La Marseillaise et s'honorent d'être français, ce qui n'est pas rien. Leur langue est la langue française et ils jargonnent aussi mal l'arabe que les premiers l'anglais !
Les Français musulmans découvrent quant à eux l'ambivalence de l'islam. Il ne suffit pas de dire : « L'islam, ce n'est pas ça ! L'islam, c'est la paix ! » pour s'en tenir quitte. L'islam, comme toutes les religions et toutes les idéologies, est ce que chacun en fait.
Ses textes fondateurs, le Coran et les hadiths, se prêtent à toutes les interprétations, les plus aimables comme les plus détestables, prescrivant aussi bien la paix que la guerre selon la lecture que l'on en fait (*). Et il est bien connu que le prophète Mahomet lui-même a fait l'objet de fréquentes représentations iconographiques sous d'autres cieux et en d'autres temps.
L'ange Gabriel et Mahomet dans la grotte de la Révélation (miniature persane tirée du Jami' al-Tawarikh - Histoire du Monde - de Rashid al-Din, Tabriz, 1307)
Il appartient donc à chaque musulman de choisir son islam...
Dans un impératif d'équité avec les autres religions, il serait important que les porte-parole de l'islam de France entérinent le droit à la sortie de religion pour les musulman(e)s qui souhaiteraient se convertir ou afficher leur athéisme.
Il serait important aussi qu'ils clarifient une question sensible entre toutes : la conversion préalable pour tout garçon non-musulman qui souhaite épouser une musulmane.
La levée de cette obligation coutumière, qui n'a rien à voir avec les obligations coraniques (*), autoriserait une véritable exogamie, une fusion nationale par le biais d'authentiques mariages mixtes qui n'affecteraient pas plus l'identité chrétienne ou athée des uns que l'identité musulmane des autres. Elle effacerait sans doute l'essentiel du ressentiment qu'éprouvent beaucoup de Français à l'égard de cette religion.
À ces conditions-là, oui, la France peut sortir plus soudée et plus forte de l'épreuve. La solution est entre nos mains et dans nos coeurs.
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Joseph Savès . Herodote
Il s'interroge aussi sur la prétention de certains Européens, tels les dessinateurs de Charlie Hebdo, à vouloir imposer leurs principes au reste de la planète.
La France communie dans la douleur après les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015, les plus meurtriers qu'ait connus le pays depuis un demi-siècle et plus consternants que les attentats des années 1980 car ils sont le fait de gens nés sur son sol.
Ils ont l'odeur sulfureuse de la guerre civile, « le plus grand des maux » (Pascal), avec la crainte qu'ils donnent à quelques milliers de djihahistes français l'envie de terroriser la société. L'Europe a connu semblable précédent avec les attentats gauchistes des années 1970, les « années de plomb », en Allemagne et en Italie (85 morts à la gare de Bologne, le 2 août 1980).
Fait inédit, les attentats des 7-9-Janvier s'inscrivent dans un contexte géopolitique particulièrement instable. Pour la première fois depuis un demi-millénaire, une « ceinture de feu » entoure l'Europe, du Sahel au Proche-Orient, avec le risque que la guerre se transporte au nord de la Méditerranée.
Cette guerre est nourrie par l'hostilité viscérale d'une frange de déclassés musulmans à la modernité occidentale et bénéficie des colossales erreurs d'appréciation des stratèges (!) américains en Afghanistan, Somalie, Irak, Libye, Syrie etc.
Or, du fait de la crise économique et sociale née de la monnaie unique, les États européens se trouvent particulièrement désarmés face à cette menace : est-il encore pertinent de comprimer les dépenses d'éducation, d'armée, de police et de justice au nom du « pacte de stabilité monétaire » ? Pourrons-nous continuer de réduire les budgets militaires quand la plupart des grands pays de la planète réarment à qui mieux mieux ?
Passées les embrassades entre la chancelière allemande et le président de la République, nous verrons bien comment chacun se positionnera sur ces enjeux majeurs. Si la sauvegarde de la paix civile exige des mesures coûteuses, sans doute faudra-t-il choisir entre le sauvetage de l'euro et la sécurité des citoyens.
Plus gravement, il faudra sans doute élaborer une nouvelle politique de l'immigration. Quand la France reçoit bon an mal an deux cent mille jeunes immigrants en provenance des pays les plus instables et les plus pauvres de la planète et sans état-civil fiable, comment ne pas penser que se cachent parmi eux au moins un millier de « fous d'Allah » ? Et parmi les jeunes excités qui brûlent les consulats français au Niger et au Mali, combien s'installeront en France dans les prochaines années ?...
Face au désenchantement politique, à la crise monétaire et aux risques terroristes, les manifestations de fraternité du dimanche 11 janvier ont apporté une lueur d'espoir. Elles n'étaient pas sans rappeler la Fête de la Fédération de 1790... même si elles ont été boudées par les ressortissants musulmans, rebutés à juste titre par le slogan « Je suis Charlie ». Comme si la liberté d'expression et la France devaient s'identifier à un journal marginal qui fait de la dérision et de l'hostilité à toutes les religions son fond de commerce !
Sortir par le haut ?
Le plus difficile est à venir. Dans une France et une Europe menacées d'implosion, il appartient aux citoyens de tous bords et à leurs dirigeants d'empêcher que les attentats des derniers jours ne fassent pendant à celui de Sarajevo, il y a un siècle, et ne débouchent sur trois nouvelles décennies de secousses majeures.
Dans l'épreuve, les Français ont pris conscience de leur appartenance à une seule et même Nation, une Nation qui n'est plus et ne sera jamais plus tout à fait la même que celle de Louis XIV, Clemenceau et de Gaulle.
Les Français dits « de souche », en particulier les plus âgés, qui ont connu une France impériale, essentiellement blanche et catholique, commencent à comprendre que leurs concitoyens de tradition musulmane - au moins la majorité d'entre eux - sont aussi attachés qu'eux à leur sol. Ils aiment tout autant Jeanne d'Arc, le couscous et La Marseillaise et s'honorent d'être français, ce qui n'est pas rien. Leur langue est la langue française et ils jargonnent aussi mal l'arabe que les premiers l'anglais !
Les Français musulmans découvrent quant à eux l'ambivalence de l'islam. Il ne suffit pas de dire : « L'islam, ce n'est pas ça ! L'islam, c'est la paix ! » pour s'en tenir quitte. L'islam, comme toutes les religions et toutes les idéologies, est ce que chacun en fait.
Ses textes fondateurs, le Coran et les hadiths, se prêtent à toutes les interprétations, les plus aimables comme les plus détestables, prescrivant aussi bien la paix que la guerre selon la lecture que l'on en fait (*). Et il est bien connu que le prophète Mahomet lui-même a fait l'objet de fréquentes représentations iconographiques sous d'autres cieux et en d'autres temps.
L'ange Gabriel et Mahomet dans la grotte de la Révélation (miniature persane tirée du Jami' al-Tawarikh - Histoire du Monde - de Rashid al-Din, Tabriz, 1307)
Il appartient donc à chaque musulman de choisir son islam...
Dans un impératif d'équité avec les autres religions, il serait important que les porte-parole de l'islam de France entérinent le droit à la sortie de religion pour les musulman(e)s qui souhaiteraient se convertir ou afficher leur athéisme.
Il serait important aussi qu'ils clarifient une question sensible entre toutes : la conversion préalable pour tout garçon non-musulman qui souhaite épouser une musulmane.
La levée de cette obligation coutumière, qui n'a rien à voir avec les obligations coraniques (*), autoriserait une véritable exogamie, une fusion nationale par le biais d'authentiques mariages mixtes qui n'affecteraient pas plus l'identité chrétienne ou athée des uns que l'identité musulmane des autres. Elle effacerait sans doute l'essentiel du ressentiment qu'éprouvent beaucoup de Français à l'égard de cette religion.
À ces conditions-là, oui, la France peut sortir plus soudée et plus forte de l'épreuve. La solution est entre nos mains et dans nos coeurs.
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Joseph Savès . Herodote
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