Par Xavier Lacroix, philosophe spécialiste du couple
I. Le sens de la parole donnée
Un grand nombre considère que l'amour seul suffit pour durer. À tel point que nous tenons là une des raisons de la relative désaffection à l'égard du mariage. Pourtant deux enquêtes différentes indiquent que les couples concubins, sur dix ans, sont six fois plus précaires que les couples mariés. Avec la venue d'un ou plusieurs enfants, ils le sont encore deux fois plus (1). Indice sans doute d'une différence…
La fidélité est une valeur reconnue. Mais il y a une différence entre ce que j'appellerai la fidélité-résultat et la fidélité-résolue. La première résulte du bon fonctionnement du couple : on est fidèle parce que ça va. La seconde est l'objet d'un vouloir. Elle n'est pas seulement l'effet de causes, mais visée comme fin. Elle est à l'horizon d'une parole, d'un engagement ; elle se réalise comme une construction. Or, d'une façon générale, la promesse est fondatrice non seulement d'humanité mais de cohérence. La parole donnée offre un point d'appui, elle fait référence. « Si nous tenons parole, la parole nous tiendra », disait joliment France Quéré.
Prendre conscience du prix de la promesse, c'est être déjà sur la voie du dépassement de l'affectif et de l'immédiat. La promesse ne se limite pas à l'instant présent, mais elle est capable de déborder sur le futur. L'échange des dons appelle un cadre, un lieu, un pôle de stabilité. Il n'est pas seulement le moteur du lien, il en est aussi l'horizon, la visée, toujours à venir. On se marie pour se donner du temps. En donner à l'autre et déjà à soi-même : le temps d'apprendre à aimer.
Le mariage est un acte de parole solennelle. Il est essentiellement cela. Rien ne pourra remplacer la mémoire de cette promesse par laquelle chacun consent à être lié à l'autre. Veux-tu être mon époux/se ? – Oui. Chacun pressent que cela va plus loin que « je t'aime » ou même que « je t'aimerai toujours ». Il s'agit de changer de statut et de consentir mutuellement à le faire l'un à l'égard de l'autre. Aussi réelles que soient les ressemblances entre le concubinage et le mariage, il y a et il y aura toujours une différence entre avoir ou ne pas avoir prononcé, à haute voix et devant témoins, une telle parole.
I. Le sens de la parole donnée
Un grand nombre considère que l'amour seul suffit pour durer. À tel point que nous tenons là une des raisons de la relative désaffection à l'égard du mariage. Pourtant deux enquêtes différentes indiquent que les couples concubins, sur dix ans, sont six fois plus précaires que les couples mariés. Avec la venue d'un ou plusieurs enfants, ils le sont encore deux fois plus (1). Indice sans doute d'une différence…
La fidélité est une valeur reconnue. Mais il y a une différence entre ce que j'appellerai la fidélité-résultat et la fidélité-résolue. La première résulte du bon fonctionnement du couple : on est fidèle parce que ça va. La seconde est l'objet d'un vouloir. Elle n'est pas seulement l'effet de causes, mais visée comme fin. Elle est à l'horizon d'une parole, d'un engagement ; elle se réalise comme une construction. Or, d'une façon générale, la promesse est fondatrice non seulement d'humanité mais de cohérence. La parole donnée offre un point d'appui, elle fait référence. « Si nous tenons parole, la parole nous tiendra », disait joliment France Quéré.
Prendre conscience du prix de la promesse, c'est être déjà sur la voie du dépassement de l'affectif et de l'immédiat. La promesse ne se limite pas à l'instant présent, mais elle est capable de déborder sur le futur. L'échange des dons appelle un cadre, un lieu, un pôle de stabilité. Il n'est pas seulement le moteur du lien, il en est aussi l'horizon, la visée, toujours à venir. On se marie pour se donner du temps. En donner à l'autre et déjà à soi-même : le temps d'apprendre à aimer.
Le mariage est un acte de parole solennelle. Il est essentiellement cela. Rien ne pourra remplacer la mémoire de cette promesse par laquelle chacun consent à être lié à l'autre. Veux-tu être mon époux/se ? – Oui. Chacun pressent que cela va plus loin que « je t'aime » ou même que « je t'aimerai toujours ». Il s'agit de changer de statut et de consentir mutuellement à le faire l'un à l'égard de l'autre. Aussi réelles que soient les ressemblances entre le concubinage et le mariage, il y a et il y aura toujours une différence entre avoir ou ne pas avoir prononcé, à haute voix et devant témoins, une telle parole.
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