« Le Grand Débat Le Progrès-TLM-Lyonplus », à 21 heures sur TLM
Faut-il ouvrir un lycée musulman dans la région lyonnaise ? Quelle place donner à l'enseignement confessionnel ? Et à l'Islam ? . Ces questions, et beaucoup d'autres, seront abordées ce soir par les invités du « Grand Débat » : Hakim Chergui, responsable de l'asssociation Al-Kindi qui porte le projet du lycée ; Dominique Borne, président de l'Institut européen en sciences des religions ; le Grand Rabbin Jean Wertenschlag ; Azzedine Gaci, président du Conseil régional du culte musulman ; Emmanuel Segretain, directeur de l'enseignement catholique du diocèse de Lyon ; Ahmed et Fatma-Zohra Nasri, parents d'élèves ; et Philipppe Meirieu, pédagogue.
> Vous aussi, vous pouvez donner votre avis en écrivant au « Progrès » : [email protected]).
> Rediffusion samedi 23 à 12 h 30, et dimanche 24 à 19 h 30.
Article du jeudi 21 septembre 2006 Faut-il ouvrir un lycée musulman dans la région lyonnaise ? Quelle place donner à l'enseignement confessionnel ? Et à l'Islam ? . Ces questions, et beaucoup d'autres, seront abordées ce soir par les invités du « Grand Débat » : Hakim Chergui, responsable de l'asssociation Al-Kindi qui porte le projet du lycée ; Dominique Borne, président de l'Institut européen en sciences des religions ; le Grand Rabbin Jean Wertenschlag ; Azzedine Gaci, président du Conseil régional du culte musulman ; Emmanuel Segretain, directeur de l'enseignement catholique du diocèse de Lyon ; Ahmed et Fatma-Zohra Nasri, parents d'élèves ; et Philipppe Meirieu, pédagogue.
> Vous aussi, vous pouvez donner votre avis en écrivant au « Progrès » : [email protected]).
> Rediffusion samedi 23 à 12 h 30, et dimanche 24 à 19 h 30.
Les établissements scolaires musulmans peinent à voir le jour
Le Rhône compte presque 200 écoles, une centaine de collèges et lycées catholiques, plusieurs établissements juifs et aucun établissement musulman. Pourquoi ? Le Grand Débat Le Progrès/TLM ce soir à 21h tentera de répondre à cette question
Le collège-lycée Al Kindi de Décines devait devenir le plus important lycée musulman de France. Mais fin août, le recteur s'oppose à son ouverture (voir ci-dessous). Dès le lendemain, Nazir Hakim, président d'Al Kindi, adresse un courrier au ministre de l'Education nationale pour dénoncer « une décision inique et discriminatoire ». Plusieurs associations signent une pétition. Azzedine Gaci, le président du Conseil régional du culte musulman (1) s'insurge. « Ce traitement d'exception est vécu comme une injustice. Nous ne comprenons pas pourquoi nos dossiers posent automatiquement problème ».
Pourtant, la quasi-absence d'établissements musulmans ne peut s'expliquer par un blocage systématique de l'administration. Elle tient d'abord à une faible demande d'ouverture. « La difficulté est d'abord financière » note Dominique Borne, président de l'Institut européen des sciences des religions. Les musulmans, en majorité issus d'une immigration ouvrière, relativement récente, ne disposent pas du même patrimoine que les catholiques.
Or, avant d'obtenir un contrat d'association avec l'Etat, tout établissement doit fonctionner au moins cinq ans en prenant en charge le salaire de ses enseignants. Didier Leschi, chef du bureau central des cultes au ministère de l'Intérieur, relève également « la difficulté des responsables musulmans à monter un projet sur le plan administratif » ce qui est, remarque-t-il « également le cas pour construire des lieux de culte ».
Ces deux spécialistes de la question admettent pour autant d'autres résistances. « Les mentalités sont encore peu habituées au pluralisme religieux. Pendant très longtemps, l'Islam a été occulté. C'était l'Islam des caves ou des garages » rappelle Dominique Borne.
« Il y a souvent une réticence des partenaires éducatifs à l'ouverture de lycée privé à caractère propre musulman.
On confond encore écoles coraniques - l'équivalent du catéchisme - et les établissements privés musulmans qui appliquent les programmes scolaires, et qui sont contrôlés par l'Etat » regrette Didier Leschi en rappelant que le lycée de Lille s'était heurté à un avis défavorable de l'Education nationale, avant d'ouvrir en 2003.
Pression d'une partie des familles musulmanes qui veulent « leur » enseignement privé, nouvelle place de l'Islam dans des revendications identitaires, loi du 15 mars 2004 sur les signes religieux à l'école publique Différents éléments se conjuguent pour favoriser une nouvelle demande. « Celle-ci montre une volonté d'intégration, un enracinement dans la société française » estime Dominique Borne.
« Dans les procédures administratives d'ouverture, comme dans les demandes de contrat avec l'Etat, il importe de traiter les responsables associatifs musulmans comme on traite les autres responsables » rappelle le Didier Leschi.
Muriel Florin
[email protected]
(1) Tendance UOIF, soit un islam conservateur, comme Nazir Hakim
(2) Un seul sous contrat à la Réunion, deux hors contrat à Lille et Aubervilliers.
Un dossier à rebondissements Prévoyant d'abord 500 élèves, les responsables d'Al Kindi rencontrent le maire de Décines fin octobre. Celui-ci, fervent partisan de l'enseignement public, ne cache pas son opposition. Le lycée doit s'installer dans les locaux de l'entreprise ABB, fabriquant de moteurs. La pollution des sols pose déjà question.
Début juin, vu les délais pour obtenir le permis de construire, et compte tenu de la présence immédiate d'une conduite de gaz, qui interdit l'ouverture à 500 élèves, l'association s'oriente vers un projet plus modeste, dans les locaux de la mosquée. Le recteur refuse pour raison d'hygiène.
Al Kindi se rabat sur un effectif maximum de 150, pour bénéficier de normes plus souples, toujours dans les locaux d'ABB. Zoubir Meddour, le futur directeur, dépose une demande d'ouverture le 31 juillet auprès du rectorat.
Fin août, le recteur de l'académie de Lyon Alain Morvan fait savoir dans la presse qu'il n'est pas favorable au projet, à cause de la pollution des sols, et la présence d'une conduite de gaz mal clôturée. Al Kindi rétorque par des expertises qui montrent que l'air ambiant est exempte de pollution et par le feu vert donné par GDF.
Le 31 août à 18 heures, soit la dernière limite du délai imparti, Alain Morvan annonce officiellement son opposition, mais pour une raison inattendue : « le dossier est caduc » car Zoubir Meddour, qui est lui-même enseignant dans un lycée public, a demandé au rectorat l'annulation de son congé sabbatique. Dans son courrier, il évoque des différends avec Al Kindi, qui n'est alors pas informée de sa démarche
Le lendemain, l'ex-futur directeur dément avoir démissionné et indique, dans un courrier recommandé au rectorat, qu'il souhaite assumer la direction d'Al Kindi bénévolement.
Demain, le Conseil académique de l'éducation nationale confirmera, ou non, l'avis du recteur.
Le Rhône compte presque 200 écoles, une centaine de collèges et lycées catholiques, plusieurs établissements juifs et aucun établissement musulman. Pourquoi ? Le Grand Débat Le Progrès/TLM ce soir à 21h tentera de répondre à cette question
Le collège-lycée Al Kindi de Décines devait devenir le plus important lycée musulman de France. Mais fin août, le recteur s'oppose à son ouverture (voir ci-dessous). Dès le lendemain, Nazir Hakim, président d'Al Kindi, adresse un courrier au ministre de l'Education nationale pour dénoncer « une décision inique et discriminatoire ». Plusieurs associations signent une pétition. Azzedine Gaci, le président du Conseil régional du culte musulman (1) s'insurge. « Ce traitement d'exception est vécu comme une injustice. Nous ne comprenons pas pourquoi nos dossiers posent automatiquement problème ».
Pourtant, la quasi-absence d'établissements musulmans ne peut s'expliquer par un blocage systématique de l'administration. Elle tient d'abord à une faible demande d'ouverture. « La difficulté est d'abord financière » note Dominique Borne, président de l'Institut européen des sciences des religions. Les musulmans, en majorité issus d'une immigration ouvrière, relativement récente, ne disposent pas du même patrimoine que les catholiques.
Or, avant d'obtenir un contrat d'association avec l'Etat, tout établissement doit fonctionner au moins cinq ans en prenant en charge le salaire de ses enseignants. Didier Leschi, chef du bureau central des cultes au ministère de l'Intérieur, relève également « la difficulté des responsables musulmans à monter un projet sur le plan administratif » ce qui est, remarque-t-il « également le cas pour construire des lieux de culte ».
Ces deux spécialistes de la question admettent pour autant d'autres résistances. « Les mentalités sont encore peu habituées au pluralisme religieux. Pendant très longtemps, l'Islam a été occulté. C'était l'Islam des caves ou des garages » rappelle Dominique Borne.
« Il y a souvent une réticence des partenaires éducatifs à l'ouverture de lycée privé à caractère propre musulman.
On confond encore écoles coraniques - l'équivalent du catéchisme - et les établissements privés musulmans qui appliquent les programmes scolaires, et qui sont contrôlés par l'Etat » regrette Didier Leschi en rappelant que le lycée de Lille s'était heurté à un avis défavorable de l'Education nationale, avant d'ouvrir en 2003.
Pression d'une partie des familles musulmanes qui veulent « leur » enseignement privé, nouvelle place de l'Islam dans des revendications identitaires, loi du 15 mars 2004 sur les signes religieux à l'école publique Différents éléments se conjuguent pour favoriser une nouvelle demande. « Celle-ci montre une volonté d'intégration, un enracinement dans la société française » estime Dominique Borne.
« Dans les procédures administratives d'ouverture, comme dans les demandes de contrat avec l'Etat, il importe de traiter les responsables associatifs musulmans comme on traite les autres responsables » rappelle le Didier Leschi.
Muriel Florin
[email protected]
(1) Tendance UOIF, soit un islam conservateur, comme Nazir Hakim
(2) Un seul sous contrat à la Réunion, deux hors contrat à Lille et Aubervilliers.
Un dossier à rebondissements Prévoyant d'abord 500 élèves, les responsables d'Al Kindi rencontrent le maire de Décines fin octobre. Celui-ci, fervent partisan de l'enseignement public, ne cache pas son opposition. Le lycée doit s'installer dans les locaux de l'entreprise ABB, fabriquant de moteurs. La pollution des sols pose déjà question.
Début juin, vu les délais pour obtenir le permis de construire, et compte tenu de la présence immédiate d'une conduite de gaz, qui interdit l'ouverture à 500 élèves, l'association s'oriente vers un projet plus modeste, dans les locaux de la mosquée. Le recteur refuse pour raison d'hygiène.
Al Kindi se rabat sur un effectif maximum de 150, pour bénéficier de normes plus souples, toujours dans les locaux d'ABB. Zoubir Meddour, le futur directeur, dépose une demande d'ouverture le 31 juillet auprès du rectorat.
Fin août, le recteur de l'académie de Lyon Alain Morvan fait savoir dans la presse qu'il n'est pas favorable au projet, à cause de la pollution des sols, et la présence d'une conduite de gaz mal clôturée. Al Kindi rétorque par des expertises qui montrent que l'air ambiant est exempte de pollution et par le feu vert donné par GDF.
Le 31 août à 18 heures, soit la dernière limite du délai imparti, Alain Morvan annonce officiellement son opposition, mais pour une raison inattendue : « le dossier est caduc » car Zoubir Meddour, qui est lui-même enseignant dans un lycée public, a demandé au rectorat l'annulation de son congé sabbatique. Dans son courrier, il évoque des différends avec Al Kindi, qui n'est alors pas informée de sa démarche
Le lendemain, l'ex-futur directeur dément avoir démissionné et indique, dans un courrier recommandé au rectorat, qu'il souhaite assumer la direction d'Al Kindi bénévolement.
Demain, le Conseil académique de l'éducation nationale confirmera, ou non, l'avis du recteur.
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