Rappel

Vous souvenez-vous des chaînes pour une douzaine d'œufs et le statut d'un agent des Galeries Algériennes ? Il faisait la pluie et le beau temps dans cette unique grande surface. Il était le plus respecté, le plus courtisé dans l'immeuble. C'était lui le fournisseur en temps de pénurie. Ah la pénurie le bon vieux temps de la pénurie. Ni zebda, ni tomatiche, ni louz, ni Omo, et téro si vous n'êtes pas content. Tout se distribuait sous le manteau. Il te fallait avoir des connaissances partout. Un rien nécessitait l'intervention du moins que rien qui se prenait pour le nombril du monde. Ah le bon vieux temps où un militaire ou un policier mettait sa tenue de sortie pour brûler les «queues» et se faire servir le premier... Le bon vieux temps où personne ne bronchait.
El youm kayène tout ce qu'il faut. Les Chinois sont là. Les Français sont là. Les Anglais aussi sont là. Les Indiens sont là. Les Afghans qui ont combattu les communistes sont là. Nos frères arabes sont là. Ceux qu'on appelait impirialia sont là. Les Algériens sont las. Et ce sont nos jeunes qui veulent partir. Parce que ceux qui étaient aux commandes lors des ramadhans de pénurie sont toujours là en ce ramadhan où tout est là, sauf l'argent.
par El-Guellil
Le Quotidien d'Oran
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