Malgré tous les aspects de modernité qu’on pourrait voire évoluer au Maroc, la société marocaine reste profondément attachée à la tradition. Les marocains d’aujourd’hui vivent leur libertés en débit de lois qui les étouffent ou du moins essayent de le faire.
Profiter d’une liberté personnelle dans notre société représente une forme de contradiction flagrante entre la réalité de la pratique et le théorique de la morale, qui se manifeste par une hypocrisie sociale dans plusieurs champs de liberté.
La sexualité fait généralement partie de ces champs de liberté individuelle que la société marocaine ne reconnait que dans un cadre légal, moral et religieux, le mariage.
Le mariage est donc une forme de contrat social qui stipule que deux personnes sont libres de vivre leur sexualité exclusivement dans le cadre de règles bien précises dictées par la société et la famille. Ce cadre est, à l’origine, un gage de préservation des valeurs de la famille, essentielles à toute société. Mais placer cette liberté qui est fortement individuelle exclusivement dans un cadre moral qui concerne un groupe de personnes, en l’occurrence, toute la famille, est en quelque sorte une forme de liberté biaisée. Une liberté identique à celle que l’on pourrait offrir à un oiseau enfermé dans une cage : « tu es libre, mais ne t’avise pas de t’envoler au delà des limites que nous t’avons fixées. »
La sexualité d’un individu devient alors l’affaire de toute une famille.
En évoquant la tradition, nous pouvons comprendre ce type de raisonnement lequel, un jour, avait peut- être ses raisons d’être. La stabilité de la société était anciennement fondée sur la stabilité de plusieurs familles évoluant au sein de différents groupements ou tribus. Le mariage avait alors une fonction de ciment laquelle pouvait unir des personnes de familles/tribus différentes afin de n’en constituer qu’une seule. Ce ciment était alors indispensable à la stabilité politique (guerre) ou économique (échanges commerciaux) de l’ensemble des membres du groupe. La sexualité de deux individus, dans ce contexte, devient l’affaire de tous. La conception d’un enfant qu’il soit de sexe masculin ou féminin, éduqué de façon à plaire aux exigences des autres tribus, était alors un moyen engageant les intérêts de tout le groupe.
L’enfant était, de fait, soit bien soit mal éduqué.
La situation, à l’heure actuelle, n’a pas beaucoup évolué dans la mesure où nous connaissons tous des familles (peut-être la nôtre, qui sait) qui enseignent les bases de la réussite d’un bon tagine à leur petite fille afin que le monsieur qui se présentera ne soit pas déçu d’apprendre que sa prétendante est nulle en cuisine. Sans doute est-il l’homme presque parfait ayant pour seul défaut sa gourmandise pour les chhiwat.
Quel gâchis !
La société que nous sommes en train de construire doit être celle d’une jeunesse et, en particulier celle de jeunes filles, indépendantes, capables de mener leur vie sans la nécessité constante de rechercher une personne capable d’assurer leur avenir. Des jeunes filles à la recherche d’un compagnon capable de les comprendre, de les soutenir dans leur choix de vie, plutôt que de leur offrir une vie ready to go.
Ne préfèrerions-nous pas vivre dans une société où l’on permettrait au garçon de suivre sa propre voie, plutôt que de lui indiquer la marche à suivre afin d’avoir assez de moyens pour s’offrir une jeune demoiselle toute prête ayant pour seuls diplômes ses capacités à bien doser le gingembre dans le tagine de left ?
En sommes- nous encore à suivre une logique de survie, où manger représente la seule préoccupation de tous ? Qui ramène la bouffe ? Qui la prépare ?
Les valeurs que nous souhaitons porter dans notre société sont celles de l’indépendance, de la réussite personnelle, de la poursuite des rêves individuels, et dans un registre plus familial, des valeurs de cohésion, de compréhension et d’échange. Il est alors nécessaire de passer par l’individu pour arriver au groupe idéal où chaque membre se sentirait entier. Entier à titre personnel s’il est en accord avec ses propres principes et entier par rapport au groupe s’il peut être soi même sans faire preuve d’hypocrisie vis à vis de membres de son entourage.
Si un individu choisit de vivre sa sexualité hors mariage, nous pouvons alors comprendre qu’il s’agit d’un choix avant tout personnel, que nous n’avons pas spécialement besoin de l’utiliser comme monnaie d’échange avec une autre tribu, et qu’il peut vivre sa sexualité comme il l’entend et avec d’autres individus qui ont fait le même choix.
Comme nous pouvons comprendre et accepter le choix d’une personne qui refuse d’avoir des enfants. Cette personne pourrait alors être conduite en prison pour incitation à l’extinction de la race humaine. Cette hypothèse est bien entendu absurde, et même le plus conservateurs des conservateurs serait, espérons le, d’accord. De la même manière nous pouvons admettre qu’une personne qui choisit de vivre sa sexualité indépendamment de toute relation sérieuse en vue de construire une famille, est libre de ces choix qui ne regardent qu’elle.
Finalement, à force de creuser, nous arrivons à une règle simple qui stipule que la sexualité est avant tout une affaire personnelle. Nous pouvons alors en conclure, par le biais de mots crus, que les décisions qui concernent l’utilisation des organes génitaux sont l’affaire d’une seule et unique personne, celle qui les porte.
Enfermer un individu en prison pour relations sexuelles hors mariage, serait l’équivalent de dire à quelqu’un : « je suis désolé. Tu ne sais pas bien utiliser ton organe génital. Tu dois donc être puni pour ce forfait. »
Soyons sérieux !
Par Youssef Cherkaoui
Profiter d’une liberté personnelle dans notre société représente une forme de contradiction flagrante entre la réalité de la pratique et le théorique de la morale, qui se manifeste par une hypocrisie sociale dans plusieurs champs de liberté.
La sexualité fait généralement partie de ces champs de liberté individuelle que la société marocaine ne reconnait que dans un cadre légal, moral et religieux, le mariage.
Le mariage est donc une forme de contrat social qui stipule que deux personnes sont libres de vivre leur sexualité exclusivement dans le cadre de règles bien précises dictées par la société et la famille. Ce cadre est, à l’origine, un gage de préservation des valeurs de la famille, essentielles à toute société. Mais placer cette liberté qui est fortement individuelle exclusivement dans un cadre moral qui concerne un groupe de personnes, en l’occurrence, toute la famille, est en quelque sorte une forme de liberté biaisée. Une liberté identique à celle que l’on pourrait offrir à un oiseau enfermé dans une cage : « tu es libre, mais ne t’avise pas de t’envoler au delà des limites que nous t’avons fixées. »
La sexualité d’un individu devient alors l’affaire de toute une famille.
En évoquant la tradition, nous pouvons comprendre ce type de raisonnement lequel, un jour, avait peut- être ses raisons d’être. La stabilité de la société était anciennement fondée sur la stabilité de plusieurs familles évoluant au sein de différents groupements ou tribus. Le mariage avait alors une fonction de ciment laquelle pouvait unir des personnes de familles/tribus différentes afin de n’en constituer qu’une seule. Ce ciment était alors indispensable à la stabilité politique (guerre) ou économique (échanges commerciaux) de l’ensemble des membres du groupe. La sexualité de deux individus, dans ce contexte, devient l’affaire de tous. La conception d’un enfant qu’il soit de sexe masculin ou féminin, éduqué de façon à plaire aux exigences des autres tribus, était alors un moyen engageant les intérêts de tout le groupe.
L’enfant était, de fait, soit bien soit mal éduqué.
La situation, à l’heure actuelle, n’a pas beaucoup évolué dans la mesure où nous connaissons tous des familles (peut-être la nôtre, qui sait) qui enseignent les bases de la réussite d’un bon tagine à leur petite fille afin que le monsieur qui se présentera ne soit pas déçu d’apprendre que sa prétendante est nulle en cuisine. Sans doute est-il l’homme presque parfait ayant pour seul défaut sa gourmandise pour les chhiwat.
Quel gâchis !
La société que nous sommes en train de construire doit être celle d’une jeunesse et, en particulier celle de jeunes filles, indépendantes, capables de mener leur vie sans la nécessité constante de rechercher une personne capable d’assurer leur avenir. Des jeunes filles à la recherche d’un compagnon capable de les comprendre, de les soutenir dans leur choix de vie, plutôt que de leur offrir une vie ready to go.
Ne préfèrerions-nous pas vivre dans une société où l’on permettrait au garçon de suivre sa propre voie, plutôt que de lui indiquer la marche à suivre afin d’avoir assez de moyens pour s’offrir une jeune demoiselle toute prête ayant pour seuls diplômes ses capacités à bien doser le gingembre dans le tagine de left ?
En sommes- nous encore à suivre une logique de survie, où manger représente la seule préoccupation de tous ? Qui ramène la bouffe ? Qui la prépare ?
Les valeurs que nous souhaitons porter dans notre société sont celles de l’indépendance, de la réussite personnelle, de la poursuite des rêves individuels, et dans un registre plus familial, des valeurs de cohésion, de compréhension et d’échange. Il est alors nécessaire de passer par l’individu pour arriver au groupe idéal où chaque membre se sentirait entier. Entier à titre personnel s’il est en accord avec ses propres principes et entier par rapport au groupe s’il peut être soi même sans faire preuve d’hypocrisie vis à vis de membres de son entourage.
Si un individu choisit de vivre sa sexualité hors mariage, nous pouvons alors comprendre qu’il s’agit d’un choix avant tout personnel, que nous n’avons pas spécialement besoin de l’utiliser comme monnaie d’échange avec une autre tribu, et qu’il peut vivre sa sexualité comme il l’entend et avec d’autres individus qui ont fait le même choix.
Comme nous pouvons comprendre et accepter le choix d’une personne qui refuse d’avoir des enfants. Cette personne pourrait alors être conduite en prison pour incitation à l’extinction de la race humaine. Cette hypothèse est bien entendu absurde, et même le plus conservateurs des conservateurs serait, espérons le, d’accord. De la même manière nous pouvons admettre qu’une personne qui choisit de vivre sa sexualité indépendamment de toute relation sérieuse en vue de construire une famille, est libre de ces choix qui ne regardent qu’elle.
Finalement, à force de creuser, nous arrivons à une règle simple qui stipule que la sexualité est avant tout une affaire personnelle. Nous pouvons alors en conclure, par le biais de mots crus, que les décisions qui concernent l’utilisation des organes génitaux sont l’affaire d’une seule et unique personne, celle qui les porte.
Enfermer un individu en prison pour relations sexuelles hors mariage, serait l’équivalent de dire à quelqu’un : « je suis désolé. Tu ne sais pas bien utiliser ton organe génital. Tu dois donc être puni pour ce forfait. »
Soyons sérieux !
Par Youssef Cherkaoui
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