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Pourquoi la morsure du vampire fascine???

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  • Pourquoi la morsure du vampire fascine???

    D'un point de vue Freudien les canines sont des organes de pénétration, et chez le vampire un organe reproducteur dans la mesure où il sert dans la plupart des mythes à transmettre l'infection du vampirisme. La morsure est souvent dépeinte comme source de plaisir. Chose intéressante, avant Bram Stoker le vampire n'était pas conçu comme un être particulièrement sexué au sens de la fornication. Ses seules passions étaient une forme de domination féodale de ses victimes mortelles (on peut voir le viol du vampire comme une forme de Prima Nocte, de droit de cuissage) et bien sûr le sang.

    L'échange des fluides dans les rituels courants dans la littérature post-gothique est également très important. La fusion de vie et de mort en une non-mort part d'une série de tabous brisés: celui du Sang (menstruel, comme mortel par la blessure), de la transmission par contact (cathexis) et celui du don divin de la vie. Le vampire vole à Dieu le secret de la vie et s'oppose à l'ordre divin, surtout dans une perspective Paulinienne du Christianisme où la résurrection de la chair ne se fera qu'au jugement dernier. En ce sens Anne Rice a exploré le thème du "Prométhée Noir" volant le feu des Dieux Obscurs avec son personnage de Magnus. Le viol et le vol de ce secret sont très intéressants.

    Il est aussi intéressant de voir que le vampire a un côté androgyne compensé par le fait que mâle comme femelle ont le même mode de reproduction (tabou de la Procréation sexuée dévoyée, sans être une parthénogenèse non plus, mais une troisième possibilité). Les organes génitaux n'ont généralement plus d'importance pour eux; la morsure et le sang sont leur seules passions et désirs, avec la notable exception de Dracula de Stoker et de tous les auteurs qui depuis empruntent ce contenu sexuel explicite (amusant de le retrouver dans la série True Blood ou dans Buffy par exemple).

    La morsure, en plus d'être une agression de type sexuel, est aussi symbolique de l'animalité dans l'homme. Les mythes de vampires en font une créature froide et manipulatrice au visage de marbre, masquant toujours ses émotions derrière son statut-persona (cf The Vampyre du Dr. Polidori, première nouvelle de l'histoire sur le thème, que l'on présume dérobée par l'auteur à Byron). Mais cette persona peut toujours être trahie par la présence de crocs qui donnent une apparence prédatrice terrifiante à la créature par ailleurs policée. Ce paradoxe est particulièrement mis en évidence dans The Vampire Lestat de Rice, où l'esthète intrépide Lestat remarque que son visage est figé dans une sorte de beauté intemporelle mais hélas marré par la présence de disgracieuses canines.

    La part d'ombre en l'homme est aussi assez évidente dans le symbolisme des canines. Comme une mort masquée, un prédateur en soi, caché, qui attend son heure. Qu'on le considère sous l'aspect Freudien ou Jungien, le "ça" ou son quasi équivalent l'archétype de l'Ombre, le vampire est une créature proche du songe et de l'irréel, où la nature cruelle des choses est prompte à ressurgir à la lumière de la conscience. La révélation des canines est emblématique de cette révélation soudaine. L'ambiguïté de la pulsion de mort ou d'amour (Thanatos/Eros) est elle aussi importante. Prédateur et séducteur, le vampire est une part incertaine de nous et sa morsure catalyse cette extrême limite.


    Sources :

    D. Punter: The Literature of Terror (1996)
    Les algeriens ,il vaut mieux etre avec eux que contre eux. Lucky Luciano
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