LE MONDE | 04.05.06
Forte d'Arlésienne, la contraception masculine hormonale se révèle bien une méthode efficace et réversible, condition sine qua non pour être envisageable dans la pratique. Elle fait l'objet d'un article dans l'édition du 29 avril de la revue The Lancet. Les auteurs, des chercheurs américains et canadiens dont deux travaillent pour des laboratoires pharmaceutiques produisant des traitements hormonaux, ont repris les données de trente études, conduites entre 1990 et 2005. Elles portaient sur un effectif total de 1 549 volontaires sains.
La concentration de spermatozoïdes dans le sperme a été surveillée chez ces volontaires, Occidentaux pour 965 d'entre eux et Asiatiques pour 535 autres. 50 % des individus avaient retrouvé un taux supérieur au seuil de fertilité au bout de 3,4 mois chez les Occidentaux, de 3 mois chez les Asiatiques et de 2,5 mois chez les sujets d'une autre origine.
De la même manière qu'il est possible de réaliser une contraception chez la femme par rétro-inhibition au moyen d'oestroprogestatifs, la production de spermatozoïdes peut parfaitement être inhibée par un traitement à base d'androgènes ou combinant des androgènes et des progestatifs. Chez l'homme, ce traitement aboutit à l'absence complète de spermatozoïdes dans le produit de l'éjaculation (azoospermie) ou au minimum à une pauvreté marquée en spermatozoïdes (oligospermie), soit moins de 3 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme.
Une telle pratique contraceptive, dont l'efficacité s'est élevée de 97 à 100 % dans les études, aurait l'intérêt de ne plus faire reposer le planning familial sur les seules épaules des femmes. Des études plus larges sont en cours, notamment un essai de phase III à grande échelle avec des androgènes, en Chine, et un autre, de phase II, mené en Europe avec une combinaison d'androgènes et de progestatifs. L'article du Lancet avait pour objet d'évaluer la vitesse et l'ampleur prévisibles du retour à une spermatogenèse normale, définie par un taux de spermatozoïdes d'au moins 20 millions par millilitre.
Trente études, où le traitement hormonal a été d'au moins trois mois, ont été retenues, soit 90 % des données publiées sur ce sujet. Les données individuelles ont été analysées et pas seulement les données globales de ces trente études. Les auteurs ont pratiqué des analyses fondées sur une seule variable et d'autres prenant en compte plusieurs paramètres.
Un individu qui serait traité pendant un an par une préparation utilisant comme androgène de la testostérone à effet durable retrouverait une concentration de spermatozoïdes normale au bout d'un délai de quatre à cinq mois. Les données des études indiquent que tous les patients traités devraient recouvrer une densité supérieure au seuil de fertilité. Le caractère réversible de cette méthode de contraception masculine apparaît donc établi.
Les auteurs indiquent qu'un homme dont la densité en spermatozoïdes ne serait pas revenue à la normale au bout d'un an devrait faire l'objet d'une investigation à la recherche d'une pathologie endocrinienne qui se serait installée après la mise en route de la contraception. Le phénomène serait comparable à celui de l'absence durable de règles chez la femme après l'arrêt de la contraception.
Parmi les facteurs pouvant jouer sur le retour à la normale, les chercheurs ont identifié l'âge, la concentration de base en spermatozoïdes, le taux sanguin d'hormone lutéinisante, qui régule chez l'homme la production de stéroïdes par le testicule, et la vitesse à laquelle la spermatogenèse est diminuée par le traitement.
L'effet de ces variables est toutefois qualifié de "mineur" par les auteurs. En attendant des études de plus grande ampleur, ces résultats viennent conforter les tenants d'une contraception hormonale masculine.
Paul Benkimoun
Article paru dans l'édition du 05.05.06
Alors messieurs du FA ,
Seriez vous pret á prendre un contraceptif masculin ???
Forte d'Arlésienne, la contraception masculine hormonale se révèle bien une méthode efficace et réversible, condition sine qua non pour être envisageable dans la pratique. Elle fait l'objet d'un article dans l'édition du 29 avril de la revue The Lancet. Les auteurs, des chercheurs américains et canadiens dont deux travaillent pour des laboratoires pharmaceutiques produisant des traitements hormonaux, ont repris les données de trente études, conduites entre 1990 et 2005. Elles portaient sur un effectif total de 1 549 volontaires sains.
La concentration de spermatozoïdes dans le sperme a été surveillée chez ces volontaires, Occidentaux pour 965 d'entre eux et Asiatiques pour 535 autres. 50 % des individus avaient retrouvé un taux supérieur au seuil de fertilité au bout de 3,4 mois chez les Occidentaux, de 3 mois chez les Asiatiques et de 2,5 mois chez les sujets d'une autre origine.
De la même manière qu'il est possible de réaliser une contraception chez la femme par rétro-inhibition au moyen d'oestroprogestatifs, la production de spermatozoïdes peut parfaitement être inhibée par un traitement à base d'androgènes ou combinant des androgènes et des progestatifs. Chez l'homme, ce traitement aboutit à l'absence complète de spermatozoïdes dans le produit de l'éjaculation (azoospermie) ou au minimum à une pauvreté marquée en spermatozoïdes (oligospermie), soit moins de 3 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme.
Une telle pratique contraceptive, dont l'efficacité s'est élevée de 97 à 100 % dans les études, aurait l'intérêt de ne plus faire reposer le planning familial sur les seules épaules des femmes. Des études plus larges sont en cours, notamment un essai de phase III à grande échelle avec des androgènes, en Chine, et un autre, de phase II, mené en Europe avec une combinaison d'androgènes et de progestatifs. L'article du Lancet avait pour objet d'évaluer la vitesse et l'ampleur prévisibles du retour à une spermatogenèse normale, définie par un taux de spermatozoïdes d'au moins 20 millions par millilitre.
Trente études, où le traitement hormonal a été d'au moins trois mois, ont été retenues, soit 90 % des données publiées sur ce sujet. Les données individuelles ont été analysées et pas seulement les données globales de ces trente études. Les auteurs ont pratiqué des analyses fondées sur une seule variable et d'autres prenant en compte plusieurs paramètres.
Un individu qui serait traité pendant un an par une préparation utilisant comme androgène de la testostérone à effet durable retrouverait une concentration de spermatozoïdes normale au bout d'un délai de quatre à cinq mois. Les données des études indiquent que tous les patients traités devraient recouvrer une densité supérieure au seuil de fertilité. Le caractère réversible de cette méthode de contraception masculine apparaît donc établi.
Les auteurs indiquent qu'un homme dont la densité en spermatozoïdes ne serait pas revenue à la normale au bout d'un an devrait faire l'objet d'une investigation à la recherche d'une pathologie endocrinienne qui se serait installée après la mise en route de la contraception. Le phénomène serait comparable à celui de l'absence durable de règles chez la femme après l'arrêt de la contraception.
Parmi les facteurs pouvant jouer sur le retour à la normale, les chercheurs ont identifié l'âge, la concentration de base en spermatozoïdes, le taux sanguin d'hormone lutéinisante, qui régule chez l'homme la production de stéroïdes par le testicule, et la vitesse à laquelle la spermatogenèse est diminuée par le traitement.
L'effet de ces variables est toutefois qualifié de "mineur" par les auteurs. En attendant des études de plus grande ampleur, ces résultats viennent conforter les tenants d'une contraception hormonale masculine.
Paul Benkimoun
Article paru dans l'édition du 05.05.06
Alors messieurs du FA ,
Seriez vous pret á prendre un contraceptif masculin ???
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