Claude Guéant a assuré mercredi devant les députés que deux tiers des enfants d’immigrés quittent le système scolaire sans diplôme. S’il corrige le tir après avoir affirmé dimanche que "les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés", le ministre de l'Intérieur semble toujours se baser sur des chiffres qui n’existent pas.
Claude Guéant s’est-il perdu dans ses calculs? Le ministre de l’Intérieur semble avoir du mal à maîtriser les données dont il dispose sur la question de la scolarité des enfants d’immigrés. Dimanche, invité d’Europe 1, il avait affirmé que "les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés". Mercredi à l’Assemblée nationale, Claude Guéant a utilisé la même fraction, deux tiers, mais de manière radicalement différente. Il affirmait jusqu’alors que deux tiers des enfants en échec scolaire sont des enfants d’immigrés; il prétend désormais que deux tiers des enfants d’immigrés sortent sans diplôme du système scolaire. Loin de maintenir sa position, Claude Guéant a donc complètement changé son fusil d’épaule, sans toutefois coller à la réalité.
Devant les députés, le locataire de la place Beauvau a affirmé tirer ses chiffres d’une étude de l’Insee et de publications de l'OCDE et du Haut commissariat à l'Intégration. Néanmoins, l’étude de l'Insee intitulée Les immigrés en France, édition 2005, sur laquelle le ministère affirme se baser, n’évoque pas la proportion de deux tiers. D’après ce document, 6,1% des enfants issus de familles non-immigrées quittent le système scolaire "sans qualification". Pour les enfants d’immigrés, la proportion monte à 10,7%. Une autre étude de l'Institut national des études démographiques (Ined) évoque des chiffres différents, mais très proches. "Cet écart est assez important, mais il n’est pas de l’ordre de ce que dit Claude Guéant", commente pour leJDD.fr Annick Kieffer, ingénieur de recherche au CNRS et co-auteur de "Les scolarités des enfants d'immigrés de la sixième au baccalauréat: différenciation et polarisation des parcours", paru dans la revue Populations en 2009.
"Guéant compare des choux et des carottes"
En outre, Claude Guéant oublie de citer des éléments de contexte que les chercheurs travaillant sur le sujet prennent toujours en compte. "Il compare des choux et des carottes : les immigrés sont très concentrés dans les catégories non qualifiées, affirme Annick Kieffer. A catégories sociales identiques, les enfants d’immigrés réussissent plutôt mieux que les autres. Et cela se vérifie jusqu’à l’accès au supérieur." La chercheuse affirme toutefois que les enfants d’immigrés ont plus de difficultés que d’autres à élaborer des stratégies d’orientation au sein du système scolaire. Mais, d’après des travaux menés auprès d’un panel d’élèves constitué par l’Education nationale, leurs parents sont très concernés par l’avenir de leurs enfants. “Ces parents n’ont pas le même rapport au système scolaire et les enseignants ne les voient pas beaucoup, c’est vrai. Mais ils cherchent tous les moyens pour que leurs enfants réussissent et on voit très bien qu’ils souffrent de ne pas pouvoir les aider”, indique Annick Kieffer.
Après des déclarations sur le taux de chômage des immigrés, Claude Guéant a semble-t-il voulu poursuivre une campagne médiatique sur l’immigration en se basant sur des statistiques et des chiffres. Mais, tout comme Jean-François Copé, qui avait dénoncé en avril le coût de l’immigration en oubliant de mentionner les recettes, le ministre de l’Intérieur a mal fait ses comptes.
JDD
Claude Guéant s’est-il perdu dans ses calculs? Le ministre de l’Intérieur semble avoir du mal à maîtriser les données dont il dispose sur la question de la scolarité des enfants d’immigrés. Dimanche, invité d’Europe 1, il avait affirmé que "les deux tiers des échecs scolaires, c'est l'échec d'enfants d'immigrés". Mercredi à l’Assemblée nationale, Claude Guéant a utilisé la même fraction, deux tiers, mais de manière radicalement différente. Il affirmait jusqu’alors que deux tiers des enfants en échec scolaire sont des enfants d’immigrés; il prétend désormais que deux tiers des enfants d’immigrés sortent sans diplôme du système scolaire. Loin de maintenir sa position, Claude Guéant a donc complètement changé son fusil d’épaule, sans toutefois coller à la réalité.
Devant les députés, le locataire de la place Beauvau a affirmé tirer ses chiffres d’une étude de l’Insee et de publications de l'OCDE et du Haut commissariat à l'Intégration. Néanmoins, l’étude de l'Insee intitulée Les immigrés en France, édition 2005, sur laquelle le ministère affirme se baser, n’évoque pas la proportion de deux tiers. D’après ce document, 6,1% des enfants issus de familles non-immigrées quittent le système scolaire "sans qualification". Pour les enfants d’immigrés, la proportion monte à 10,7%. Une autre étude de l'Institut national des études démographiques (Ined) évoque des chiffres différents, mais très proches. "Cet écart est assez important, mais il n’est pas de l’ordre de ce que dit Claude Guéant", commente pour leJDD.fr Annick Kieffer, ingénieur de recherche au CNRS et co-auteur de "Les scolarités des enfants d'immigrés de la sixième au baccalauréat: différenciation et polarisation des parcours", paru dans la revue Populations en 2009.
"Guéant compare des choux et des carottes"
En outre, Claude Guéant oublie de citer des éléments de contexte que les chercheurs travaillant sur le sujet prennent toujours en compte. "Il compare des choux et des carottes : les immigrés sont très concentrés dans les catégories non qualifiées, affirme Annick Kieffer. A catégories sociales identiques, les enfants d’immigrés réussissent plutôt mieux que les autres. Et cela se vérifie jusqu’à l’accès au supérieur." La chercheuse affirme toutefois que les enfants d’immigrés ont plus de difficultés que d’autres à élaborer des stratégies d’orientation au sein du système scolaire. Mais, d’après des travaux menés auprès d’un panel d’élèves constitué par l’Education nationale, leurs parents sont très concernés par l’avenir de leurs enfants. “Ces parents n’ont pas le même rapport au système scolaire et les enseignants ne les voient pas beaucoup, c’est vrai. Mais ils cherchent tous les moyens pour que leurs enfants réussissent et on voit très bien qu’ils souffrent de ne pas pouvoir les aider”, indique Annick Kieffer.
Après des déclarations sur le taux de chômage des immigrés, Claude Guéant a semble-t-il voulu poursuivre une campagne médiatique sur l’immigration en se basant sur des statistiques et des chiffres. Mais, tout comme Jean-François Copé, qui avait dénoncé en avril le coût de l’immigration en oubliant de mentionner les recettes, le ministre de l’Intérieur a mal fait ses comptes.
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