C’est Dieu qui instruit l’homme des voies de la perfection, par l’Écriture d’abord, par l’enseignement de l’Église interprétant l’Écriture ensuite. Examiner la manière dont le dogme de l’enfer est proposé à notre foi, c’est se préparer à mieux comprendre la place qu’il doit tenir dans la vie spirituelle.
I - Dans le nouveau testament :
Saint Jean-Baptiste, pour pousser à la pénitence, avait déjà prêché la colère future et le feu où sera précipité l’arbre infructueux, et la fournaise inextinguible qui consumera la paille rejetée par le vanneur ; or, celui-ci va venir nettoyer parfaitement son air. Luc., III, 7, 9, 17 ; cf. Math., III, 10, 12 ; Joa., III, 36.
1-Jésus-christ :
1. Exhortations.– Jésus commence par prêcher la bonne nouvelle du royaume qui s’approche, qui se réalise enfin dans l’humanité ; il y prépare les âmes ; il en promulgue la loi et il exhorte sans cesse à la pratique de cette loi. Il propose pour cela à ses auditeurs des motifs divers ; l’un des plus souvent invoqués est tiré du salut éternel qui est en jeu. Il y a, en effet, un état de péché qui pour l’éternité n’a pas de rémission, mais rendra coupable d’un crime éternel. Marc, III, 29. Cf. Matth., XII, 32 ;
Joa., VIII, 20-24, 35. Et le crime irrémissible aura son châtiment éternel, la géhenne de feu. Dans le sermon sur la montagne, en effet, le Maître recommande, sous peine de supplice terrible, la charité fraternelle Math., v, 22. Il ordonne de même la chasteté à tout prix, fallut-il sacrifier son œil droit et sa main, objets de scandale, pour que le corps ne soit pas jeté dans la géhenne. Math., v, 29, 30. Avant de conclure cette promulgation de la loi nouvelle, Notre seigneur ouvre enfin la perspective de deux avenirs différents : aux uns, le royaume des cieux, aux autres l’éloignement de Jésus qui ne les connaît pas. Math., VII, 21-23.
A Capharnaüm où la foi du centurion excite son admiration, il prophétise la vocation des gentils à la béatitude céleste et la destinée de certains juifs aux ténèbres extérieures, où il y aura des pleurs et des grincements de dents, Math., VIII, 11, 12, ibi erit fletus et stridor dentium.
Aux Douze qu’il envoie prêcher, il enseigne à craindre celui qui peut tuer l’âme et le corps pour la géhenne. Math., x, 28.
Mais le résumé le plus vigoureux de ces exhortations morales se trouve dans Marc, IX, 42-48. Cf. Math., XVIII, 8-9. Le Maître veut prémunir de nouveau ses disciples contre le scandale, cette grande cause de la perte des âmes : "Si ta main te scandalise, dit-il, coupe-la ; il vaut mieux entrer manchot dans la vie (éternelle) que d’aller avec ses deux mains dans la géhenne, dans le feu ne s’éteint pas." Le même refrain est répété après deux couplets que le parallélisme rend de plus en plus poignants : "Et si ton pied te scandalise, coupe-le; il vaut mieux entrer estropié dans la vie (éternelle) que d’être jeté avec deux pieds dans la géhenne du feu inextinguible, où le ver ne meurt pas et leur feu ne s’éteint pas. Et si ton œil te scandalise, arrache-le ; il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d’être jeté dans le géhenne (du feu), où leur ver ne meurt pas et leur feu ne s’éteint pas. Oui, tous seront salés pour le feu comme on sale des victimes avec du sel." En face du royaume de Dieu où la vie, il y aura éternellement un enfer de feu inextinguible, et de ver rongeur indestructible, supplice éternelle des damnés.
2. Paraboles.– La seconde forme d’enseignement du sauveur fut la parabole. Or, fréquemment sous ce voile symbolique, les perspectives éternelles se cachent de façon à se révéler à qui a les yeux pour voir. Plusieurs ont trait à l’enfer.
Parabole de l’ivraie. Math., XIII, 24-30. Un homme n’avait semé que du bon grain dans son champ ; son ennemi y sème de l’ivraie pendant la nuit. Les épis formés, l’ivraie apparaît et les serviteurs veulent aller l’arracher aussitôt ; mais le propriétaire du champ préfère attendre la moisson. Alors il dira aux moissonneurs d’arracher d’abord l’ivraie et de la lier en gerbes pour la livrer au feu. Le sauveur a expliqué lui-même à ses apôtres cette parabole. Math., XIII, 37-43. L’homme qui n’a semé que du bon grain, c’est le fils de l’homme ; le champ c’est le monde ; le bon grain, son les fils du royaume ; l’ivraie , ce sont les fils du mauvais. Le mauvais ennemi qui a semé l’ivraie, c’est le diable. La moisson, c’est la consommation du siècle et les moissonneurs seront les anges. Voici maintenant le sort des méchants :"De même qu’on rassemble l’ivraie et qu’on la brûle au feu, ainsi fera-t-on à la consommation du siècle ; le Fils de l’homme enverra ses anges ; ils ramasseront de son royaume tous les scandales et tous les ouvriers d’iniquité et ils les précipiteront dans la fournaise de feu ; là il y aura des pleurs et des grincement de dents."
Parabole du filet. Math., XIII, 47-50. Le filet retiré plein de poissons, le pêcheur trie les bons poissons qu’il recueille et les mauvais qu’il jette dehors. "Ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Les anges viendront et feront la séparation des justes et des impies et ils jetteront ceux-ci in caminum ignis. Ibierit fletus et stridor dentium."
Dans une autre série de paraboles, voici celle du grand festin, Luc., XIV, 16-24, dans laquelle le Maître déclare qu’aucun des invités rebelles ne goûtera à son repas, symbole de la béatitude céleste ; et puis celle de Lazare, le pauvre mendiant et du mauvais riche. Luc., XVI, 19-31. Le pauvre, qui avait souffert avec patience, étant mort, fut porté par les anges dans le sein d’Abraham ; le riche sans cœur mourut, lui aussi, et fut enseveli. Dans l’Hadès, comme il était dans les tourments, il leva les yeux et vit de loin Abraham et avec lui Lazare. "Père cria-t-il, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper l’extrémité de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue." Abraham répond : "Mon fils, rappelle-toi que tu as eu du bonheur pendant ta vie et que Lazare n’avait alors que des maux ; maintenant il goûte ici la consolation, et toi tu es dans les tourments. De plus, entre nous et vous, a été creusé un abîme immense et personne ne peut plus aller d’ici là-bas, ni de chez vous vers nous." Ce lieu de tourments, où le feu torture le mauvais riche et qui est séparé du sein d’Abraham par un abîme infranchissable, c’est la partie du še'ôl réservée aux méchants, l’enfer éternel, vu et manifesté par le Verbe incarné.
Parabole des noces royales. Math., XXII, 1-14. Un convive est entré sans la robe nuptiale. Le roi le condamne à être jeté, pieds et mains liés, dans les ténèbres extérieures, où seront les pleurs et les grincements de dents.
Paraboles des vierges sages et des vierges folles. Math., XXV, 1-13. Quand les vierges folles reviennent avec leur lampes garnies d’huile, la porte du royaume éternel est fermée. Elles frappent en vain ; l’époux leur répond qu’il ne les connaît pas. Elles sont donc exclues du royaume céleste.
Parabole des talents. Math., XXV, 14, 30 ; cf. Luc., XIX, 1-28. Aux bons serviteurs, qui font valoir leurs talents, la joie du Seigneur ; aux serviteurs négligents et inutiles, les ténèbres extérieures avec les pleurs et les grincements de dents.
Il y aura donc des réprouvés. Du nombre seront les pharisiens hypocrites qui font des païens convertis des fils de géhenne. Math., XXIII, 15. Serpents, race de vipère, le Christ, ému de la perte des âmes, les anathématise, ils n’échapperont pas à la sentence de la géhenne (condamnation à l’enfer).
Dans l’Évangile de saint Jean, les destinées de l’homme sont présentées sous l’idée générale de vie éternelle ou de perte éternelle, III, 3, 15, 16, 18, 36 ; VI, 40, 52, 55, 59 ; x, 28 ; XII, 25, 26, 48, 50 ; XVII, 2, 12 ; XVIII, 9 ; XX, 31. Cette perdition est la peine du dam, plus terrible que celle du feu. Voici encore des traces certaines de la pensée de l’enfer éternel dans le quatrième Évangile. Celui qui ne croit pas au Fils, n’aura pas la vie éternelle, mais la colère de Dieu demeurera sur lui, III, 36. Les Juifs qui mourront dans leurs péchés, ne pourront venir où il va, VIII, 21-24. Le péché rend esclave et l’esclave ne demeure pas toujours comme les fils dans la maison, VIII, 34, 35. Les disciples, qui ne demeureront pas attachés au Maître comme des branches au cep, seront jetés dehors comme des branches stériles ; ils dessécheront, on les recueillera pour les jeter au feu où ils brûleront, XV, 2, 6 ; cf. III, 18 ; V, 22-25, 29 ; IX, 39 ; XII, 31, 46, 48, etc.
I - Dans le nouveau testament :
Saint Jean-Baptiste, pour pousser à la pénitence, avait déjà prêché la colère future et le feu où sera précipité l’arbre infructueux, et la fournaise inextinguible qui consumera la paille rejetée par le vanneur ; or, celui-ci va venir nettoyer parfaitement son air. Luc., III, 7, 9, 17 ; cf. Math., III, 10, 12 ; Joa., III, 36.
1-Jésus-christ :
1. Exhortations.– Jésus commence par prêcher la bonne nouvelle du royaume qui s’approche, qui se réalise enfin dans l’humanité ; il y prépare les âmes ; il en promulgue la loi et il exhorte sans cesse à la pratique de cette loi. Il propose pour cela à ses auditeurs des motifs divers ; l’un des plus souvent invoqués est tiré du salut éternel qui est en jeu. Il y a, en effet, un état de péché qui pour l’éternité n’a pas de rémission, mais rendra coupable d’un crime éternel. Marc, III, 29. Cf. Matth., XII, 32 ;
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A Capharnaüm où la foi du centurion excite son admiration, il prophétise la vocation des gentils à la béatitude céleste et la destinée de certains juifs aux ténèbres extérieures, où il y aura des pleurs et des grincements de dents, Math., VIII, 11, 12, ibi erit fletus et stridor dentium.
Aux Douze qu’il envoie prêcher, il enseigne à craindre celui qui peut tuer l’âme et le corps pour la géhenne. Math., x, 28.
Mais le résumé le plus vigoureux de ces exhortations morales se trouve dans Marc, IX, 42-48. Cf. Math., XVIII, 8-9. Le Maître veut prémunir de nouveau ses disciples contre le scandale, cette grande cause de la perte des âmes : "Si ta main te scandalise, dit-il, coupe-la ; il vaut mieux entrer manchot dans la vie (éternelle) que d’aller avec ses deux mains dans la géhenne, dans le feu ne s’éteint pas." Le même refrain est répété après deux couplets que le parallélisme rend de plus en plus poignants : "Et si ton pied te scandalise, coupe-le; il vaut mieux entrer estropié dans la vie (éternelle) que d’être jeté avec deux pieds dans la géhenne du feu inextinguible, où le ver ne meurt pas et leur feu ne s’éteint pas. Et si ton œil te scandalise, arrache-le ; il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d’être jeté dans le géhenne (du feu), où leur ver ne meurt pas et leur feu ne s’éteint pas. Oui, tous seront salés pour le feu comme on sale des victimes avec du sel." En face du royaume de Dieu où la vie, il y aura éternellement un enfer de feu inextinguible, et de ver rongeur indestructible, supplice éternelle des damnés.
2. Paraboles.– La seconde forme d’enseignement du sauveur fut la parabole. Or, fréquemment sous ce voile symbolique, les perspectives éternelles se cachent de façon à se révéler à qui a les yeux pour voir. Plusieurs ont trait à l’enfer.
Parabole de l’ivraie. Math., XIII, 24-30. Un homme n’avait semé que du bon grain dans son champ ; son ennemi y sème de l’ivraie pendant la nuit. Les épis formés, l’ivraie apparaît et les serviteurs veulent aller l’arracher aussitôt ; mais le propriétaire du champ préfère attendre la moisson. Alors il dira aux moissonneurs d’arracher d’abord l’ivraie et de la lier en gerbes pour la livrer au feu. Le sauveur a expliqué lui-même à ses apôtres cette parabole. Math., XIII, 37-43. L’homme qui n’a semé que du bon grain, c’est le fils de l’homme ; le champ c’est le monde ; le bon grain, son les fils du royaume ; l’ivraie , ce sont les fils du mauvais. Le mauvais ennemi qui a semé l’ivraie, c’est le diable. La moisson, c’est la consommation du siècle et les moissonneurs seront les anges. Voici maintenant le sort des méchants :"De même qu’on rassemble l’ivraie et qu’on la brûle au feu, ainsi fera-t-on à la consommation du siècle ; le Fils de l’homme enverra ses anges ; ils ramasseront de son royaume tous les scandales et tous les ouvriers d’iniquité et ils les précipiteront dans la fournaise de feu ; là il y aura des pleurs et des grincement de dents."
Parabole du filet. Math., XIII, 47-50. Le filet retiré plein de poissons, le pêcheur trie les bons poissons qu’il recueille et les mauvais qu’il jette dehors. "Ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Les anges viendront et feront la séparation des justes et des impies et ils jetteront ceux-ci in caminum ignis. Ibierit fletus et stridor dentium."
Dans une autre série de paraboles, voici celle du grand festin, Luc., XIV, 16-24, dans laquelle le Maître déclare qu’aucun des invités rebelles ne goûtera à son repas, symbole de la béatitude céleste ; et puis celle de Lazare, le pauvre mendiant et du mauvais riche. Luc., XVI, 19-31. Le pauvre, qui avait souffert avec patience, étant mort, fut porté par les anges dans le sein d’Abraham ; le riche sans cœur mourut, lui aussi, et fut enseveli. Dans l’Hadès, comme il était dans les tourments, il leva les yeux et vit de loin Abraham et avec lui Lazare. "Père cria-t-il, aie pitié de moi et envoie Lazare tremper l’extrémité de son doigt dans l’eau pour me rafraîchir la langue." Abraham répond : "Mon fils, rappelle-toi que tu as eu du bonheur pendant ta vie et que Lazare n’avait alors que des maux ; maintenant il goûte ici la consolation, et toi tu es dans les tourments. De plus, entre nous et vous, a été creusé un abîme immense et personne ne peut plus aller d’ici là-bas, ni de chez vous vers nous." Ce lieu de tourments, où le feu torture le mauvais riche et qui est séparé du sein d’Abraham par un abîme infranchissable, c’est la partie du še'ôl réservée aux méchants, l’enfer éternel, vu et manifesté par le Verbe incarné.
Parabole des noces royales. Math., XXII, 1-14. Un convive est entré sans la robe nuptiale. Le roi le condamne à être jeté, pieds et mains liés, dans les ténèbres extérieures, où seront les pleurs et les grincements de dents.
Paraboles des vierges sages et des vierges folles. Math., XXV, 1-13. Quand les vierges folles reviennent avec leur lampes garnies d’huile, la porte du royaume éternel est fermée. Elles frappent en vain ; l’époux leur répond qu’il ne les connaît pas. Elles sont donc exclues du royaume céleste.
Parabole des talents. Math., XXV, 14, 30 ; cf. Luc., XIX, 1-28. Aux bons serviteurs, qui font valoir leurs talents, la joie du Seigneur ; aux serviteurs négligents et inutiles, les ténèbres extérieures avec les pleurs et les grincements de dents.
Il y aura donc des réprouvés. Du nombre seront les pharisiens hypocrites qui font des païens convertis des fils de géhenne. Math., XXIII, 15. Serpents, race de vipère, le Christ, ému de la perte des âmes, les anathématise, ils n’échapperont pas à la sentence de la géhenne (condamnation à l’enfer).
Dans l’Évangile de saint Jean, les destinées de l’homme sont présentées sous l’idée générale de vie éternelle ou de perte éternelle, III, 3, 15, 16, 18, 36 ; VI, 40, 52, 55, 59 ; x, 28 ; XII, 25, 26, 48, 50 ; XVII, 2, 12 ; XVIII, 9 ; XX, 31. Cette perdition est la peine du dam, plus terrible que celle du feu. Voici encore des traces certaines de la pensée de l’enfer éternel dans le quatrième Évangile. Celui qui ne croit pas au Fils, n’aura pas la vie éternelle, mais la colère de Dieu demeurera sur lui, III, 36. Les Juifs qui mourront dans leurs péchés, ne pourront venir où il va, VIII, 21-24. Le péché rend esclave et l’esclave ne demeure pas toujours comme les fils dans la maison, VIII, 34, 35. Les disciples, qui ne demeureront pas attachés au Maître comme des branches au cep, seront jetés dehors comme des branches stériles ; ils dessécheront, on les recueillera pour les jeter au feu où ils brûleront, XV, 2, 6 ; cf. III, 18 ; V, 22-25, 29 ; IX, 39 ; XII, 31, 46, 48, etc.
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