Encore un Ali Baba égyptien qui mange dans le noir
par Kamel Daoud
par Kamel Daoud

Pourquoi en parler maintenant ? Parce que s'il y a un une leçon à tirer et un acte à faire aujourd'hui, c'est bien d'ouvrir le dossier de ces privatisations égyptiennes et de ces détournements de fonds et de missions des instances arabes corporatistes ou politiques. Il est évident que l'on s'est fait avoir, du Golfe à l'Océan, par cette sorte d'impérialisme culturel qui a fait passer tout ce qui est égyptien pour étant arabe et vrai arabe, et qui nous a imposé d'accepter comme capitale Le Caire et comme adresse permanente de nos sièges ce pays et comme SG baveux et ventriloques ces cadres égyptiens. «L'Egypte n'est pas ma mère, je ne l'accepte même pas comme épouse et encore moins comme seconde épouse», explique un personnage imaginaire qui s'adresse à ses propres ancêtres. Le ridicule ne tue pas en effet, mais il rend la vie disgracieuse: car on ne sait pas s'il faut rire ou pleurer de voir que le secrétaire général de la CAF est là depuis plus de 25 ans, depuis sa puberté et qu'il a hérité de ce poste de son propre père pendant que nous, peuples du Maroc à l'Irak, nous applaudissions l'arabité pendant que eux ils s'en goinfraient. Et s'il faut en parler aujourd'hui, c'est pour que cela cesse. Pour que les corporations, les métiers et les politiques se réveillent à cette arnaque et choisissent soit de claquer les portes de ces clubs qui nous apportent rien, de la Ligue arabe à celui de la CAF, soit peser de toutes les forces de la diplomatie, de l'argent et des corporations de métiers, pour démocratiser ces espaces et les assainir. En attendant, le chroniqueur n'arrive pas à l'admettre: comment cela fait-il qu'on a pu fermer les yeux sur ces Ali Baba de la légitimité, capables de secrétariats à vie sans honte et sans recul, à la tête de ce qui nous appartient à tous ? Comment avons-nous fait pour être aussi naïfs et depuis des décennies ? A cause de nos régimes ? Oui, un peu, mais aussi à cause du cinéma égyptien et du cadavre de Nasser.
Le Quotidien d'Oran .