- «Belhadj a tout d’un futur grand joueur, pour peu qu’il discipline son jeu»
- «Je ressens une fierté que la France forme des internationaux africains et des entraîneurs pour leurs sélections»
- «La force de Dahleb était la passe décisive»
- «Madjer est devenu une marque de fabrique»
- «Je n’ai pas admis que des joueurs africains trichent avec moi»
- Depuis quelques mois, vous occupez le poste de Directeur technique national en France alors que, juste avant, vous étiez homme de terrain en entraînant Liverpool et Lyon. Etes-vous plutôt homme de terrain ou bien homme d’organisation et de planification ?
Avant, j’étais responsable d’une équipe ou d’un club que je suivais au quotidien, dans tout son fonctionnement. A présent, je suis responsable du football français dans le domaine technique, que ce soit la masse, l’élite ou la formation, avec une vision à long terme, des objectifs pour le football de demain dont profiteront mes successeurs. C’est une fonction que je connais bien puisque j’ai été Directeur technique national pendant près de dix ans avant de partir à Liverpool. Ce que j’aime dans la fonction de DTN est qu’elle touche à la gestion des hommes et, comme j’étais enseignant par le passé, j’aime bien faire cela. Il y a également l’aspect recherche. Non seulement il faut toucher le haut niveau, mais il faut également anticiper sur ce que sera le football de demain. Vous ne pouvez pas vivre en copiant ce qui se fait dans d’autres pays car vous serez toujours dépassé et vous aurez un train de retard. Vous pouvez, au contraire, imaginer les qualités requises pour le footballeur et le football du futur. - En étant manager de Liverpool entre 1998 et 2004, peut-on dire que vous avez cumulé les deux fonctions puisqu’un manager à l’anglaise à des prérogatives administratives, contrairement à un entraîneur au sens classique du terme ?
C’est vrai qu’en Angleterre, le manager s’occupe même du jardinier et du garde-matériel. L’expérience vécue à Liverpool était fabuleuse. Cependant, chacune de mes expériences professionnelles en tant qu’entraîneur m’a apporté quelque chose, que ce soit à l’US Nœux-les-Mines, au Paris Saint-Germain, au RC Lens ou à la tête de l’équipe de France. Chaque expérience, avec ses particularités, m’a apporté une richesse. - Après quelques mois de fonction, quel est l’état des lieux que vous pouvez dresser sur le football français à l’heure actuelle, dix ans après avoir remporté la Coupe du monde ?
La France a remporté également, durant cette décennie, la Coupe d’Europe des nations en 2000, un trophée aussi important que la Coupe du monde puisque la compétition regroupe les meilleures sélections européennes. Elle a été finaliste de la Coupe du monde il y a deux ans. Pour situer le football français à l’échelle internationale, les chiffres sont édifiants : 1 qualification à chacune des grandes compétitions internationales, 1 finale de Coupe du monde gagnée, 1 finale de Coupe du monde perdue et 1 finale de Coupe d’Europe des nations gagnée. Tout cela en l’espace de huit ou dix ans. C’est un bilan extrêmement positif et peu de nations peuvent s’enorgueillir d’avoir un tel palmarès. Autre chiffre : la France est la deuxième nation dans le monde, après le Brésil, par le nombre de joueurs fournis aux clubs participant à la Champions League européenne. Autrement dit, la France est le centre de formation de l’Europe. La santé du football français est bonne en ce qui concerne les joueurs. Là où il y a un souci, c’est de parvenir, non pas comme les clubs anglais, mais comme les clubs allemands ou espagnols, à garder nos meilleurs joueurs en France. - Pour l’anecdote, parmi les joueurs formés en France et qui ont participé à la présente édition de la Champions League, il y a quatre Algériens : Belhadj avec Lyon, Ziani et Arrache avec Marseille et Hemdani avec les Glasgow Rangers. N’est-ce pas frustrant pour le football français que ses meilleurs jeunes soient piqués par d’autres clubs ?
C’est vous qui dites qu’ils sont piqués par d’autres clubs. Moi, je ne vois pas du tout les choses comme ça. Je pense qu’il y a une forme de mondialisation du football qui constitue une richesse et qui fait, comme l’exemple que vous avez cité, que même des Algériens participent à la Champions League. C’est valable aussi sur le plan économique et sur le plan culturel. Il y a un flux de joueurs entre les clubs et c’est tout à fait naturel. Personnellement, cela ne me dérange pas. Sur les quatre joueurs algériens que vous avez cités, trois jouent dans des clubs français. Donc, la France, à travers les clubs, bénéficie de leurs services.
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