
Le football est un problème de plus, un problème inattendu, entre deux pays frères: l’Algérie et le Maroc.
Qu’est-ce que le foot ? Un bout de cuir rempli d’air et vingt-deux personnes qui se disputent le cuir devant un public de malades mentaux. C’est un jeu stupide. Et cette stupidité n’est rien comparée aux débordements de passion et de violence qui entourent un match de football. Sans oublier les enjeux économiques énormes et indécents que tout cela draine. Et la récupération politique derrière. Le foot est donc la plus grande escroquerie des temps modernes.
Voilà ce que disent ceux qui n’aiment pas le foot. Je n’en fais pas partie mais j’ai parfois du mal à les contredire. Ils n’ont pas toujours tort. Les excès qui entourent le football peuvent un jour le tuer. Ils l’emmènent chaque jour plus loin, loin du sport en tout cas. Et loin de ce petit bout de cuir rempli d’air et des 22 acteurs qui courent derrière.
Vous voulez comprendre ce qui se passe entre le Maroc et l’Algérie, ce qui les rapproche et surtout ce qui les éloigne ? Regardez les matchs de foot qui opposent les représentants des deux pays. Comme le dernier en date, la double confrontation entre le Raja de Casablanca et le Wifaq de Sétif. Une catastrophe. Le match retour vient d’avoir lieu en Algérie et, comme on pouvait le craindre, il s’est terminé dans la confusion la plus totale. Il fallait un vainqueur, alors c’est l’équipe locale (Sétif) qui a gagné, et les perdants, les visiteurs, ont eu droit à un traitement de faveur : coups, insultes, interpellations, etc. Pourquoi un tel déferlement de haine ?
Et encore, je n’ose même pas imaginer ce qui se serait passé à Sétif si le Raja avait gagné le match. A quel traitement de choc le Raja, joueurs et accompagnateurs, auraient-ils eu droit ? Dans quel état auraient-ils quitté le stade et, plus tard, le pays ?
Je ne vais pas jeter la pierre à nos frères algériens. Nos peuples s’aiment mais quand le foot s’en mêle, la propagande officielle chauffe les esprits et les matches deviennent plus qu’un jeu. On bascule dans quelque chose d’à la fois stupide et détestable, et qui n’a rien à voir avec le sport.
Rappelez-vous 1979. La guerre froide domine alors les relations entre les deux pays. La guerre était même un peu chaude puisque le cessez-le-feu n’avait pas encore été déclaré au Sahara. Et voilà que les deux pays s’affrontent, cette fois sur un champ de jeu. Un champ de jeu ? Les médias font le parallèle entre la guerre du Sahara, voire des Sables, et le match de Casablanca. Lequel se solde par un terrible 1-5 et une quasi journée de deuil national au Maroc.
Depuis, les confrontations entre les deux pays, qu’elles concernent les clubs ou les sélections, sont empreintes d’un mauvais parfum. Le détestable Raja – Sétif auquel on vient d’assister rentre dans ce cadre. Et là il faut blâmer les médias des deux pays, mais aussi certains techniciens ou « analystes » qui n’hésitent pas à employer des expressions dignes d’une guerre atomique. « Vaincre ou mourir », « Gagner ou disparaitre », Mourir sur le champ de bataille », etc. Et puis quoi encore ?
Il faut quand même rappeler que le football reste un jeu. Malgré les enjeux économiques et politiques qui le polluent chaque jour un peu plus. Si les supporters l’oublient parfois, les médias et les responsables des deux pays doivent le leur rappeler.
En attendant, bonne continuation à nos amis de Sétif. Ils n’ont gagné qu’un match de football, pas la guerre.
Par Karim Boukhari
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