EXCLUSIF : Les vérités d’Abou Trika «L’Algérie est plus forte qu’on ne le pense»
- Tout d’abord, félicitations à Al Ahly pour sa sixième victoire en Ligue des champions africaine, un record absolu…
Je vous en remercie. Ce n’est pas seulement la victoire pour Al Ahly ou du peuple égyptien, mais celle de toute la Nation arabe. De plus, nous décrochons le droit de participer à la Coupe du monde des clubs pour la troisième fois, ce qu’aucun club au monde n’a réalisé jusqu’à présent. - Beaucoup d’Algériens considèrent que le sacre africain d’Al Ahly est naturel, voire banal et que le plus grand défi est de faire passer au club un palier supérieur à travers une participation conquérante en Coupe du monde des clubs ; partagez-vous cet avis ?
Oui, mais il faut prendre les choses avec simplicité et sans passion ou pression. Il ne faut pas se leurrer, il y a un écart entre le niveau du football européen et celui du football africain. On peut le combler avec le temps. Cependant, il ne faudrait pas exercer des pressions sur nos joueurs en leur exigeant beaucoup de choses. Je me rappelle qu’avant notre première participation à cette compétition, les médias et les supporters s’étaient enflammés en nous demandant la victoire finale, mais nous avons complètement raté le tournoi. Lors de notre deuxième participation, notre prestation a été meilleure et nous avons acquis de l’expérience. Cette fois-ci, nous essayerons de faire mieux, mais il est inutile de faire porter aux joueurs plus de responsabilités qu’ils ne peuvent en supporter. - Sur un plan personnel, le journal El Heddaf, sur la base d’un sondage mené auprès de grands médias de 21 pays arabes, vous avait élu meilleur joueur arabe de l’année 2007…
Oui, je suis au courant. Vos envoyés spéciaux au Ghana à l’occasion de la CAN-2008 me l’avaient appris au cours de l’entretien que je leur avais accordé. C’est un immense honneur pour moi. C’est toute la sélection égyptienne qui est primée à travers moi. Par ailleurs, je me réjouis d’être ainsi honoré par un journal algérien. Cela ne peut que renforcer les liens entre l’Egypte et l’Algérie qui, quoi qu’on dise, sont des pays frères. Bientôt, nos deux sélections s’affronteront et j’espère que les matches se dérouleront dans un esprit fraternel et dans le fair-play. Je souhaite qu’il n’y ait pas de tensions, quel que soit le vainqueur, surtout que les conditions de jeu pour les deux équipes seront similaires. - Vous jouissez d’un immense respect auprès du peuple algérien et votre voix est très écoutée. Avez-vous un appel à lancer aux supporters algériens en perspective de cette double confrontation ?
Je lance un appel pour que les deux matches soient un spectacle et un festival sportifs, loin de tout extrémisme, qu’il y ait un respect de l’adversaire. Contrairement à ce qui se dit généralement ici en Egypte, l’Algérie possède une bonne équipe. Je pense sincèrement qu’elle est performante et qu’elle peut nous causer des problèmes, surtout qu’elle renferme en son sein des jeunes professionnels prometteurs. La mission de l’Egypte semble facile en théorie, mais je suis convaincu que ce sera très dur dans la pratique. Affronter la Zambie, l’Algérie et le Rwanda chez eux ne sera pas de tout repos car chacune de ces équipes nourrit des ambitions et c’est légitime. De plus, pour chacun de nos adversaires, battre le champion d’Afrique est un challenge motivant. Au sein de l’opinion publique égyptienne, l’idée que l’Egypte est déjà en Coupe du monde s’est ancrée et cela ne fera que compliquer notre tâche. Se projeter déjà vers la fin du parcours alors que nous ne l’avons même pas encore entamé est un réel problème. Cela dit, nous tâcherons de bien nous préparer pour ces éliminatoires. Nous avons encore trois matches de préparation avec notre premier rendez-vous. Nous avons de grandes chances de nous qualifier pour la CAN-2010, mais les sélectionnés veulent encore davantage avec une qualification pour le Mondial-2010 en Afrique du Sud. Nous espérons fortement donner cette joie au peuple égyptien.
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