Hossam Hassan, l’un des deux célèbres jumeaux (avec Ibrahim) de la sélection égyptienne, a pris sa retraite après plus de 20 ans de bons et loyaux services à un haut niveau. C’est lui qui, en 1989, avait inscrit au Caire le seul but du fameux match Egypte-Algérie, qualifiant ainsi son pays pour le Mondial-90 et privant l’Algérie d’une troisième participation consécutive à la Coupe du monde. Le célèbre buteur chauve est à présent entraîneur à El Masry, un club de première division de Port-Saïd, une ville côtière située à l’embouchure du canal de Suez. C’est dans son bureau, au stade du club, qu’il nous a reçus pour évoquer ses souvenirs avec le football algérien.
- Le public algérien n’a plus de vos nouvelles. Que devient Hossam Hassan ?
Avant toute chose, je vous souhaite la bienvenue à votre journal, ainsi qu’à tout le public algérien. J’ai pris ma retraite en tant que joueur. J’ai entamé une carrière d’entraîneur avec El Masry, l’un des plus grands clubs d’Egypte. J’ai assuré les entraînements durant les derniers matches de la saison passée et j’ai été installé officiellement au début de cette saison comme entraîneur et directeur technique. - Il est très difficile pour les grands joueurs de mettre un terme à leur carrière, surtout si cette carrière a été riche en titres. Qu’avez-vous ressenti
en arrêtant ?
Cela a été très dur, mais c’est la vie. C’est la loi implacable du football. De tous les corps de métier, le football est celui qui offre les carrières les plus courtes. A la fin, pour faire le bilan, on se pose des questions : est-ce qu’on a joué ? Est-ce qu’on a gagné des titres ? Est-ce qu’on a servi notre pays ? Est-ce qu’on s’est fait un nom sur les scènes nationale et internationale ? Ce sont les réponses à ces questions qui font connaître si on a réussi sa carrière ou pas. Dieu merci, ma carrière a été bien remplie et j’ai laissé des traces. La plus belle chose que j’aie gagnée est l’amour et l’estime du public égyptien et arabe de manière générale. - Vous avez terminé votre carrière internationale en 2006 avec une Coupe d’Afrique des nations assortie du titre de meilleur buteur. N’est-ce pas la fin rêvée ?
N’importe quel joueur au monde rêve de titres. J’ai eu la chance de remporter trois Coupes d’Afrique des nations, de gagner plusieurs titres avec Al Ahly et le Zamalek et d’avoir embrassé une courte carrière professionnelle en Suisse. Cependant, la victoire à la CAN-2006 était le final idéal. C’était tellement beau que ça ne m’avait pas effleuré l’esprit même en rêve. Sachez que la première CAN à laquelle j’ai pris part était celle de 1986 en Egypte, et nous avions remporté le titre et le hasard a voulu que ma dernière participation à cette compétition se fasse 20 ans après, en 2006, toujours dans mon pays, avec également le sacre au bout et également le titre de meilleur buteur et meilleur joueur. N’est-ce pas merveilleux ? Sincèrement, je ne pouvais rêver meilleure sortie. - Au cours de votre long parcours international, vous avez certainement croisé des sélections ou des clubs algériens. Quels souvenirs gardez-vous de ces confrontations ?
Le football algérien a toujours eu ses caractéristiques particulières. Il a toujours eu des sélections très fortes et des individualités marquantes. Il ne faut pas oublier le public algérien qui est connu pour son amour infini pour le football, sa chaleur et son extrême ferveur, tout comme le public égyptien. Affronter l’Algérie, la Tunisie ou le Maroc n’a jamais été facile pour l’Egypte. Ce sont des matches à caractère derby et aucune équipe n’accepte la défaite. L’Algérie a enfanté des joueurs de niveau mondial, comme Madjer, et la génération de la Coupe du monde 1982 a marqué l’Histoire. Ses exploits sont ancrés dans la mémoire de la Nation arabe. Malheureusement, le football algérien a connu un net recul ces dernières années, mais j’ai pu remarquer, à travers les qualifications à la Coupe du monde, qu’il est en train de revenir petit à petit dans le gotha africain. Il a de nombreux joueurs professionnels talentueux et il manque juste un peu de cohésion pour que la sélection soit réellement performante et digne de ses glorieuses aînées. - Comment expliquez-vous la sensibilité parfois exacerbée qui caractérise les confrontations entre l’Algérie et l’Egypte ? Est-ce à cause des joueurs eux-mêmes, des staffs techniques, des médias ou des supporters ?
En toute franchise, la presse est le principal combustible qui met le feu entre les deux nations. Si les médias en Egypte et en Algérie traitaient ces matches comme des événements sportifs tout court, nous aurions donné une plus belle image à la Nation arabe. Un match se termine inévitablement avec un vainqueur et un vaincu et il faut savoir accepter la défaite, dusse-t-elle coûter la participation à la Coupe du monde. Il faut que les médias jouent leur rôle. Les stars, qu’elles soient algériennes ou égyptiennes, doivent être accueillies avec dignité et respect car elles sont les ambassadrices du football arabe à l’étranger. Il n’y a jamais eu de problèmes entre les joueurs des deux camps sur le terrain. Au contraire, ils ont toujours été très proches. C’est la presse qui a créé un problème et les supporters en sont conditionnés. Déjà que les publics égyptien et algérien sont enthousiastes et chauds de nature, il n’est nul besoin que les médias en rajoutent. L’Algérie est allée à la Coupe du monde, l’Egypte également. Ce sont donc des pays à l’avant-garde du football africain et arabe et ils doivent donner l’exemple.
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