Sida : une troisième patiente guérie grâce à une greffe de cellules souches
Grâce à une greffe de cellules souches, une Américaine a guéri du virus du VIH/Sida. Ce serait la troisième personne au monde à être traitée avec succès de cette façon, après la guérison de Timothy Ray Brown en 2008 et d'Adam Castillejo en 2019. Cette réussite ouvre-t-elle la voie à un traitement contre cette terrifiante maladie ? "Non, pas en l'état, car la procédure mise en œuvre est bien trop risquée !", analyse le professeur Philippe Henon, président et responsable de recherche de la société CellProthera, compagnie de biotechnologie médicale basée à Mulhouse et spécialisée dans la régénération des organes.
"Entre 20 et 40% des personnes greffées ne survivent pas à l'opération"
"Si cette approche a toutefois été tentée avec trois patients, poursuit-il, c'est parce qu'ils souffraient, en plus de leur Sida, d'un cancer résistant à toutes les approches thérapeutiques classiques et qui allait les tuer." La dernière patiente en date, une new-yorkaise d'une quarantaine d'années avait été diagnostiquée porteuse du VIH en juin 2013. Les anti-rétroviraux ont permis de maintenir sa charge virale très basse. Malheureusement, quatre ans plus tard, la patiente a développé une leucémie aigüe myéloïde. "D'où le recours à cette greffe très risquée", appuie le chercheur. En jeu, l'éventualité d'une réaction violente et parfois fatale du greffon envers son hôte. "Entre 20 et 40% des personnes greffées ne survivent pas à l'opération", se désole le Pr Henon.
Pour cette raison qu'au préalable de la greffe, il est nécessaire de détruire entièrement la moelle osseuse du patient, et donc le système immunitaire de ce dernier, pour éviter toute réaction de rejet. "Même si le risque était moins élevé ici que pour les deux premiers patients, précise Philippe Henon, puisque ont été greffées à la jeune femme non pas des cellules souches adultes d'un donneur, mais des cellules extraites du sang de cordon ombilical." Les deux patients précédents greffés avec des cellules souches adultes ont en effet souffert d'effets secondaires très violents. Adam Castillejo perdit 35 kilos et une partie de son audition, tandis que Timothy Brown faillit en mourir. "Les greffes de sang de cordon ombilical sont beaucoup moins immunogéniques et sont mieux tolérées par l'organisme receveur." Ainsi, des greffons de sang de cordon issus d'un fœtus n'ont pas besoin d'être totalement compatibles avec le receveur. Seule une compatibilité partielle suffit étant donné que les cellules qu'ils contiennent sont dites totipotentes et capables d'exprimer toutes les potentialités : elles ont la faculté d'être quasi universelles ainsi que d'endosser toutes les identités et de devenir cellule hépatique, cardiaque, neurone, épiderme, etc.
Plus de particules de VIH dans son organisme
L'opération s'est déroulée en plusieurs temps. En août 2021, la patiente a reçu du sang de cordon d'un donneur doté d'une mutation très intéressante et portant sur un des récepteurs à la surface des leucocytes impliqués dans l'immunité : CCR5delta32. Or, les chanceux possédant cette mutation s'avèrent protégés d'une infection par le virus VIH. Très rare, elle n'a été identifiée que chez les Européens. Ainsi, elle est présente à 1,4% en France, et, au plus fort, chez 1,6% des Norvégiens, mais elle n'a jamais été retrouvée chez un patient originaire d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique du Sud.
Dans un second temps, la patiente a reçu du sang de cordon d'un donneur partiellement compatible afin de redonner de la vigueur à ses défenses immunitaires le temps que la première greffe prenne. La new-yorkaise est annoncée "guérie" du VIH, c'est-à-dire qu'on ne trouve plus trace de particules virales dans son organisme. En ce qui concerne sa leucémie, même si celle-ci semble également soignée par la greffe, le risque n'est pas nul qu'elle ressurgisse à un moment. C'est d'ailleurs une rechute de son cancer qui emporta finalement Timothy Brown en 2020...
Grâce à une greffe de cellules souches, une Américaine a guéri du virus du VIH/Sida. Ce serait la troisième personne au monde à être traitée avec succès de cette façon, après la guérison de Timothy Ray Brown en 2008 et d'Adam Castillejo en 2019. Cette réussite ouvre-t-elle la voie à un traitement contre cette terrifiante maladie ? "Non, pas en l'état, car la procédure mise en œuvre est bien trop risquée !", analyse le professeur Philippe Henon, président et responsable de recherche de la société CellProthera, compagnie de biotechnologie médicale basée à Mulhouse et spécialisée dans la régénération des organes.
"Entre 20 et 40% des personnes greffées ne survivent pas à l'opération"
"Si cette approche a toutefois été tentée avec trois patients, poursuit-il, c'est parce qu'ils souffraient, en plus de leur Sida, d'un cancer résistant à toutes les approches thérapeutiques classiques et qui allait les tuer." La dernière patiente en date, une new-yorkaise d'une quarantaine d'années avait été diagnostiquée porteuse du VIH en juin 2013. Les anti-rétroviraux ont permis de maintenir sa charge virale très basse. Malheureusement, quatre ans plus tard, la patiente a développé une leucémie aigüe myéloïde. "D'où le recours à cette greffe très risquée", appuie le chercheur. En jeu, l'éventualité d'une réaction violente et parfois fatale du greffon envers son hôte. "Entre 20 et 40% des personnes greffées ne survivent pas à l'opération", se désole le Pr Henon.
Pour cette raison qu'au préalable de la greffe, il est nécessaire de détruire entièrement la moelle osseuse du patient, et donc le système immunitaire de ce dernier, pour éviter toute réaction de rejet. "Même si le risque était moins élevé ici que pour les deux premiers patients, précise Philippe Henon, puisque ont été greffées à la jeune femme non pas des cellules souches adultes d'un donneur, mais des cellules extraites du sang de cordon ombilical." Les deux patients précédents greffés avec des cellules souches adultes ont en effet souffert d'effets secondaires très violents. Adam Castillejo perdit 35 kilos et une partie de son audition, tandis que Timothy Brown faillit en mourir. "Les greffes de sang de cordon ombilical sont beaucoup moins immunogéniques et sont mieux tolérées par l'organisme receveur." Ainsi, des greffons de sang de cordon issus d'un fœtus n'ont pas besoin d'être totalement compatibles avec le receveur. Seule une compatibilité partielle suffit étant donné que les cellules qu'ils contiennent sont dites totipotentes et capables d'exprimer toutes les potentialités : elles ont la faculté d'être quasi universelles ainsi que d'endosser toutes les identités et de devenir cellule hépatique, cardiaque, neurone, épiderme, etc.
Plus de particules de VIH dans son organisme
L'opération s'est déroulée en plusieurs temps. En août 2021, la patiente a reçu du sang de cordon d'un donneur doté d'une mutation très intéressante et portant sur un des récepteurs à la surface des leucocytes impliqués dans l'immunité : CCR5delta32. Or, les chanceux possédant cette mutation s'avèrent protégés d'une infection par le virus VIH. Très rare, elle n'a été identifiée que chez les Européens. Ainsi, elle est présente à 1,4% en France, et, au plus fort, chez 1,6% des Norvégiens, mais elle n'a jamais été retrouvée chez un patient originaire d'Asie, d'Afrique ou d'Amérique du Sud.
Dans un second temps, la patiente a reçu du sang de cordon d'un donneur partiellement compatible afin de redonner de la vigueur à ses défenses immunitaires le temps que la première greffe prenne. La new-yorkaise est annoncée "guérie" du VIH, c'est-à-dire qu'on ne trouve plus trace de particules virales dans son organisme. En ce qui concerne sa leucémie, même si celle-ci semble également soignée par la greffe, le risque n'est pas nul qu'elle ressurgisse à un moment. C'est d'ailleurs une rechute de son cancer qui emporta finalement Timothy Brown en 2020...
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