Le professeur Elio Riboli, spécialiste de nutrition et cancer et responsable de la division épidémiologie à l'Imperial College de Londres, a participé à la conférence internationale consacrée au rôle des fruits et légumes dans la prévention de l'obésité, qui s'est tenue du 17 au 19 avril à Bruxelles.
Depuis quand savons-nous que les fruits et légumes sont bons pour la santé ?
La première étude épidémiologique sérieuse sur l'effet protecteur des fruits et légumes est américaine et remonte aux années 1930. Puis, après la seconde guerre mondiale, la comparaison de la mortalité par infarctus du myocarde dans différents pays a fait émerger l'idée que le régime méditerranéen (fruits et légumes et huile d'olive) était bon pour protéger des maladies cardio-vasculaires.
Quant au lien entre alimentation et cancer, il est allé à l'encontre du dogme de la cancérologie selon lequel cette maladie était causée par des substances chimiques. Pour certains cancers (sein, prostate, côlon), nous n'avions pas de facteur de risque.
A partir des années 1970, grâce à l'épidémiologie, nous avons commencé à constater que la fréquence de ces trois cancers était très différente suivant les pays. Ainsi, pour le cancer du côlon, il y avait des différences pharamineuses avec une incidence très faible en Asie du Sud-Est, au Japon et en Inde. Par intuition nous nous sommes donc concentrés sur le rôle de l'alimentation.
Que savons-nous aujourd'hui ?
La consommation de fruits et légumes en quantité suffisante permet de lutter contre les grands "killers" de notre siècle que sont le cancer, le diabète et les maladies cardio-vasculaires.
Globalement, environ 30 % des cancers sont dus au tabac et plus de 40 % (notamment ceux de l'appareil digestif) ont un lien avec une mauvaise alimentation. Un tiers d'entre eux pourraient être évités grâce à un changement de comportement alimentaire.
Quelles quantités de fruits et légumes doit-on consommer ?
Le meilleur indicateur, c'est la somme totale de légumes et de fruits consommés (crus ou cuits). Peu importe qu'il s'agisse de tel légume ou de tel autre. Manger cinq fruits ou légumes par jour est davantage un minimum qu'un idéal. Cela représente 400 grammes, ce qui est vite atteint. On peut, sans effort, arriver à 700 grammes par jour.
Ces produits ont deux qualités majeures : ils apportent des vitamines, minéraux, fibres... Et, grâce à l'effet de satiété qu'ils procurent, ils évitent que l'on mange autre chose. Plutôt qu'un message de peur face à la maladie, mieux vaut mettre en avant la longévité et la bonne santé que fruits et légumes procurent. Ils sont essentiels pour la santé.
Comment contrebalancer la puissance publicitaire de l'industrie agroalimentaire ?
Il est difficile de lutter contre des évolutions de société uniquement basées sur des intérêts économiques. Les dépenses en publicité de Coca-Cola sont supérieures au budget de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La promotion de la "junk food" est un crime pour la santé. Mais il n'est pas possible de les interdire sur des critères toxicologiques. L'excès de cholestérol, par exemple, ne rentre pas dans les critères de toxicité. Modifier les comportements alimentaires est un long chemin à l'image de la lutte contre le tabagisme.
source : le Monde
Depuis quand savons-nous que les fruits et légumes sont bons pour la santé ?
La première étude épidémiologique sérieuse sur l'effet protecteur des fruits et légumes est américaine et remonte aux années 1930. Puis, après la seconde guerre mondiale, la comparaison de la mortalité par infarctus du myocarde dans différents pays a fait émerger l'idée que le régime méditerranéen (fruits et légumes et huile d'olive) était bon pour protéger des maladies cardio-vasculaires.
Quant au lien entre alimentation et cancer, il est allé à l'encontre du dogme de la cancérologie selon lequel cette maladie était causée par des substances chimiques. Pour certains cancers (sein, prostate, côlon), nous n'avions pas de facteur de risque.
A partir des années 1970, grâce à l'épidémiologie, nous avons commencé à constater que la fréquence de ces trois cancers était très différente suivant les pays. Ainsi, pour le cancer du côlon, il y avait des différences pharamineuses avec une incidence très faible en Asie du Sud-Est, au Japon et en Inde. Par intuition nous nous sommes donc concentrés sur le rôle de l'alimentation.
Que savons-nous aujourd'hui ?
La consommation de fruits et légumes en quantité suffisante permet de lutter contre les grands "killers" de notre siècle que sont le cancer, le diabète et les maladies cardio-vasculaires.
Globalement, environ 30 % des cancers sont dus au tabac et plus de 40 % (notamment ceux de l'appareil digestif) ont un lien avec une mauvaise alimentation. Un tiers d'entre eux pourraient être évités grâce à un changement de comportement alimentaire.
Quelles quantités de fruits et légumes doit-on consommer ?
Le meilleur indicateur, c'est la somme totale de légumes et de fruits consommés (crus ou cuits). Peu importe qu'il s'agisse de tel légume ou de tel autre. Manger cinq fruits ou légumes par jour est davantage un minimum qu'un idéal. Cela représente 400 grammes, ce qui est vite atteint. On peut, sans effort, arriver à 700 grammes par jour.
Ces produits ont deux qualités majeures : ils apportent des vitamines, minéraux, fibres... Et, grâce à l'effet de satiété qu'ils procurent, ils évitent que l'on mange autre chose. Plutôt qu'un message de peur face à la maladie, mieux vaut mettre en avant la longévité et la bonne santé que fruits et légumes procurent. Ils sont essentiels pour la santé.
Comment contrebalancer la puissance publicitaire de l'industrie agroalimentaire ?
Il est difficile de lutter contre des évolutions de société uniquement basées sur des intérêts économiques. Les dépenses en publicité de Coca-Cola sont supérieures au budget de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La promotion de la "junk food" est un crime pour la santé. Mais il n'est pas possible de les interdire sur des critères toxicologiques. L'excès de cholestérol, par exemple, ne rentre pas dans les critères de toxicité. Modifier les comportements alimentaires est un long chemin à l'image de la lutte contre le tabagisme.
source : le Monde