Selon une étude américaine, le cancer est souvent dû à un "manque de chance". Le professeur Calvo revient sur ces résultats édifiants. Interview.
L'étude publiée ce matin dans la revue Science suscite - déjà - de nombreux commentaires. Car si, comme l'indiquent ses auteurs, le cancer est souvent dû à un "manque de chance", à quoi bon continuer les campagnes de prévention, les actions de lutte contre la pollution et les divers conseils d'hygiène de vie ? Pour le professeur Fabien Calvo de l'Institut Gustave Roussy - qui est depuis peu le directeur scientifique de Cancer Core Europe, qui fédère six centres européens de recherche sur le cancer -, ce titre est volontairement un peu provocateur. Et les chercheurs ont surtout réussi à démontrer que le risque de cancer est directement lié à la faculté des cellules souches à se diviser. Ces fameuses cellules, indifférenciées, permettent aux différents organes de se régénérer plus ou moins rapidement (les plus connues sont les cellules dites hématopoïétiques, qui donnent naissance à tous les composants du sang).
Le Point.fr : Selon l'étude américaine en question, un tiers seulement des cancers sont le fruit de facteurs génétiques ou d'un environnement défavorable. Que retenir de cette publication ?
Professeur Fabien Calvo : Il y a un "taux de base" de tumeurs malignes lié au nombre de divisions des cellules (elles se renouvellent, par exemple, bien plus vite dans le côlon que dans l'intestin grêle). Si l'on excluait tous les facteurs de risque connus actuellement, on aurait une courbe assez linéaire avec des relations directes entre la capacité de division des cellules souches présentes dans les différents organes de notre corps et le risque de développer un cancer. Mais je me méfie du hasard et de l'aléatoire, car ce sont des notions assez complexes en biologie et elles cachent parfois notre ignorance. À cela, il faut ajouter les facteurs de risque, mais il est évident que nous ne les avons pas encore tous identifiés, même si les principaux semblent désormais connus.
De plus, cette étude ne prend pas en compte les tumeurs malignes qui frappent les enfants. Ni deux cancers extrêmement fréquents, celui du sein et de la prostate, simplement parce que l'on manque de données fiables sur le nombre de divisions cellulaires dans ces deux organes.
Ce travail remet-il en cause les campagnes de prévention des cancers ?
Absolument pas. Prenez le poumon : c'est un organe très riche en cellules souches. Le risque de base de cancer est donc relativement important. Et il est considérablement multiplié (jusqu'à 70 fois) chez les consommateurs de tabac. Globalement, on pourrait espérer prévenir entre 40 et 50 % des cancers puisqu'on connaît leurs facteurs de risque.
Dans plus de la moitié des cas, on ne peut donc conseiller qu'une surveillance attentive de la population ?
Oui, le dépistage précoce est la seule arme dont nous disposons pour réduire l'impact de nombreux cancers. Tout le monde sait que plus la maladie est dépistée tôt, puis il sera possible de la guérir et moins les traitements seront lourds. Il faut donc y recourir régulièrement, notamment chez les personnes qui avancent en âge puisque ces résultats confortent la théorie classique selon laquelle les cancers sont des maladies liées au vieillissement.
Le point .fr
vidéo
http://www.itele.fr/monde/video/la-c...ricaine-106276
L'étude publiée ce matin dans la revue Science suscite - déjà - de nombreux commentaires. Car si, comme l'indiquent ses auteurs, le cancer est souvent dû à un "manque de chance", à quoi bon continuer les campagnes de prévention, les actions de lutte contre la pollution et les divers conseils d'hygiène de vie ? Pour le professeur Fabien Calvo de l'Institut Gustave Roussy - qui est depuis peu le directeur scientifique de Cancer Core Europe, qui fédère six centres européens de recherche sur le cancer -, ce titre est volontairement un peu provocateur. Et les chercheurs ont surtout réussi à démontrer que le risque de cancer est directement lié à la faculté des cellules souches à se diviser. Ces fameuses cellules, indifférenciées, permettent aux différents organes de se régénérer plus ou moins rapidement (les plus connues sont les cellules dites hématopoïétiques, qui donnent naissance à tous les composants du sang).
Le Point.fr : Selon l'étude américaine en question, un tiers seulement des cancers sont le fruit de facteurs génétiques ou d'un environnement défavorable. Que retenir de cette publication ?
Professeur Fabien Calvo : Il y a un "taux de base" de tumeurs malignes lié au nombre de divisions des cellules (elles se renouvellent, par exemple, bien plus vite dans le côlon que dans l'intestin grêle). Si l'on excluait tous les facteurs de risque connus actuellement, on aurait une courbe assez linéaire avec des relations directes entre la capacité de division des cellules souches présentes dans les différents organes de notre corps et le risque de développer un cancer. Mais je me méfie du hasard et de l'aléatoire, car ce sont des notions assez complexes en biologie et elles cachent parfois notre ignorance. À cela, il faut ajouter les facteurs de risque, mais il est évident que nous ne les avons pas encore tous identifiés, même si les principaux semblent désormais connus.
De plus, cette étude ne prend pas en compte les tumeurs malignes qui frappent les enfants. Ni deux cancers extrêmement fréquents, celui du sein et de la prostate, simplement parce que l'on manque de données fiables sur le nombre de divisions cellulaires dans ces deux organes.
Ce travail remet-il en cause les campagnes de prévention des cancers ?
Absolument pas. Prenez le poumon : c'est un organe très riche en cellules souches. Le risque de base de cancer est donc relativement important. Et il est considérablement multiplié (jusqu'à 70 fois) chez les consommateurs de tabac. Globalement, on pourrait espérer prévenir entre 40 et 50 % des cancers puisqu'on connaît leurs facteurs de risque.
Dans plus de la moitié des cas, on ne peut donc conseiller qu'une surveillance attentive de la population ?
Oui, le dépistage précoce est la seule arme dont nous disposons pour réduire l'impact de nombreux cancers. Tout le monde sait que plus la maladie est dépistée tôt, puis il sera possible de la guérir et moins les traitements seront lourds. Il faut donc y recourir régulièrement, notamment chez les personnes qui avancent en âge puisque ces résultats confortent la théorie classique selon laquelle les cancers sont des maladies liées au vieillissement.
Le point .fr
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