La raison pour laquelle le nombre de familles monoparentales augmente s’explique par divers aspects. Les femmes sont de plus en plus indépendantes et «libres». En vérité, elles sont de moins en moins sous l’emprise de leurs maris. Elles travaillent et n’ont plus peur de se retrouver seules. Malgré le fait que le nouveau Code de la famille donne plus de droits aux femmes, le nombre de divorcés ne cesse d’accroître ces dernières années. Et c’est souvent l’enfant qui paie les frais de la séparation des parents. Qu’en est-il pour lui ? Quel sera son quotidien? Comment pourra-t-il se reconstruire à travers cette rude expérience ? Les spécialistes confirment qu’un enfant se forme à travers son éducation, son expérience et surtout via le reflet de ses parents. «Un fils aura besoin de la protection de sa maman, d’une image masculine comme modèle et bien évidemment de l’amour des deux.
Et vice versa pour la petite fille. Un enfant ayant grandi au sein d’une famille monoparentale a subi un impact dans sa jeunesse que les autres ne connaissent pas. Mais cela ne signifie pas qu’il en sera plus malheureux, car l’essentiel c’est l’amour des parents. En effet, la base de l’épanouissement de l’enfant est de se sentir aimé et compris par le papa et la maman», expliquent-ils. Yassine, enfant d’un divorce, raconte comment il a vécu cette étape. «Quand mes parents se sont séparés, j’avais 11 ans. À ce moment-là, je n’ai pas réalisé ce qui se passait. Je pensais que c’était une chose normale», explique-t-il. «Malgré le fait que mes parents se soient séparés en mauvais termes, j’ai gardé un bon contact avec les deux.
En effet, ma mère en voulait beaucoup à mon père d’être parti en lui laissant deux enfants à charge. De plus, mon père s’est rapidement remarié. Étant très attaché à ma mère, je l’ai toujours supportée et j’ai voulu l’aider au maximum dans cette dure étape. Et d’un autre côté, j’ai toujours gardé du respect vis-à-vis de mon père», souligne-t-il. Sans s’en rendre compte, Yassine est devenu un jeune homme de 22 ans, un peu perturbé. Il a été à plusieurs rendez-vous chez un psychologue afin de pouvoir s’en remettre. Il est actuellement sous antidépresseur et comprend enfin que ce moment de sa vie a défini le jeune homme qu’il est maintenant et sa façon de penser. Par exemple, son hostilité au mariage. «Au final, qu’un enfant grandisse au sein d’une famille monoparentale au non, le plus important est qu’il soit heureux à la vue de ses deux parents», souligne le Dr Bouchaib Karroumi, pédopsychiatre. «L’attitude des parents est importante pour que l’enfant passe cette étape de la séparation dans de bons termes. Ces derniers doivent lui expliquer la raison de cette séparation. Calmement et de manière sereine, le parent doit clarifier les choses avec des mots simples pour que l’enfant soit rassuré et pour minimiser son impact. Le parent a deux fonctions : celle du conjoint et celle du parent. S’il perd la première, ça ne veut pas dire qu’il perd la seconde», ajoute le pédopsychiatre. Les conséquences d’une famille monoparentale sur le développement physique et psychique de l’enfant comportent beaucoup d’impacts. Et «ces impacts sont expliqués par de nombreux paramètres, qu’on calcule au nombre de six», révèle le Dr Karroumi. Ses paramètres sont :
1. L’âge où a lieu la séparation : il y a des âges plus délicats pour qu’un enfant subisse la séparation de ses parents, notamment lors de ses premières années et à la période de préadolescence (entre 10 et 13 ans).
2. La personnalité de l’enfant : tous les enfants ont une capacité à gérer les événements familiaux d’une telle ampleur. Mais elle diffère selon les enfants et leur personnalité. Sur certains enfants, peut-être un peu plus fragiles, cela aura un impact plus important. Il y a aussi ceux où le choc viendra bien plus tard (ou pas d’ailleurs).
3. Les conditions dans lesquelles les parents se séparent : si la rupture est tranquille et apaisante, l’enfant va, bien évidemment, beaucoup plus relativiser. Il prendra la chose d’une manière un peu plus sereine que si la séparation se fait de manière violente.
4. L’état de l’union avant le divorce : si la vie de l’enfant était déjà très perturbée par les disputes de ses parents avant la rupture, il est vrai que parfois la séparation peut être bénéfique au sein de la famille. Si l’enfant grandit entre des cris et des pleurs quotidiens, cette étape pourra être pour lui comme un soulagement.
5. La situation du parent en charge de l’enfant : si le parent ayant la garde de l’enfant se porte bien psychologiquement et physiquement, qu’il prend cette séparation d’une bonne manière et que de manière générale, il arrive à gérer le fait de se retrouver seul, l’enfant appréciera que ses parents soient bien même seuls. En fait, il faut que les parents et l’enfant retrouvent un nouvel équilibre d’apaisement qui fera sentir l’enfant bien dans sa peau.
6. La relation avec l’autre parent après la séparation : sur ce point, c’est tout ce qui va concerner les visites. Est-ce qu’elles se feront fréquemment, est-ce qu’elles se passeront bien ? Dans certains cas, y aura-t-il des visites ?
C’est cet ensemble de paramètres qui permettront à l’enfant de bien se développer psychologiquement, physiquement et surtout de pouvoir s’épanouir. «D’ailleurs, l’enfant a cette aptitude de ne pas forcément avoir besoin d’une présence physique pour s’épanouir. Si la séparation se passe bien, il n’y a aucune raison pour que l’enfant soit dérangé dans son quotidien, même en n’ayant la présence que d’un seul des deux parents», explique le Dr Karroumi. En cas de décès de l’un des parents, l’enfant ne pourra même plus avoir de nouvelles de l’autre parent.
C’est alors qu’il va se construire, avec certes un parent qui manque, en essayant soit de trouver des identifications chez un membre de sa famille, soit en se créant une image imaginaire pour se construire avec la représentation du parent dont il a besoin pour se développer.
L’entourage, ce pilier !
Au Maroc, la famille, c’est sacré. Si parfois on peut penser qu’elle est étouffante, quand on se retrouve face à nos soucis, on est heureux de la trouver à nos côtés. Alors, il est vrai qu’en cas de divorce, le parent, se retrouvant seul, choisit généralement de retourner auprès de ses parents. C’est généralement le cas des papas. Certes, il est plus fréquent que la maman soit en charge de l’enfant, mais dernièrement, on voit un phénomène qui se développe de plus en plus : le cas des papas solos. Un peu désemparé, un brin perdu, l’homme se retrouve face à de nouvelles responsabilités. Peu habitué à s’occuper des enfants tout seul, l’homme retrouve rapidement le réflexe d’aller se réfugier chez sa maman. Mais selon le Dr Karroumi, «il est primordial que chaque membre de la famille reste à sa place. Il faut laisser le parent en charge s’occuper seul de l’enfant et les membres de la famille ne doivent pas interférer ou prendre la place du parent manquant».
Publié le : 15 Avril 2013 - Lamiaâ Khalloufi, LE MATIN ma
Et vice versa pour la petite fille. Un enfant ayant grandi au sein d’une famille monoparentale a subi un impact dans sa jeunesse que les autres ne connaissent pas. Mais cela ne signifie pas qu’il en sera plus malheureux, car l’essentiel c’est l’amour des parents. En effet, la base de l’épanouissement de l’enfant est de se sentir aimé et compris par le papa et la maman», expliquent-ils. Yassine, enfant d’un divorce, raconte comment il a vécu cette étape. «Quand mes parents se sont séparés, j’avais 11 ans. À ce moment-là, je n’ai pas réalisé ce qui se passait. Je pensais que c’était une chose normale», explique-t-il. «Malgré le fait que mes parents se soient séparés en mauvais termes, j’ai gardé un bon contact avec les deux.
En effet, ma mère en voulait beaucoup à mon père d’être parti en lui laissant deux enfants à charge. De plus, mon père s’est rapidement remarié. Étant très attaché à ma mère, je l’ai toujours supportée et j’ai voulu l’aider au maximum dans cette dure étape. Et d’un autre côté, j’ai toujours gardé du respect vis-à-vis de mon père», souligne-t-il. Sans s’en rendre compte, Yassine est devenu un jeune homme de 22 ans, un peu perturbé. Il a été à plusieurs rendez-vous chez un psychologue afin de pouvoir s’en remettre. Il est actuellement sous antidépresseur et comprend enfin que ce moment de sa vie a défini le jeune homme qu’il est maintenant et sa façon de penser. Par exemple, son hostilité au mariage. «Au final, qu’un enfant grandisse au sein d’une famille monoparentale au non, le plus important est qu’il soit heureux à la vue de ses deux parents», souligne le Dr Bouchaib Karroumi, pédopsychiatre. «L’attitude des parents est importante pour que l’enfant passe cette étape de la séparation dans de bons termes. Ces derniers doivent lui expliquer la raison de cette séparation. Calmement et de manière sereine, le parent doit clarifier les choses avec des mots simples pour que l’enfant soit rassuré et pour minimiser son impact. Le parent a deux fonctions : celle du conjoint et celle du parent. S’il perd la première, ça ne veut pas dire qu’il perd la seconde», ajoute le pédopsychiatre. Les conséquences d’une famille monoparentale sur le développement physique et psychique de l’enfant comportent beaucoup d’impacts. Et «ces impacts sont expliqués par de nombreux paramètres, qu’on calcule au nombre de six», révèle le Dr Karroumi. Ses paramètres sont :
1. L’âge où a lieu la séparation : il y a des âges plus délicats pour qu’un enfant subisse la séparation de ses parents, notamment lors de ses premières années et à la période de préadolescence (entre 10 et 13 ans).
2. La personnalité de l’enfant : tous les enfants ont une capacité à gérer les événements familiaux d’une telle ampleur. Mais elle diffère selon les enfants et leur personnalité. Sur certains enfants, peut-être un peu plus fragiles, cela aura un impact plus important. Il y a aussi ceux où le choc viendra bien plus tard (ou pas d’ailleurs).
3. Les conditions dans lesquelles les parents se séparent : si la rupture est tranquille et apaisante, l’enfant va, bien évidemment, beaucoup plus relativiser. Il prendra la chose d’une manière un peu plus sereine que si la séparation se fait de manière violente.
4. L’état de l’union avant le divorce : si la vie de l’enfant était déjà très perturbée par les disputes de ses parents avant la rupture, il est vrai que parfois la séparation peut être bénéfique au sein de la famille. Si l’enfant grandit entre des cris et des pleurs quotidiens, cette étape pourra être pour lui comme un soulagement.
5. La situation du parent en charge de l’enfant : si le parent ayant la garde de l’enfant se porte bien psychologiquement et physiquement, qu’il prend cette séparation d’une bonne manière et que de manière générale, il arrive à gérer le fait de se retrouver seul, l’enfant appréciera que ses parents soient bien même seuls. En fait, il faut que les parents et l’enfant retrouvent un nouvel équilibre d’apaisement qui fera sentir l’enfant bien dans sa peau.
6. La relation avec l’autre parent après la séparation : sur ce point, c’est tout ce qui va concerner les visites. Est-ce qu’elles se feront fréquemment, est-ce qu’elles se passeront bien ? Dans certains cas, y aura-t-il des visites ?
C’est cet ensemble de paramètres qui permettront à l’enfant de bien se développer psychologiquement, physiquement et surtout de pouvoir s’épanouir. «D’ailleurs, l’enfant a cette aptitude de ne pas forcément avoir besoin d’une présence physique pour s’épanouir. Si la séparation se passe bien, il n’y a aucune raison pour que l’enfant soit dérangé dans son quotidien, même en n’ayant la présence que d’un seul des deux parents», explique le Dr Karroumi. En cas de décès de l’un des parents, l’enfant ne pourra même plus avoir de nouvelles de l’autre parent.
C’est alors qu’il va se construire, avec certes un parent qui manque, en essayant soit de trouver des identifications chez un membre de sa famille, soit en se créant une image imaginaire pour se construire avec la représentation du parent dont il a besoin pour se développer.
L’entourage, ce pilier !
Au Maroc, la famille, c’est sacré. Si parfois on peut penser qu’elle est étouffante, quand on se retrouve face à nos soucis, on est heureux de la trouver à nos côtés. Alors, il est vrai qu’en cas de divorce, le parent, se retrouvant seul, choisit généralement de retourner auprès de ses parents. C’est généralement le cas des papas. Certes, il est plus fréquent que la maman soit en charge de l’enfant, mais dernièrement, on voit un phénomène qui se développe de plus en plus : le cas des papas solos. Un peu désemparé, un brin perdu, l’homme se retrouve face à de nouvelles responsabilités. Peu habitué à s’occuper des enfants tout seul, l’homme retrouve rapidement le réflexe d’aller se réfugier chez sa maman. Mais selon le Dr Karroumi, «il est primordial que chaque membre de la famille reste à sa place. Il faut laisser le parent en charge s’occuper seul de l’enfant et les membres de la famille ne doivent pas interférer ou prendre la place du parent manquant».
Publié le : 15 Avril 2013 - Lamiaâ Khalloufi, LE MATIN ma
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