Les plantes guérissent tout (ou presque)
Interview - Docteur Laurent Chevallier
Le docteur Laurent Chevallier est attaché au centre hospitalo-universitaire de Montpellier. Auteur de plusieurs ouvrages sur la nutrition, il ne cesse de pourfendre la malbouffe. Mais il est aussi un farouche partisan des plantes médicinales. Aujourd'hui, il accuse les pouvoirs publics de contrôler insuffisamment leur usage, souvent aux mains des charlatans.
Le Point : Vous avez l'air très en colère.
Laurent Chevallier : Oui ! La société occidentale semble avoir oublié à quel point les plantes ont joué un rôle vital dans l'histoire de l'humanité. Pendant des millénaires, l'homme a utilisé les plantes pour se soigner. Aujourd'hui, les médecins ne reçoivent aucune formation. Pis, les plantes ont été les premières victimes du déremboursement. Pour traiter des troubles mineurs, les médecins ont tendance à prescrire en quantité des molécules chimiques, parce qu'elles sont remboursées ! Alors que de simples tisanes pourraient procurer de réels effets positifs sans effets secondaires. Les plantes constituent une fantastique pharmacie à notre disposition.
Le déremboursement a été fait pour diminuer le trou de la Sécu...
C'est une vision à court terme. Au contraire, c'est en remboursant à nouveau les remèdes à base de plantes, moins chers que diverses spécialités pharmaceutiques, que l'on pourrait participer à réduire le trou de la Sécu. Ce qu'il faut aussi, c'est favoriser une certaine forme d'automédication encadrée par le médecin et le pharmacien. Il est urgent de revenir au concept des plantes qui soignent les gens.
Pourtant, jamais il ne s'est vendu autant de gélules aux extraits de plantes.
C'est catastrophique. Nous sommes soumis à une logique marketing qui vante des préparations souvent inadaptées et dont la qualité n'est pas garantie. Les gélules peuvent venir de n'importe où, avoir été fabriquées n'importe comment. Certaines contiennent des produits de synthèse et parfois des métaux lourds ! Je déconseille d'en acheter sur Internet. Il faut instaurer un contrôle efficace. En attendant, je recommande l'achat en pharmacie des produits à base de plantes.
Pourquoi les plantes ont-elles quasi disparu de notre pharmacopée ?
Les plantes n'offrent pas aux laboratoires un retour sur investissement suffisant. Ils peuvent breveter les produits de synthèse, pas les plantes, à moins de les transformer. Pourtant, les plantes sont efficaces, notamment pour tout ce que l'on appelle les troubles fonctionnels : digestifs, palpitations cardiaques, paresse de la vésicule biliaire... On peut aussi les utiliser pour renforcer les défenses immunitaires et prévenir les maladies. Avant la révolution industrielle, les gens consommaient 400 variétés végétales. Ils faisaient des soupes d'orties, de sauge...
Peut-on cultiver les plantes médicinales dans son jardin ?
On peut faire pousser de la mélisse, de la verveine ou de la lavande pour calmer l'anxiété, de l'érysimum pour les maux de gorge, du thym ou du romarin pour les troubles digestifs. Le cassis peut diminuer la sensibilité à certaines allergies. Pour les piqûres de moustiques et les contusions, des macérations de fleurs de millepertuis dans de l'huile d'olive ou de noisette, que l'on applique directement sur la peau.
Quelle peut être l'utilité des plantes en cancérologie ?
Certains anticancéreux ont été fabriqués à partir de plantes comme l'if ou la pervenche de Madagascar. On commence à utiliser les plantes pour accompagner les chimiothérapies. Le gingembre, par exemple, est souvent un antinauséeux efficace. Mais il faut veiller à ce que les plantes n'interfèrent pas avec les molécules chimiques. La digitale, qui est utilisée contre certains troubles cardiaques, peut s'avérer mortelle en cas de surdose. De même, les huiles essentielles sont à manipuler avec précaution.
Les plantes peuvent-elles quelque chose contre la grippe H1N1 ?
Effectivement, l'échinacée, l'éleuthérocoque et le shiitaké, par exemple, ont une action pour renforcer l'immunité. D'autres plantes, tel le thym, agissent comme un bon fortifiant préventif. Mon conseil : une tasse quotidienne de tisane au thym à partir du 15 août durant tout l'automne. Ajoutez pendant la période à risque de pandémie deux gélules par jour de 300 milligrammes d'échinacée dix jours par mois pour l'adulte
Interview - Docteur Laurent Chevallier
Le docteur Laurent Chevallier est attaché au centre hospitalo-universitaire de Montpellier. Auteur de plusieurs ouvrages sur la nutrition, il ne cesse de pourfendre la malbouffe. Mais il est aussi un farouche partisan des plantes médicinales. Aujourd'hui, il accuse les pouvoirs publics de contrôler insuffisamment leur usage, souvent aux mains des charlatans.
Le Point : Vous avez l'air très en colère.
Laurent Chevallier : Oui ! La société occidentale semble avoir oublié à quel point les plantes ont joué un rôle vital dans l'histoire de l'humanité. Pendant des millénaires, l'homme a utilisé les plantes pour se soigner. Aujourd'hui, les médecins ne reçoivent aucune formation. Pis, les plantes ont été les premières victimes du déremboursement. Pour traiter des troubles mineurs, les médecins ont tendance à prescrire en quantité des molécules chimiques, parce qu'elles sont remboursées ! Alors que de simples tisanes pourraient procurer de réels effets positifs sans effets secondaires. Les plantes constituent une fantastique pharmacie à notre disposition.
Le déremboursement a été fait pour diminuer le trou de la Sécu...
C'est une vision à court terme. Au contraire, c'est en remboursant à nouveau les remèdes à base de plantes, moins chers que diverses spécialités pharmaceutiques, que l'on pourrait participer à réduire le trou de la Sécu. Ce qu'il faut aussi, c'est favoriser une certaine forme d'automédication encadrée par le médecin et le pharmacien. Il est urgent de revenir au concept des plantes qui soignent les gens.
Pourtant, jamais il ne s'est vendu autant de gélules aux extraits de plantes.
C'est catastrophique. Nous sommes soumis à une logique marketing qui vante des préparations souvent inadaptées et dont la qualité n'est pas garantie. Les gélules peuvent venir de n'importe où, avoir été fabriquées n'importe comment. Certaines contiennent des produits de synthèse et parfois des métaux lourds ! Je déconseille d'en acheter sur Internet. Il faut instaurer un contrôle efficace. En attendant, je recommande l'achat en pharmacie des produits à base de plantes.
Pourquoi les plantes ont-elles quasi disparu de notre pharmacopée ?
Les plantes n'offrent pas aux laboratoires un retour sur investissement suffisant. Ils peuvent breveter les produits de synthèse, pas les plantes, à moins de les transformer. Pourtant, les plantes sont efficaces, notamment pour tout ce que l'on appelle les troubles fonctionnels : digestifs, palpitations cardiaques, paresse de la vésicule biliaire... On peut aussi les utiliser pour renforcer les défenses immunitaires et prévenir les maladies. Avant la révolution industrielle, les gens consommaient 400 variétés végétales. Ils faisaient des soupes d'orties, de sauge...
Peut-on cultiver les plantes médicinales dans son jardin ?
On peut faire pousser de la mélisse, de la verveine ou de la lavande pour calmer l'anxiété, de l'érysimum pour les maux de gorge, du thym ou du romarin pour les troubles digestifs. Le cassis peut diminuer la sensibilité à certaines allergies. Pour les piqûres de moustiques et les contusions, des macérations de fleurs de millepertuis dans de l'huile d'olive ou de noisette, que l'on applique directement sur la peau.
Quelle peut être l'utilité des plantes en cancérologie ?
Certains anticancéreux ont été fabriqués à partir de plantes comme l'if ou la pervenche de Madagascar. On commence à utiliser les plantes pour accompagner les chimiothérapies. Le gingembre, par exemple, est souvent un antinauséeux efficace. Mais il faut veiller à ce que les plantes n'interfèrent pas avec les molécules chimiques. La digitale, qui est utilisée contre certains troubles cardiaques, peut s'avérer mortelle en cas de surdose. De même, les huiles essentielles sont à manipuler avec précaution.
Les plantes peuvent-elles quelque chose contre la grippe H1N1 ?
Effectivement, l'échinacée, l'éleuthérocoque et le shiitaké, par exemple, ont une action pour renforcer l'immunité. D'autres plantes, tel le thym, agissent comme un bon fortifiant préventif. Mon conseil : une tasse quotidienne de tisane au thym à partir du 15 août durant tout l'automne. Ajoutez pendant la période à risque de pandémie deux gélules par jour de 300 milligrammes d'échinacée dix jours par mois pour l'adulte
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