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Prévention et maladies rénales chroniques en Algérie

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  • Prévention et maladies rénales chroniques en Algérie

    En Algérie , les néphrologues continuent à regretter que leurs patients leur arrivent au stade final de l’insuffisance rénale, alors qu’il est possible de prévenir ou, du moins, retarder la perte irrémédiable de la fonction des deux reins.

    Il suffira d’établir un programme de prévention basé sur le dépistage systématique de la population à risque par un bilan rénal au moins une fois par an. Ainsi, l’on évitera au malade un enchaînement, à vie, à la machine de l’hémodialyse et réduira les dépenses de la Cnas. D’autant que les
    13 000 dialysés coûtent individuellement à la Sécurité sociale jusqu’à deux millions de dinars par an.

    De passage à Alger pour une visite familiale, le Pr Aïcha Mérouani, néphrologue au service de néphrologie pédiatrique, département de pédiatrie du CHU-Sainte Justine, université de Montréal, a été sollicitée par le service néphrologie du CHU Parnet de Hussein Dey, dirigé par le Pr Haddoum, pour animer une conférence, à l’amphithéâtre de l’école paramédicale d’Alger, sur l’expérience canadienne de prévention des maladies rénales chroniques.
    À vrai dire, l’expérience du CHU canadien intéresse les spécialistes algériens de par sa propension à prendre en charge les enfants, présentant des maladies pouvant affecter les reins, avant que la fonction de cet organe vital ne soit irrémédiablement détruite par lesdites maladies de base et développer, par là même, le concept de néphroprotection. L’idée consistait en l’ouverture d’une clinique, appelée “Prévoir”, car elle est spécialisée dans le traitement précoce des pathologies susceptibles de dégénérer en maladies rénales chroniques, afin justement de retarder au maximum la progression du mal ou alors de l’éradiquer complètement. “La clinique est dotée d’une salle d’examen médical où se déroulent l’évaluation des patients et les entrevues des différents intervenants avec l’enfant et sa famille.

    Selon leurs besoins particuliers, les patients ont accès à l’ensemble des intervenants de l’équipe multidisciplinaire : nutritionniste, travailleur social, psychologue, pédiatre traitant, chirurgiens greffeurs et urologues et autres consultants médicaux. Un accès privilégié aux différentes ressources tertiaires est possible, notamment à l’équipe d’hémodialyse, à celle de la greffe rénale, et aux unités d’hospitalisation”, a expliqué sommairement le Pr Mérouani, en reprenant les termes de l’exposé de ses confrères et consœurs du service.

    Outre l’aspect thérapeutique, les services de la clinique spécialisée dispensent des cours d’éducation sanitaire au profit des patients et de leurs familles sur le fonctionnement global du rein, l’insuffisance rénale et ses complications, ainsi que la dialyse et la greffe.

    “Ce programme éducatif permet la compréhension de la maladie et des soins (…) Il améliore le savoir-faire, aide à l’adhésion au traitement, développe l’autonomie dans la gestion de la santé et favorise une pleine participation du patient et de sa famille”, a-t-on ajouté.

    Des professionnels algériens veulent s’inspirer — plutôt susciter l’intérêt des autorités compétentes — de l’initiative des Canadiens pour préserver la fonction rénale en s’attaquant aux causes originelles des pathologies et réduire un tant soit peu la pression sur l’hémodialyse. “Nous avons un gros handicap dans ce sens, car les maladies rénales sont silencieuses. Elles ne s’expriment que quand il reste moins de 20% de la fonction des deux reins. Il y a toute une période asymptomatique”, indique le Pr Farid Haddoum.

    Selon lui, la seule chance de détecter la maladie à un stade précoce repose sur deux évènements. Le premier se matérialise sous la forme d’un examen rénal fortuit, lors d’un accouchement, par exemple, ou une consultation chez un médecin de travail. Le second relève de l’automatisme du médecin traitant (généraliste) à demander un bilan sanguin complet périodiquement à ses patients.
    “Nous souhaitons, dans les deux cas, que le médecin dirige systématiquement le malade vers un néphrologue dès qu’il constate un examen rénal anormal”, souligne notre interlocuteur.

    Avant de se lancer dans les solutions à préconiser pour contrer l’explosion, en Algérie, des maladies néphrologiques, au même titre d’ailleurs que les autres pathologies non transmissibles, comme le diabète, l’hypertension artérielle et les maladies cardiovasculaires, le chef de service néphrologie du CHU Parnet déplore le fait que l’intervention des spécialistes survient généralement trop tard. “Notre premier contact avec le malade, c’est la dialyse, qui est l’échec de la néphrologie et exprime également une carence médicale. Aujourd’hui, nous faisons essentiellement dans la médecine curative et d’urgence. Nous agissons en pompier face à des maladies rénales qui nous arrivent au stade terminal”, regrette-t-il.

    Le nombre des hémodialysés est passé de 4 500 cas en 2004 à 13 000 en 2008. La moitié de ces patients subissent leurs séances dans des cliniques privées, conventionnées avec la Caisse nationale de sécurité sociale.
    La Cnas prend en charge le coût de la séance estimé à 6 400 DA à raison de 160 séances par an et par malade, mais aussi des frais indirects liés au transport du malade, ses repas et un forfait indemnités médicaments et ce, conformément à des dispositions fermes des lois en vigueur. La charge financière annuelle de chaque dialysé est d’environ un million de dinars de frais directs de l’hémodialyse auxquels s’ajoutent les coûts indirects qui oscillent entre 500 000 DA et un million de dinars.

    C’est dire que l’urgence est réellement de mettre en œuvre une offre de soins préventive pour garantir, d’une part, un meilleur confort de vie au malade et, de l’autre, réduire les dépenses de la Cnas, englouties jusqu’alors dans l’hémodialyse. “Le poids économique de la dialyse va devenir de plus en plus lourd. Ce qui influera peut-être une décision politique et établir un programme de dépistage des maladies rénales, comme cela se fait au Québec”, suggère le Pr Haddoum. Sans nécessairement ordonner le dépistage massif, il estime judicieux de soumettre la population à risque (diabétiques, femmes enceintes, patients subissant des séances de chimiothérapie…, ainsi que toutes les personnes qui ont une prise médicamenteuse à long cours) au bilan rénal, au moins une fois par an. “Cela ne coûtera à l’État que 200 DA par malade et par an”, souligne-t-il.

    De son point de vue, il est nécessaire de sensibiliser les médecins généralistes à faire automatiquement des prescriptions pour un examen sanguin et instituer un collège national d’expert qui fera des recommandations en la matière.

    “Pour 2010-2020, l’Algérie doit avoir des objectifs pour une offre de soin préventive, curative et équilibrée, car nous ne pouvons continuer à ne proposer que la dialyse”, informe-t-il.

    À ce titre, il explique que 90% des insuffisants rénaux algériens sont actuellement mis sous hémodialyse, alors que la norme veut qu’elle ne dépasse pas la proportion des 50%, afin de mieux privilégier la dialyse péritonéale et la greffe rénale. “Nous devons suivre l’exemple canadien et d’autres pays riches où la moitié des personnes souffrant d’insuffisance rénale bénéficient d’une transplantation, l’autre moitié est équilibrée entre l’hémodialyse et la péritonéale”, affirme le néphrologue.

    Il reconnaît que la dialyse péritonéale a, certes, mauvaise presse dans notre pays, car elle est mal présentée et souvent mal pratiquée. “Pourtant elle est moins coûteuse que l’hémodialyse”, ajoute-t-il, en insistant sur le recours aux médicaments néphroprotecteurs, approuvés en Algérie et remboursés par la Sécurité sociale, afin de gagner un maximum de temps sur la préservation de la fonction des reins.

    Par Liberté
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