Les larmes des sharâchif
Pour qui mettre cette robe
Et pour qui la choisir ?
Ou pour qui dessiner la raie de mes cheveux,
Pour qui chercher parmi bijoux et maquillages
Ma bague aux reflets chatoyants
Et mon merveilleux rouge à lèvres
Et mon collier d'or fin ?
Pour qui corseter mon sein
Mutin comme un jeune bouton de rose
Et pour qui porter mes vêtements
Les plus charmants
Où s'agite ma jeunesse turbulente,
Pour qui laisser naître mon charme ?
Pour qui ? Pour les ténèbres ?
Pour mon sharshâf obscur et clos ?
Dedans, je marche et l'on dirait une tente
De noirceur,
Prisonnière de l'humiliation qui m'enchaîne,
Je sens peser sur moi des yeux inquisiteurs,
Qui, dans le sillage d'une obscurité honteuse,
Demandent aux roses la couleur de mes joues
Et au réveil de l'aube la blancheur du trait qui partage mes cheveux.
Mes bras
Sont un matin de chants
Et mes seins des lys en boutons
Et ma poitrine, qui chante les étreintes les plus exquises,
Palpite
Des amours les plus fraîches et les plus infinies,
Mais qui donc
Nourrira pour moi passion ou simple inclination
Et m'envahira de sa flamme impérieuse,
Et comment me verrait-il sous ce sharshâf
Pour ne se griser que de chastes promesses ?
Je suis un ruisseau
De jeunesse meurtrie
Qui s'est tari sur un sentier étroit,
Je suis une barque sur l'océan de la vie,
Qui, égarée, cherche une autre barque.
Je suis une femme, une question coule dans mes veines,
Assourdissante : à quand l'espoir d'une rencontre?
La figure de l'aimé obsède mon esprit
Folie d'un amour fougueux qui épuise mes forces
Tous mes sens
En émoi
S'écrient : toi qui me vois, aime-moi
Et toi qui cherches la beauté des fleurs
En voici le paradis
Pour t'y plonger
Mais je ne suis qu'un
Sharshâf où s'engouffrent
Les malédictions de l'obscurité menaçante
Nul ne célèbre ma beauté
Ni jamais d'elle n'aura pitié.
Mohamed al-Sharif
[ Sharshâf : désigne le voile noir que portent certaines femmes yéménites ]
Pour qui mettre cette robe
Et pour qui la choisir ?
Ou pour qui dessiner la raie de mes cheveux,
Pour qui chercher parmi bijoux et maquillages
Ma bague aux reflets chatoyants
Et mon merveilleux rouge à lèvres
Et mon collier d'or fin ?
Pour qui corseter mon sein
Mutin comme un jeune bouton de rose
Et pour qui porter mes vêtements
Les plus charmants
Où s'agite ma jeunesse turbulente,
Pour qui laisser naître mon charme ?
Pour qui ? Pour les ténèbres ?
Pour mon sharshâf obscur et clos ?
Dedans, je marche et l'on dirait une tente
De noirceur,
Prisonnière de l'humiliation qui m'enchaîne,
Je sens peser sur moi des yeux inquisiteurs,
Qui, dans le sillage d'une obscurité honteuse,
Demandent aux roses la couleur de mes joues
Et au réveil de l'aube la blancheur du trait qui partage mes cheveux.
Mes bras
Sont un matin de chants
Et mes seins des lys en boutons
Et ma poitrine, qui chante les étreintes les plus exquises,
Palpite
Des amours les plus fraîches et les plus infinies,
Mais qui donc
Nourrira pour moi passion ou simple inclination
Et m'envahira de sa flamme impérieuse,
Et comment me verrait-il sous ce sharshâf
Pour ne se griser que de chastes promesses ?
Je suis un ruisseau
De jeunesse meurtrie
Qui s'est tari sur un sentier étroit,
Je suis une barque sur l'océan de la vie,
Qui, égarée, cherche une autre barque.
Je suis une femme, une question coule dans mes veines,
Assourdissante : à quand l'espoir d'une rencontre?
La figure de l'aimé obsède mon esprit
Folie d'un amour fougueux qui épuise mes forces
Tous mes sens
En émoi
S'écrient : toi qui me vois, aime-moi
Et toi qui cherches la beauté des fleurs
En voici le paradis
Pour t'y plonger
Mais je ne suis qu'un
Sharshâf où s'engouffrent
Les malédictions de l'obscurité menaçante
Nul ne célèbre ma beauté
Ni jamais d'elle n'aura pitié.
Mohamed al-Sharif
[ Sharshâf : désigne le voile noir que portent certaines femmes yéménites ]
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