Les explosions sont intermittentes ces derniers jours
Nous-mêmes avons beaucoup changé
Puisque nous nous morcelions lorsqu’elles éclataient en continu
Nous pleurions et nous frappions la face et la poitrine
Mais à présent nous rions seulement
Nous roulons sur le sol tant nous rions
Nous rions jusqu’à ce que les membres se détachent les uns des autres et que le sang s’échappe
Nous rions pour que les éclats d’obus planent
Et attisent les incendies
Même les enfants s’émiettent de rire
Ces derniers jours
C’est de rire que nous mourons seulement
L’ennui fait pousser ses ongles
1-
Ce ne sont pas des larmes
Ce que tu vois sur mon visage
Est un bassin d’eau sans fond
Par exemple
Regarde là où se trouvent les deux petits poissons
Tu pourrais les appeler mes deux yeux
(…)
4-
Nos larmes que nous avons accrochées à la grille du département de médecine légale
Et nous sommes entrés
Se sont accouplées, ont enfanté
Et nous ne sommes pas ressortis à ce jour
5-
Les Français aiment élever les chiens
Et quand je les vois circuler en leur compagnie
Je cours au loin
Pour qu’ils ne flairent pas les cadavres sur mes vêtements
6-
J’ai faim
Depuis hier
Je toque contre ma main
Personne n’ouvre
(…)
11-
Ma tombe vide qui se sent seule
La nuit
Je l’emporte dans mon lit
Et m’endors à ses côtés
Par Kadhem Khanjar
Traduits de l’arabe par Ritta Baddoura
Nous-mêmes avons beaucoup changé
Puisque nous nous morcelions lorsqu’elles éclataient en continu
Nous pleurions et nous frappions la face et la poitrine
Mais à présent nous rions seulement
Nous roulons sur le sol tant nous rions
Nous rions jusqu’à ce que les membres se détachent les uns des autres et que le sang s’échappe
Nous rions pour que les éclats d’obus planent
Et attisent les incendies
Même les enfants s’émiettent de rire
Ces derniers jours
C’est de rire que nous mourons seulement
L’ennui fait pousser ses ongles
1-
Ce ne sont pas des larmes
Ce que tu vois sur mon visage
Est un bassin d’eau sans fond
Par exemple
Regarde là où se trouvent les deux petits poissons
Tu pourrais les appeler mes deux yeux
(…)
4-
Nos larmes que nous avons accrochées à la grille du département de médecine légale
Et nous sommes entrés
Se sont accouplées, ont enfanté
Et nous ne sommes pas ressortis à ce jour
5-
Les Français aiment élever les chiens
Et quand je les vois circuler en leur compagnie
Je cours au loin
Pour qu’ils ne flairent pas les cadavres sur mes vêtements
6-
J’ai faim
Depuis hier
Je toque contre ma main
Personne n’ouvre
(…)
11-
Ma tombe vide qui se sent seule
La nuit
Je l’emporte dans mon lit
Et m’endors à ses côtés
Par Kadhem Khanjar
Traduits de l’arabe par Ritta Baddoura
Kadhem Khanjar est né en 1990 à Babylone, en Irak, où il vit toujours. Diplômé d’un master d’art théâtral, il écrit de la poésie et effectue des performances (support photographique ou vidéo) pour exprimer son vécu et témoigner des violences commises dans son pays.
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