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Festival des musiques sacrées de Fès : "Le dialogue des cultures n'est pas une fin en soi"

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  • Festival des musiques sacrées de Fès : "Le dialogue des cultures n'est pas une fin en soi"

    La magie va de nouveau opérer et se prolonger pendant dix jours. Chaque soir, les lumières illumineront le mechouar, la première cour intérieure du palais, et la musique des orchestres se répercutera d'une muraille à l'autre. Cette année, pour le 20e anniversaire de la création du Festival des musiques sacrées du monde, la cité est particulièrement en beauté.

    Le Point Afrique : Le Festival des musiques sacrées du monde de Fès a vingt ans. Comment avez-vous imaginé cette édition ?

    Faouzi Skali : Nous avons voulu que le festival fête ses vingt ans en imaginant un voyage à travers les différentes cultures du monde qui se sont exprimées ces deux dernières décennies. Pour nous, le dialogue des cultures n'est pas une fin en soi, c'est un cheminement à travers l'histoire de l'humanité et la connaissance de soi. C'est pour cela que nous avons pris le thème de La Conférence des oiseaux.

    Que dit-il ?

    Ce conte persan du XIIIe siècle de Farid U-Din Attar est une belle histoire et une parabole intéressante. Il raconte comment une huppe a décidé un jour de réunir tous les oiseaux pour les inviter à un long voyage qui les mènera en Chine, où ils doivent trouver celui qui est le roi des oiseaux, le simurgh. Pendant leur périple, ils traversent sept vallées qui sont autant d'étapes et de lieux de spiritualité. À chaque arrêt, certains, découragés, s'interrogent sur la nécessité de poursuivre leur aventure vers l'inconnu en risquant ce qu'ils ont déjà. Les trente oiseaux qui arrivent en Chine se retrouvent devant un rideau qui se lève et découvre un miroir. Ils comprennent que le simurgh n'est que la connaissance de soi.

    J'ai choisi ce conte dans lequel chaque oiseau représente une culture. Le festival, aussi bien dans sa partie musicale que dans les conférences qui se tiennent chaque matin au palais Batha, se veut à la fois une conférence des cultures et un voyage à travers les différents degrés de la connaissance de soi. La Conférence des oiseaux est un conte et un voyage intellectuel et collectif.

    Concrètement, comment allez-vous traduire tout ceci en musique ?

    En invitant des chanteurs et des groupes musicaux de partout, mais qui ont toujours un lien avec La Conférence des oiseaux et notre voyage à travers les cultures. Dès la soirée d'ouverture, nous avons imaginé une grande fresque avec des musiques et des textes lus et chantés par une chanteuse libanaise en arabe et en français. Ce sera une création originale du festival de Fès sur le thème "Lorsque les cultures voyagent". Des projections murales représenteront les sept vallées du voyage des oiseaux, en fait les étapes vers la connaissance de soi.

    Lors de la soirée des musiques judéo-arabo-andalouse, Roberto Alagna tiendra le rôle de Salomon, Françoise Atlan chantera la reine de Sabah. On sait que dans le Coran, c'est la huppe qui est venue informer Salomon de l'existence d'une reine fabuleuse au Yémen, la reine de Sabah. Une chanteuse bolivienne et son groupe de musiciens interpréteront des chants d'oiseaux, une tradition de leur pays, un ensemble venu de Hongrie jouera et chantera la prière des oiseaux de saint François d'Assise.

    L'Afrique sera aussi à l'honneur à Fès ?

    Absolument. Pour la première fois le Sud-Africain Johnny Clegg, celui que l'on appelait le "Zoulou blanc", chantera avec Youssou N'Dour pour rendre un hommage à Nelson Mandela. La présence de l'Afrique sera le fil conducteur des conférences du forum. La première matinée sera une réflexion autour de Mandela. Comment des personnalités comme Mandela ou l'émir Abdelkader en son temps ont-elles réussi à éviter le conflit des cultures et le clivage entre gens de religions différentes. Ce thème de "culture et identité en transition" sera celui du forum.

    Il y a quelques années, vous rêviez que le Festival des musiques sacrées transforme Fès et fasse revivre la cité. Qu'en est-il ?

    Fès a été revitalisée. Grâce à la fondation Esprit de Fès, nous avons développé le patrimoine culturel de la ville. On s'est servi du festival comme d'une locomotive pour aller plus loin : créer un réseau de logements chez l'habitant, lancer des cafés culturels ouverts toute l'année, créer des lieux d'échanges et de rencontres, des carrefours culturels. Le festival ne se déroule pas seulement une fois l'an, il montre le chemin pour un certain type de développement de la cité.

    Les élus vous suivent-ils ?

    Bien sûr. La ville est représentée dans la fondation Esprit de Fès. Le festival fait désormais partie de son patrimoine "immatériel". En vingt ans, la dynamique a été lancée et on voit les résultats.

    le point
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