
La musique est un langage universel. Des musciens français, des solistes algériens, une cantatrice libanaise, une diva jordanienne, un ténor égypto-italien, un chanteur libanais, un jeune maestro français et un compositeur algérien ont fait rêver un public averti, dimanche soir, au Théâtre national algérien. Un onirique opéra, El Nafas ( le souffle)
Le compositeur et musicien algérien Tarek Benouarka, faisant dans le classique, le jazz et l’’oriental, a signé et consigné un opéra-en la langue d’El Moutanabi, l’arabe. Un projet intemporel, anachronique et surtout onirique intitulé El Nafas (le souffle). Une belle leçon (de piano) aux valeurs cardinales universelles. Aussi, Tarek Benouarka, a-t-il offert un voyage opératique. La destination ? Un monde relevant du merveilleux ; El Nafas ! Une histoire, un rêve, une fresque, une force invisible, une image sublime et subliminale, une ode, une odyssée, une évasion dans un désert imaginaire guidée par l’orchestre Pasdeloup, l’envoûtante cantatrice libanaise, Ghada Chbeir, la chanteuse lyrique jordanienne à la voix d’or, Lara Elayyan, le ténor égyptien George Wanis, l’interprète lyrique libanais, Gaby Odeimi et la chorale de l’Orchestre Symphonique National d’Algérie et ce, sous la direction orchestrale du jeune maestro français Pierre Dumoussaud.
Contant et racontant, rhapsodiquement parlant, El Nafas insuffle cette déclamation et déclaration de l’auteur, Tarik Benouarka : «Le souffle s’étend/ il apporte de lui-même une lumière invisible/ une étoile s’est tendrement penchée : car le désert veut maintenant parler/le jour et la nuit, sa langue des dunes devient métaphore et là, s’échappe l’oxymore d’une autre réalité/car c’est cela aimer/parle souffle… ». El Nafas affiche une grande ambition d’un opéra, une oeuvre universelle et originale, créé pour être chantée en langue arabe classique. Ainsi, le spectateur est porté et transporté dans un profond est mystérieux pays du souffle, El Nafas, une contrée oubliée et cachée où sont tapis des secrets au passé lointain. Un conte saharien où des hommes libres, ayant le rêve comme viatique, éclairent leur chemin pavé de bonnes intentions. Un caravansérail à l’absolue quête et conquête initiatiques, le pardon !
Ainsi, une légion d’archets évoluant à l’unisson, soufflant, sifflant et insufflant des notes piquées, romantiques, mélancoliques, plaintives, chagrines, narratives, tristes…Une « Bohemian Rhapsody » arabisante mouvante et émouvant de par une création philharmonique et une partition symphonique d’excellente facture. Un travail d’orfèvre dessiné au cordeau par l’artiste Tarik Benouarka. Et puis, cette dramaturgie et tragédie posée sur des mots qui sonnent et résonnent. Cette si belle rhétorique de langue arabe soutenue par sa prosodie et ses allitérations contant une histoire d’amour au rythme dunaire ponctué par, ici, un oûd(luth), là, une flûte (traditionnelle) ou encore là-bas, les voix délicates des soprano de Ghada Chbeir et Lara Elayyan.
Un conte rhapsodique philosophique portant sur la langueur du désert où l’on respire et transpire la beauté humaine et la magie d’un monde meilleur. «Pars, donne et pardonne ! », telle est la céleste sentence bouclant l’opéra El Nafas. Le e zéphyr du grand pardon !
El Watan
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