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ait menguellet - thivrathine

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  • ait menguellet - thivrathine




    Vas-y prends un stylo
    Je parle et tu écris.
    Prévois assez de papier
    Mon cœur plein va s’épancher.
    Je te parlerai en Kabyle
    Tu écris dans ta langue préférée,
    Mais explique à qui ne comprend pas
    Toi l’instruit.
    Fais des écrits épistolaires
    Que tu porteras toi-même
    Car c’est toi qui leur diras
    C’est fini, il est parti.

    Dis à ma mère adorée :
    Je serais déjà parti
    Quand tu recevras ma missive
    Pardonne-moi.
    Nous divergeons la vie et moi
    Aucun de nous n’est utile à l’autre.
    Je suis un pion dans son jeu,
    Elle me perturbe.
    Si je pouvais l’abuser,
    Avoir le courage de mourir
    Pour la fuir,
    J’en ai assez.
    Mais puisque le courage n’est plus,
    Nous courrons derrière notre gagne-pain
    Nous craignons et la vie et la mort,
    Je m’en fuis.

    Maman je vais m’enfuir
    Sans savoir où aller
    Je marcherai jusqu’à arriver
    Je ne sais où.
    Toi, je sais que tu me comprendras
    Tu me connais mieux que moi-même
    Depuis que tu m’as mis au monde
    Je n’ai cessé de peiner.
    Je suis né sous une étoile froide
    Tu ne peux rien rattraper
    Tu le sais depuis ma naissance,
    Laisse-moi partir.

  • #2
    J’ai grandi en enfant insignifiant
    Ma malchance est célèbre,
    Au besoin je trouverai l’océan tari
    C’est ainsi.
    Adulte j’ai cru à un changement,
    Ma situation a empiré, maman,
    Je ne veux même plus espérer
    C’est terminé.
    Je sais que tu ne seras pas étonnée
    Que je te dise : reste en paix.
    Déchire ma lettre une fois lue,
    Et oublie-moi.

    Maintenant, écris à ma fiancée
    Qu’elle enlève mon alliance
    Rapporte-lui tous mes mots
    Et réjouis-là.
    Quand tu liras cette lettre,
    Je sais que tu seras très heureuse
    Je te laisse choisir
    Celui que tu préfères.
    Je sais que tu as été contrariée
    Lorsque ton père m’a accordé ta main.
    Ton cœur a perdu
    Tout ce qu’il espérait.
    Aujourd’hui je te libère de tes fers
    Je te rends ton cœur tout neuf
    Je souhaite que ta nouvelle voie
    Ne t’apporte que du bien.

    Ce n’est pas moi qu’il te faut
    Je fais partie des maudits
    Ma place est parmi les aliénés
    Tu vaux mieux que moi.
    Choisis un garçon étudiant
    Pour être médecin ou commissaire
    Ou quelqu’un te ressemblant,
    Brillant comme un projecteur.
    Essuie tes larmes de joie
    Avec cette lettre que tu viens de lire
    Puis écrase-la sous tes pieds
    C’est la fin.

    A présent c’est au tour des amis
    Et de toutes mes connaissances,
    Je parle et toi tu leurs écris
    A tous.
    Je vous laisse, mes amis
    Vous et notre projet à son début.
    Le serment qui nous unissait,
    Je crains de ne pouvoir l’assumer
    Vous voulez que les temps changent
    Que le brave apparaisse
    Vous avez commencé et juré de poursuivre
    Je vous souhaite le succès
    Vous avez juré de mettre fin à l’injustice
    Et d’enterrer avec elles les mauvaises habitudes
    Le pays compte sur vous

    Je vous souhaite le succès.
    J’ai renoncé à mon serment
    Je l’ai renié avant que vous le fassiez.
    Vous avez juré de vous y tenir jusqu’à la mort
    Mais je crains que vous ne changiez.
    J’ai peur que vous oubliez
    Quand le pain vous appellera,
    Il sera votre unique préoccupation
    Vous délaisserez tout le reste.
    Ce jour-là quand vous serez repus
    Vous tiendrez tant à votre vie
    Que vous verrez un malfaisant
    En la personne qui voudra vous parler.

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    • #3
      Si je vous offense
      Je vous prie de me pardonner.
      Tout ce que je dis aujourd’hui
      Nous l’avons vécu, c’était hier.
      Chacun de vous sera père de famille,
      Craindra la perte de son poste,
      Et ne s’occupera que de ses affaires
      En clamant tout va bien.
      Vous attribuerez à votre jeunesse
      Tous vos engagements antérieurs
      A présent, conscients nous aussi,
      Nous renonçons au malheur.

      Dans les exemples que je vais vous citer,
      Ramenez-moi à la vérité.
      Nous sommes jaloux les uns des autres
      Au point de salir notre propre frère
      S’il venait à émerger.
      Quand un brave apparaît parmi nous
      Nous souhaitons sa perte
      Comme s’il n’était pas des nôtres.
      Nous le bannissons ou le tuons.
      Nous oublions les chaînes qu’il avait rompues
      Dès qu’il est extirpé de notre société.

      Nous accueillons l’étranger
      Quelqu’il soit
      Nous lui trouvons des vertus.
      A l’abri de notre protection,
      Notre cœur est ouvert pour lui,
      Quelque soit son comportement.
      Quant à notre frère s’il venait à chuter,
      Pas de pardon
      Nous le piétinerons encore et encore.
      Nous étions distraits dans nos luttes intestines
      Au point de n’avoir pas vu
      L’ennemi venu pour nous réconcilier.

      Le conflit vécu dans les villages
      N’a laissé aucun argument
      Aux générations d’après.
      Ils sont tombés en jurant sur l’honneur,
      Ils sont morts sans savoir
      La cause du conflit.
      Tout ce qu’ils ont semé,
      Tout ce qu’ils ont fait germé
      A gagné contre le temps pour nous parvenir,
      Nous le moissonnons aujourd’hui.
      Ils se défiaient tant dans l’animosité,
      Qu’ils n’ont pas vu le boeuf
      Défaire leur métier à tisser.

      Ce serait une erreur si nous l’imitons.
      Nous tournerons en rond
      Et retournerons à notre point de départ.
      L’ancienne génération s’est trompée
      Mais l’erreur est réparatrice
      Regardez l’avenir à présent.
      La langue entendue en tétant le sein
      L’emporte sur toutes les autres,
      Ne l’oubliez pas aujourd’hui.
      Avant elle se transmettait oralement
      A présent, elle doit passer à l’écrit
      Pour qu’elle parvienne aux générations futures.

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