Depuis trois semaines, le plus populaire outil de création de site web est en proie à une guerre commerciale et juridique. De quoi inquiéter la communauté open source et les utilisateurs.
L'affaire qui secoue WordPress en ce mois d'octobre pourrait être un psychodrame de plus comme la tech américaine aime, à intervalles réguliers, mettre en scène.
Il prêterait même à sourire s'il ne concernait pas le système de gestion de contenu (CSM) le plus populaire au monde.
Créée en 2003, WordPress est utilisé par plus de 43% des sites web dans le monde et accaparerait 62,5% des parts de marché selon les statistiques de W3Techs. Sites marchands, blogueurs, médias l'ont, entre autres, largement adopté. Intuitive et simple d'usage, la plateforme doit, en grande partie, son succès à son positionnement open source.
Or, c'est l'écosystème même de WordPress qui est aujourd'hui ébranlé. Petit récapitulatif des épisodes précédents. Le 21 septembre, Matt Mullenweg, l'un des deux cofondateurs du CMS, attaque WP Engine, qui se présente comme le principal fournisseur d'outils et de services d'hébergement de la plateforme. Dans un texte au vitriol, titré "WP Engine n'est pas WordPress", publié sur le blog de WordPress.org, il qualifie ce dernier de "cancer pour WordPress".
Matt Mullenweg reproche à WP Engine d'avoir supprimé l'option de révision des contenus pour diminuer ses coûts de stockage. Privé de l'historique des modifications, l'utilisateur n'aurait plus aucun moyen de récupérer son contenu. WP Engine aurait ainsi rompu "la promesse principale de ce que fait WordPress, qui est de gérer et de protéger votre contenu."
Tentative d'extorsion et diffamation
En conséquence de quoi, WordPress.org a bloqué l'accès de WP Engine aux ressources de son écosystème, comme les thèmes, les plugins et les mises à jour de sécurité. La riposte ne s'est pas faite attendre. Le 2 octobre, WP Engine dépose plainte contre Matt Mullenweg et Automattic, la société dont il est le dirigeant et qui édite la version commerciale de WordPress (WordPress.com).
Le prestataire les accuse de tentative d'extorsion, le forçant à payer des "dizaines de millions de dollars" pour une licence d'utilisation de certaines marques commerciales comme WordPress qu'il juge inutile. WP Engine dénonce aussi un conflit d'intérêts, Matt Mullenweg utilisant le site de la fondation WordPress pour attaquer un concurrent direct de l'entreprise (Automattic) qu'il dirige.
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