Les scientifiques de l’Université de Washington ont réussi à fabriquer un téléphone fonctionnant sans batterie. L’appareil, qui n’est encore qu’un prototype, utilise les ondes environnantes pour réussir à maintenir une communication cellulaire.
Une révolution pour le téléphone mobile ? Alors que le premier appareil a vu le jour en 1973, les téléphones les plus puissants se battent aujourd’hui quasiment à armes égales avec nos ordinateurs : certains intègrent presque huit gigaoctets de RAM, voire même des puces composées de six ou huit cœurs – lorsque la grande majorité de nos machines se contentent simplement de deux cœurs (deux actions en simultané, ndlr). Pourtant, l’autonomie de ces appareils reste un problème majeur pour les constructeurs, et ce, malgré l’arrivée des batteries à haute capacité et des technologies liées au chargement rapide ou sans fil.
Cette question est au centre des recherches menées par l’Université de Washington. En effet, l’une des équipes de chercheurs a trouvé le moyen de se débarrasser des batteries. Le prototype qu’ils ont élaboré ressemble pour l’instant plus à une carte imprimée qu’à un véritable appareil mobile : dénué d’écran, sur ce pavé numérique, quatre touches de commandes apparaissent (A,B,#,*). Mais aucune trace de batterie !
Les ondes radio remplacent la batterie
Ce prototype de téléphone puise ainsi son énergie dans les ondes radioélectriques émises par les équipements qui l’entourent. Les chercheurs ont exploité une technologie découverte par l’ex-URSS, durant la Guerre froide, qui permettait de capter les ondes radio afin de générer de l’électricité. Ils se sont ensuite assurés que le portable puisse maintenir la charge pendant toute la durée d’une communication.
Un prototype limité
Bien qu’elle ne date pas d’hier, cette technologie en est encore à ses balbutiements. La puissance récoltable par le téléphone atteint, à son maximum, seulement 3,5 microwatts. En comparaison, une communication téléphonique standard dure en moyenne deux à trois minutes et consomme entre 600 et 1.200 milliwatts, ce qui est bien au-dessus des possibilités du prototype américain.
Dans un souci d’économie, le format informatique du convertisseur numérique – utilisé dans la plupart de nos objets électroniques – a laissé place aux anciens signaux analogiques bruts. Les chercheurs ont également installé un microphone passif, qui génère des variations électriques grâce aux mouvements de sa membrane – une sorte de diaphragme – vers une station qui les récupère, et qui transmet ensuite la communication vers le réseau téléphonique de l’opérateur contacté. De plus, avec un rayon d’action ne dépassant pas plus de quinze mètres, ses possibilités sont très réduites.
Les scientifiques ont tout de même confirmé la fiabilité de leur découverte en passant depuis leur terminal, un appel, via Skype. D’ici quelques années, cette technologie pourrait s’immiscer dans bon nombre de nos outils intelligents et venir en aide aux milliards d’utilisateurs d’appareils mobiles dans le monde, forcés de les brancher tous les jours (ou au maximum tous les deux jours), pour pouvoir continuer à les utiliser.
Alexandre Gadaud (La tribune) - TSA