
Tout commence avec un drone qui topographie le terrain. Cela continue par la création d’une carte numérique accessible à tous les intervenants. Le tout est un chantier partagé en ligne via un « nuage » informatique.
L’information géographique va-t-elle instaurer un nouveau modèle de communication entre professionnels de la construction ? Un moyen performant pour préparer un chantier, édifier un bâtiment, gérer des travaux, au bureau ou sur le terrain ?
On peut le penser à la lumière des dernières avancées sur les logiciels ou Systèmes d’information géographiques (SIG) mis en œuvre par les acteurs du BTP. Laurent Leibovici, gestionnaire de compte chez Esri France, lui, y croit fermement. « L’expérience des professionnels montre qu’une véritable révolution est en cours, celle des usages partagés en ligne via l’informatique en nuage ou “ Cloud Computing ”. » Vianova, le groupe Égis et Bouygues Énergies et services y sont les premiers convertis.
La carte est, en effet, la base de travail des métiers de la construction et de l’infrastructure. Avec un SIG, les corps d’État se partagent électroniquement le plan d’implantation, mesurent les dimensions, calculent des volumes ou des surfaces, informent sur les caractéristiques physiques et fonctionnelles du terrain ou des matériaux. Avec l’accès en ligne via le Cloud, ces données sont accessibles partout, en temps réel et mises à jour instantanément. C’est le catalogue de travail des métiers et des ouvrages du BTP : de la géologie à la géotechnique, des aménageurs aux entreprises de premier et second œuvres. Le maître d’ouvrage obtient une base documentaire géolocalisée en 3D de son chantier, mémorise l’historique des opérations, effectue des recollements entre le prévu et le réalisé, prépare les opérations d’exploitation et de maintenance.
Contrôle de cohérence des données d’études

« Aujourd’hui, près de 80 % des données géoréférencées sont déjà possédées en interne par les entreprises, évalue Olivier Rossini, responsable technique chez Esri France. Alors pour renseigner une carte à grande échelle, c’est facile. » Et quand les données n’existent pas, il y a des moyens novateurs pour les acquérir.
Comme celui de réaliser un relevé numérique du terrain avec un drone équipé d’un appareil photostéréoscopique à GPS. C’est ce que propose SenseFly, une société suisse qui commercialise des ailes volantes (Swinglet CAM et eBee). Pas de pilotage, ni de télécommande, l’opérateur programme simplement le vol sur une carte en fond d’écran, définit une résolution et la zone à relever. Le drone décolle et suit son plan de vol automatiquement à basse altitude, de 80 à 200 mètres. En fin de vol, les photos et le journal sont traités avec l’application Terra 3D et l’algorithme Pix4d dans une carte Orthomosaic : la vue verticale et le MNS (Modèle numérique de surface) pour obtenir une projection 3D de la zone (surfaces, volumes, topographie, courbes de niveau). La carte, précise à 10 cm, est exploitable par les géomètres, les maîtres d’ouvrage et les entreprises du BTP pour réaliser un métré de chantier, suivre l’avancement des travaux, vérifier les mètres carrés évacués, évaluer des dégâts naturels, prévoir des écoulements d’eau, analyser des végétalisations
Pour Michel Rives, directeur associé chez Vianova Systems France (1), le SIG rapproche le monde de l’informaticien à celui de l’ingénieur : « Le système d’information géographique exploite le patrimoine que l‘ingénierie a constitué autour d’une même banque de données en 3D ». D’un point de vue technique, les maquettes numériques apportent un contrôle de la cohérence globale des données d’études de tous les corps de métiers impliqués, qu’il s’agisse d’analyses par simulation de la propagation du bruit, de la conformité aux distances de visibilité ou de la saturation d’un réseau d’assainissement.
Chez Egis Environnement, l’information est aussi partagée. Ici, l’utilisation de la donnée géographique concerne tout le cycle de vie des projets et inclut des informations très variées : plans, cartes, photos, rapports, vidéo, sons… « Cet outil répond à la nécessité de faciliter le partage d’informations relatives à un territoire et à un projet au sein d’équipes multidisciplinaires », met en avant Magali Barrué,
responsable du Pôle géomatique.
Designers, environnementalistes, géotechniciens, experts fonciers, exploitants, échangent à travers une plate-forme collaborative accessible aux clients : toute l’information est là. À chacun de bien l’utiliser. C’est ainsi que le travail collaboratif gagne les entreprises du BTP.
Par Hubert d'Erceville
Le Moniteur
Photographie aérienne, cartographie et modélisation 3D
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