Le géant coréen de l’électronique Samsung se lance à l’assaut du marché des modems 4G et systèmes sur puce pour mobiles. Dans sa ligne de mire : le numéro un mondial du secteur, l’américain Qualcomm. Réussira-t-il à le détrôner ? Le pari parait difficile.
Sans grand bruit, Samsung se lance à la conquête du marché des puces pour mobiles.
Déjà présent dans les processeurs d’applications, qui constituent le cerveau des Smartphones et tablettes, le géant sud-coréen de l’électronique vient de faire la démonstration de sa capacité à livrer aussi des modems LTE de dernière génération, qui assurent l’interface radio avec les réseaux mobiles 4G les plus avancés.
Samsung se tient également prête à réaliser des circuits ModAp, qui combinent dans la même puce le processeur d’application et le modem LTE. Et pour donner du sens à son offensive, elle a réunifiée ses activités dans les processeurs d’applications, modems LTE et puces ModAp sous la même marque Exynos. Exactement comme le fait l’américain Qualcomm, le leader incontesté du marché, avec sa marque SnapDragon
Qualcomm : leader d'un marché disputé
Pour le moment, ces nouveaux composants ne sont pas disponibles sur étagère. Ils sont construits à la demande spécifique des clients. Mais l’objectif de Samsung est clair : s’attaquer à Qualcomm, qui exerce aujourd’hui un quasi-monopole sur ce marché estimé par Strategy Analytics à 10,3 milliards de dollars au premier trimestre 2014.
Numéro deux mondial des semi-conducteurs derrière Intel avec un chiffre d’affaires de 30,6 milliards de dollars en 2013, selon Gartner, Samsung est présent aujourd’hui surtout dans les mémoires Dram et Flash, deux domaines où le sud-coréen est leader. Dans les puces pour mobiles, Samsung reste, en revanche, à la traîne avec, toujours selon Strategy Analytics, seulement 6% du marché des processeurs d’application et 1,7% de celui des modems LTE.
Ici, Qualcomm règne en maître avec respectivement 47% et 91% de ces marchés. Samsung réussira-t-il à le détrôner, comme il a pu le faire avec Toshiba dans les mémoires flash, avec Sharp dans les écrans LCD, avec Sony dans la télévision contre Sony ou plus récemment avec Nokia dans les téléphones mobiles ? Le pari paraît pour le moins difficile.
Samsung pourrait s'imposer à terme
De son côté, Samsung dispose d’un marché captif immense avec 445 millions de téléphones mobiles, dont 320 millions de smartphones, et 37,4 millions de tablettes écoulés en 2013. Seulement voilà : elle n’utilise ses propres puces que pour ses terminaux vendus en Corée du Sud. Pour le marché international, elle fait surtout appel aux composants de Qualcomm mais aussi de Broadcom, Intel ou encore Marvell.
Cette stratégie est imposée par le souci de disposer de seconde source et le besoin de créer l’émulation interne. La maîtrise des modems LTE de dernière génération et des composants ModAp va la conduire à accroître l’utilisation interne. Mais il continuera toujours à s’approvisionner aussi à l’extérieur.
Quelle solution ?
La solution serait de vendre ses circuits à d’autres constructeurs de terminaux. Pas simple. Apple, l’autre grand acteur des mobiles, est un marché qui lui échappe complètement puisqu’il utilise ses propres processeurs Ax et s’approvisionne en Modems chez Qualcomm. Compte tenu de ses relations conflictuelles avec le sud-coréen, il n’aura aucune envie de changer en faveur de Samsung pour les modems.
Quant au chinois Huawei, qui monte sur le marché des mobiles, il développe ses propres composants via sa filiale HiSilicon Technology. Le marché libre tend à se rétrécir, alors la bataille fait rage entre Qualcomm, Intel et autre MediaTek. Au point de contraindre Broadcom à sortir des modems cellulaires. D’autres ont abandonné complètement le marché : Freescale, NXP, Infineon, Texas Instrument et STMicroelectronics.
Ridha Loukil
l'Usine Digitale
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