Aujourd'hui, face aux évolutions sociétales apparaissent de nouveaux usages donnant une dimension supplémentaire à la vidéo. Elle est tour à tour outil de marketing dans le commerce (comptage du nombre de clients, étude de comportement, analyse des flux et déplacements...), instrument de vie pratique (disponibilité de places dans un restaurant...) ou moyen de sécurisation pour le particulier, (surveillance du domicile à distance, téléassistance...)...
Petit tour d'horizon de ces nouvelles évolutions et des dispositions légales qui s'y rapportent.
De plus en plus d'intelligence dans les caméras de vidéosurveillance
Longtemps moins performantes que les caméras analogiques, les caméras IP disposent aujourd'hui de la technologie Full HD qui permet de réels gains sur la qualité de l'image et offre ainsi la possibilité de zoomer sans perte. La technologie IP s'impose à la vidéosurveillance et se développe en faveur de solutions autonomes d'analyse de contenu de l'image. L'intelligence intégrée dans le processeur d'une caméra permet ainsi d'alléger les process de traitement de l'image. De la détection de mouvement, bien maîtrisée, à la reconnaissance faciale encore tâtonnante, les fonctionnalités d'analyse d'image progressent en permanence. La fonctionnalité la plus courante est la liaison vidéosurveillance-contrôle d'accès : en cas d'intrusion, la caméra filme immédiatement la scène ce qui rend ainsi possible l'authentification de la personne et la vérification des autorisations. L'intelligence vidéo permet d'aller plus loin. Il est ainsi possible de rechercher, dans un enregistrement de milliers d'images, l'instant précis d'une intrusion, la séquence d'un incident routier ou encore d'une agression. En effet, l'ajout d'algorithmes dédiés à l'analyse d'image, appliqués aux enregistrements en accéléré, permet de filtrer les données des flux vidéos en fonction de critères préalablement définis.
L'IP offre de multiples autres applications : sur un parking, l'informatique permet d'associer l'image d'une plaque minéralogique à celle du véhicule et de son conducteur ; dans un entrepôt, en filmant un code barre, il est possible de suivre le cheminement d'un colis ; sur un site à risque nucléaire par exemple, les systèmes permettent aujourd'hui de suivre pas à pas le niveau de radiation du personnel de maintenance...
De la vidéosurveillance à la vidéogestion marketing
L’usage de la vidéo dans les commerces est en train d’évoluer. De plus en plus, les responsables de points de vente tendent à lui attribuer une réelle valeur ajoutée dans l’optimisation des surfaces de vente avec des fonctionnalités comme le comptage, l’analyse du comportement du client (Combien de temps reste-t-il dans un rayon ? Combien de temps met-il à trouver un conseiller ?...) ou encore l’étude du trafic (zone chaude et zone froide) ; le tout, dans un objectif de rentabilité au niveau de l’espace, du personnel ou du réflexe d’achat.
Dans le cadre de ces nouvelles applications, il est primordial de bien définir ses objectifs et de réfléchir au choix de la technologie en fonction de l’organisation qui sera mise en place autour de l’exploitation du système. Les systèmes les plus complexes offrent une véritable étude marketing permettant de définir pourquoi telle zone est plus fréquentée qu’une autre, d’analyser les catégories des usagers (sexe, tranche d’âge...) pour la diffusion d’un message adapté par exemple..1
Il s'agit alors de vidéo-analyse. Celle-ci est utilisée tout d’abord à des fins de sécurité lorsqu’il s’agit d’analyser l’image, parfois avant son enregistrement, pour alerter par anticipation et déclencher des actions appropriées. Dans les commerces et les banques, elle permet aujourd’hui de savoir comment le client se comporte, d’en déduire quelles sont les zones les plus fréquentées, de s’interroger sur l’efficacité de la mise en rayon...
La vidéo domestique, une offre insatisfaisante pour un marché avancé
Le potentiel de développement de la vidéo est réel et la demande est là dans le domaine privé. Mais, le particulier n’est pas prêt ! Il est plus à la recherche du meilleur pour le moins cher au détriment, la plupart du temps, de la performance. En vidéosurveillance domestique, il est à noter un déficit flagrant de connaissances chez les consommateurs. Pourtant, en raison de l'augmentation du nombre de cambriolages, la demande est grandissante.
Le marché existe donc mais l’engagement marketing est encore absent et malgré les nouvelles offres de certains opérateurs de téléphonie, la vidéo domestique ne perce pas. La caméra IP a beau exister depuis plus de 10 ans, elle reste peu ou pas utilisée chez le particulier. L’offre technologique reste basse voire de mauvaise qualité. En Angleterre, par exemple, il existe un pack alarme ouvert à la location. Le particulier devient télésurveilleur, une caméra détecte et envoie les informations via internet jusqu’à son Smartphone... mais les images sont encore très mauvaises. Ce concept pourrait être amené à se développer. Les opérateurs en France réfléchissent d’ailleurs à une offre domotique avec vidéo. De son côté, La Poste vient de packager une offre de service de lutte contre le cambriolage couplée avec une assistance aux personnes isolées. Une caméra est associée à la téléassistance pour la levée de doute sur l’état de la personne et permet ainsi de prévenir une société extérieure pour qu’elle n’intervienne qu’en cas de réel besoin.
La Loi n’est pas un obstacle pour la vidéo mais une protection des libertés
Le droit est incontournable dans un objectif de respect de la liberté et de l’identité de chacun. Il convient de distinguer la vidéoprotection dans un lieu non ouvert au public comme un bureau ou un entrepôt, de celle utilisée dans un lieu public (magasin, aéroport...) ou dans des zones privées, c'est- à-dire à son domicile. Tous ces cas de figures sont soumis à des réglementations différentes.
Dès qu'une personne sort de chez elle, elle peut être filmée dans le hall de son immeuble, puis dans la rue, sur le chemin pour se rendre au travail. Des caméras peuvent également être présentes dans les transports en commun. Lors de la pause déjeuner, le magasin où l’on achète sa salade ou celui où l’on fait ses courses possèdent aussi des caméras ; le distributeur automatique de billet également... L’installation de ces outils est soumise aux dispositions du Code de la Sécurité Intérieure. Depuis la loi du 14 mars 2011, dite LOPPSI 2, on ne parle d’ailleurs plus de vidéosurveillance mais de vidéoprotection. Ces dispositifs doivent obtenir une autorisation préfectorale après avis d’une commission départementale présidée par un magistrat.
Les dispositifs de vidéosurveillance installés dans les lieux non ouverts au public (bureaux d’une entreprise, immeuble d’habitation...) sont quant à eux soumis aux dispositions de la loi du 6 janvier 1978 modifiée, dite "Informatique et Libertés". A ce titre, ils font l’objet d’une déclaration à la CNIL.
Concernant les nouveaux usages appliqués dans le commerce, il faut réfléchir à la finalité de l’installation, sécurité ou marketing, et si la collecte des données se justifie ou non. Cette réflexion doit prendre en compte la protection des libertés individuelles. Une visualisation en temps réel sans conservation des images ne sera pas réglementée de la même façon qu'un enregistrement avec conservation des images (pour une durée qui doit rester limitée), ou qu’en vidéo reconnaissance avec ou sans identification...
Salon APS 2013