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L'Amour Dieu ou le Soufisme

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    L'Amour Dieu ou le Soufisme

    Leïla Zouggari


    "Quand l’homme et la femme deviennent un, tu es ce un. Quand les unités sont effacées, tu es cette unité. Tu as façonné ce “je” et ce “nous” afin de pouvoir jouer au jeu de l’adoration avec toi-même, afin que tous les “je”, les “tu” deviennent une seule âme, et soient à la fin submergés dans le Bien Aimé”.
    Jalla eddine er Rûmi, le saint de Konya



    Dans sa quête du « Bonheur » l’être humain n’épargnera aucun effort, il ira à la rencontre de ses semblables pour chercher l’autre dans le dessein de former un couple et de fonder une famille, il créera des cercles d’amitié pour échapper à sa solitude. Pour assouvir son intellect il ira à la conquête du savoir. Et pour son autosatisfaction il s’investira dans son travail ou il suivra ses instincts… La recherche du Bien Être est donc une ouverture. Cette expansion porte en elle-même le germe du divin qui signifie « ramener » l’être humain à sa source : « Dieu ».

    L’Islam comme religion universelle, s’inscrivant dans la révélation abrahamique et prêchant un humanisme d’équité et de justice sociale est d’un culte aisé et adaptable à tout temps et à tout lieu, n’en déplaise aux sclérosés. Il serait une voie de transcendance, la voie d’accès au « Bonheur » ou le chemin du spirituel comme le spécifie le Coran : « Celui qui espère Dieu, le délai de la rencontre avec Dieu est imminent ». (S. L’araignée, V. 5)

    Certes, pour un cartésien, ceci sous-entend la division de l’être humain entre ses désirs « réels » et son « imagination ». Mais le discursif n’a-t-il pas été remis en question par ses apôtres et dans son propre fief, les sciences dites exactes ? Ce qui renforce d’autant plus l’Islam, dans sa vision de complémentarité entre l’Objet et de l’Esprit ; une religion à dimension spirituelle dans le sens jungien du terme.

    Dans cette quête de soi et de « Dieu », le soufisme, dans ses différentes pratiques de l’Union et de l’Amour, est une des multiples voies qu’offre l’Islam pour quiconque. L’ascension vers le divin et l’élévation à des degrés différents de « Savoir » n’est pas l’apanage de quelques élus mais à la portée de tout être humain doué de patience car nous portons tous en nous cette union tant désirée.


    L’islam ou l’Universalité


    Loin de se cantonner dans le cultuel pur, l’Islam se soucie de l’Intelligence du cœur et des élans de l’âme. Les pratiques religieuses de cette religion abrahamique sont une union du croyant avec lui-même et avec ses semblables pour se transcender vers Dieu. La prière est une médiation solitaire pour retrouver « Dieu » mais c’est aussi un acte social qui met l’être en relation avec « l’Inconscient social », comme le dit C.G. Jung, qui implique l’humanité entière. L’Islam ne s’apparente ni au capitalisme, ni au socialisme. Du premier, il condamne le gain et le profit au détriment du pauvre ; du second il surpasse la trilogie à savoir : l’assurance du minimum vital, le nivellement des classes et la sécurité du travail prolétaire.

    La religion mohammedienne fait primer le social sur l’acte religieux même ; car elle défend les droits du citoyen quels que soient sa race, sa religion ou son sexe comme le confirme la parole du Prophète : (pbsl) « Si vous êtes juge de vos semblables, rendez justice en toute équité » et « Il n’y a pas de différence entre arabe et persan sauf en droiture et dans la profondeur de sa foi », comme d’ailleurs le proclame Zacharia : « Rendez des jugement de vérité... N’opprimez pas la veuve et l’orphelin l’étranger et le pauvre ». (Lévitique. Chapitre XIX)

    L’Islam qui se proclame de l’universalisme abrahamique a toujours considéré comme frères les juifs et les chrétiens « Ahl Dhima » qu’il a protégés et s’il y a eu guerre contre les frères chrétiens au temps du Prophète, l’Histoire mentionne bien comment les chrétiens de la Syrie l’avait eux-mêmes déclarée en tuant ceux qui avaient opté pour la nouvelle religion. Le Coran dit : « Combattez dans le chemin de ceux qui vous combattent et n’agressez point », car il n’y a « pas de contrainte dans la religion ». (S. 11, V. 19)

    L’Islam porte en lui-même son renouvellement grâce au large éventail de l’interprétation que lui confère le génie de la langue arabe et à ses optiques humanistes. Tous les apports des autres civilisations sont considérés comme un enrichissement car il n’y a pas de civilisation supérieure ni de civilisation inférieure d’où sa propagation spontanée que l’Histoire omet souvent de mentionner. De plus la majorité des peuples de confession musulmane n’est pas arabe mais plutôt asiatique, sans oublier que l’Islam est solidaire des autres religions du livre même s’il les contrecarre sur certains points comme la Trinité dans la religion chrétienne.

    Moïse, Jésus et Mohammed, apôtres vénérés sont les promoteurs d’une pensée divine source du Bonheur humain. Mais les manipulations humaines ont faussé l’idéalisme suprême de ces religions révélées d’où sont découlées tant de périodes sombres.

    L’Islam, cependant, demeure une éthique humaniste où la prise en compte du subjectif prime sur l’objectivisme actif de l’Occident.


    L’Islam et la complémentarité


    Le congrès tenu à Pékin sur les sciences avait déjà ébranlé l’antagonisme entre sujet et matière dans les sciences dites exactes. Dans le mode cartésien la réalité quotidienne est perçu en termes d’objets séparés, d’espace à trois dimensions et de temps linéaire contrairement à la vision islamique où le temps et l’espace sont transcendés dans une osmose de complémentarité de l’objet et de l’esprit.

    Dans les sciences physiques le principe de complémentarité qui a été emprunté à la psychologie vient d’être introduit par Niels Bohr et W. Heisenberg, lequel a déclaré : « La limitation cartésienne a profondément pénétré l’esprit humain durant les trois siècles qui suivirent Descartes, et il faudra longtemps avant qu’elle ne soit remplacée par une attitude vraiment différente à l’égard du problème de la réalité. »

    En effet, cette loi permet à l’être humain d’appréhender le paradoxal pour que l’imaginaire s’estompe afin de céder la place au réel : « Allah » pour le soufi ou « Dieu » pour tout adepte de la philosophie qui s’oppose au positivisme comme celle de Bergson. Avicenne et Ibn Arabi précisent que quand l’être humain, dans son élan vers Dieu, fera appel au sensuel en s’éloignant du discursif exagérément virtuel alors le voile se lèvera pour céder la passage du « Malkout » ou le royaume divin.


    L’Amour et la Connaissance


    Arrêtons nous un instant au mot Soufisme ou suffisme – qu’importe la transcription latine ou la prononciation de ce mot d’origine arabe – où la voyelle n’est pas discriminatoire.

    « Attasaouf » est un nom passif celui qui subit l’action de « souf » la laine rude par opposition à la soie et au coton symbole d’opulence et de douceur. Le nom vient aussi de la référence commune à tout pratiquant de la « Tariqua » – la conduite, dont le Prophète qui était un soufi et s’habillait de souf pour s’isoler et méditer avant la révélation et qui l’est resté jusqu’à sa mort. Il a mené une vie de d’abstinence, de prière, de pureté et d’Amour pour ses femmes, son voisinage, ses semblables et Dieu. Il est considéré comme le premier maître de « Attasaouf ».

    En effet le soufi se rend à Dieu dans un dépouillement total dégagé de toute velléité. Seuls, la Crainte de Dieu, le renoncement au monde, le jeûne, la prière et la veille nocturne caractérisent ces ascètes. C’est l’élan d’Amour vers le Créateur, cette soif absolue de l’amoureux transi pour l’objet de son amour – « Ach-chawq » le désir et le manque de « Huwa » « Lui » – qui est présent chez le soufi, et dont il désire « la Face de Dieu ». Tel est le premier pas sur le sentier sûfi.

    Alors commence le voyage de l’âme. Roûmi dit : « Dans le cœur passe une image : ‘Retourne vers ta source’. Le cœur s’enfuit de tous côtés, loin du monde des couleurs et des parfums, en criant : ‘ Où donc est la source ? ‘ et en déchirant ses vêtements par amour ».

    La Beauté divine est alors perçue comme l’essence du « Tout » beau et du « Tout » harmonieux. Dans les panégyriques soufis, celle-ci est souvent représentée par un personnage féminin, Leïla, Maya, Nafissa, etc. ; l’Amour spirituel, l’Elixir divin et l’Ivresse des amoureux sont des symboles que les soufis utilisent pour dépeindre leurs états âmes. Et ils sont rompus à décrire avec exactitude leurs sensations même dans la vie courante.

    Dans le cadre d’un raisonnement cartésien/newtonien, de tels états paraissent relever de la psychose or, il n’existe, pour l’instant, que cette référence pour décrire la santé mentale. Cédons la parole à S. Grof : « Une personne fonctionnant exclusivement sur le mode cartésien, peut être exempte de symptômes manifestes, mais ne peut pas être considéré comme mentalement saine. De tels individus mènent une vie centrée sur leur ego et la compétition, orientée vers un but. Ils ont tendance à être incapable de tirer satisfaction des activités ordinaires et ils sont éloignés de leur monde intérieur. Pour ces gens […] aucun degré de richesse, de pouvoir ou de célébrité n’apportera de satisfaction authentique. »

    En effet, les humains comme les plus infimes particules sont une complémentarité.


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    Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
    Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
    Charif Barzouk


  • #2
    Suite et fin

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    Le soufisme ou le culte des sens

    Dans le monde soufi, tous les sens sont honorés ; la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher comme le dit si bien Giordano Bruno : « Il y a des mondes infinis et les créatures sont vivantes ». C’est un monde fait de sensualité qu’est la confrérie ou la « Zaouia » lors d’une veillée mystique. C’est une occasion de plus de savourer un bain selon les rites marocains et de s’habiller en conséquence. C’est une purification du corps pour mieux recevoir l’épuration de l’âme.

    L’encens, le bois de santal, le musc, l’eau de rose et de la fleur d’oranger embaument tous les espaces du soufi. Ces senteurs procurent une détente physique et intellectuelle ainsi qu’un doux effet aphrodisiaque qui diffuse une énergie sacrée propice à recevoir le divin. Certes, le compagnon durant « ’Lilla » la veillée est complètement détourné des plaisirs terrestres « Alâam Achahawat Adounia » et il tend vers le monde de Dieu « Alâam Rabbâani ». Ceci ne veut nullement dire que le soufi se prive des plaisirs du corps ; l’Islam condamne la vie monacale et le bigoterie. Les compagnons de la confrérie, aussi bien hommes que femmes, sont des partenaires conjugaux extatiques dans le sens tantrique du terme. Mais à chaque temps son extase.

    Le dîner de la veillée ou l’Offrande « Sadaqua » est un don d’une des familles les plus nanties de la confrérie car la générosité est une des qualités de l’amoureux – « Al mohib ». Le repas est un raffinement visuel et gustatif, les épices les plus fins relèvent les mets ; la cannelle, le clou de girofle, la cardamome, le gingembre, le safran, etc. Le thé à la menthe arrose le festin. Et on mange en cercle autour de tables rondes, la forme géométrique chère au Soufi, symbole de complémentarité et d’union sans début ni fin. Certes l’ouïe est le sens le plus sollicité car l’oreille est la plus grande porte de l’âme.
    Et contrairement au positiviste, ce n'est pas l'oeil mais l'ouïe qui est le sens le plus sollicité car l'oreille, pour les soufis, est la plus grande porte de l'âme.


    La musique et le chant comme viatique

    Au Maroc, l’extase auditive ou le « Samâa » est une variante de la musique andalouse ou le mariage raffiné des répertoires hispano-arabes. Il englobe trois genres :

    « Al Madih », des poèmes panégyriques qui constituent le fond commun à toute veillée religieuse même en dehors de la « Zaouia ». Ce sont des chants de louanges de Dieu et du Prophète ;

    « Al Bourda » et « La Hamzia » que toute personne élevée dans la tradition musulmane peut entonner dans le rythme musical propre à sa région.

    « Al Inchad » ou le chant individuel avec ou sans fond musical est donné par les plus belles voix de la confrérie, celles qui possèdent la plus large capacité vocale.

    Nous avons été témoin de l’émotion vive de certains de nos invités occidentaux qui, bien que ne comprenant pas un mot d’arabe, ont néanmoins pleuré voire sangloté à l’écoute des chants mystiques.

    « As Samâa » ou le raffinement d’un savant répertoire codifié. C’est une musique qu’on cultive avec élégance même chez les enfants au sein de certaines confréries comme Tijania, Boutchichia, Madkourya et j’en oublie. C’est une musique sacrée très raffinée qui allie les techniques du concert et du concerto. C’est suivant la région où se trouve la « Zaouia » qu’un ou l’autre des instruments est mis en exergue, cependant, les instruments à cordes ont une place de choix.

    Il serait superflu d‘évoquer le rôle thérapeutique de la musique. Cette musique mystique procure détente et relaxation du corps et de l’esprit qui permettront à l’ego de lâcher prise afin d’intégrer le spirituel. Jalal eddine ar Roûmi, le créateur du « Samâa » – musique et danse cosmiques jouées jusqu’à nos jours par les confréries des derviches tourneurs –, l’avait qualifié de « prière ». À un des compagnons qui l’avait pressé d’interrompre « As Samâa » pour répondre à la prière d’« El Fajr » il avait répondu » : « C’est aussi une prière, toutes deux s’adressent à Dieu. Il veut l’une extérieure pour son service, et il veut l’autre intérieure pour son Amour et sa Connaissance ». Ibn Al Arabi, le grand maître soufi la qualifiait de « Mounajat » – appel intime à Dieu. Beaucoup d’occidentaux et des plus illustres se sont convertis à l’Islam en découvrant le monde féerique du soufisme et ce fut le cas de Eva de Vitray-Meyerovitch. Cette catholique, issue de l’aristocratie française et mariée à un juif, avait découvert l’Islam par le biais du soufisme auquel elle avait donné plusieurs définitions et avait conclu avec celle-ci : « Peut-être, pouvons nous, simplement définir le soufisme comme l’intériorisation vécue de l’Islam ».


    L’Amour et la beauté

    Il est dit dans « Sahih Al Boukhary » : « Dieu est beau et il aime la beauté » et « Il a créé le monde à son image ; tout est harmonie, beauté et perfection ; nulle trace de laideur. L’univers entier se prosterne devant lui et célèbre ses louanges, « la Ilah Illa ‘llah », « Dieu est l’Unique ». Ainsi le psalmodient les « Tijanis » et ce n’est nullement une vision idéaliste du monde mais juste un dévoilement spirituel ou, dans l’unité des paradoxes.
    La mort devient génératrice de vie, la laideur créatrice de beauté. C’est tout simplement le cercle de la plongée méditative subconsciente.

    En effet, tous les êtres humains sont beaux quand nous les voyons avec les yeux de l’Amour. Pour le soufi l’Amour Dieu ne se réalise qu’en aimant d’abord ses semblables ; il ne peut prétendre « Dieu », l’Esprit pur s’il n’aime pas ses créatures, une matière d’abord. Le guide Tijani dit : « Le devoir sans amour est poids, le devoir avec amour est joie, et l’Amour sans devoir est Divin ; c’est la voie d’Allah ». C’est seulement dans un cœur rempli d’Amour qu’on perçoit Dieu »

    Le soufi cultive l’Amour dans ses actes et son culte est en lui même ; il apprend à s’aimer d’abord, pour aimer les autres et Dieu car l’Amour est un Don de soi et qui ne l’a pas en lui ne peut l’offrir aux autres. On dirait de la psychiatrie spirituelle, non ? C’est la « Tariqa », une ascèse séculaire du soufisme. Le soufi débute avec l’observation de soi conformément à la parole du prophète (Pbsl) : « Celui qui se connaît lui même, celui-là connaît Son Seigneur ». Il faudrait une ouverture à soi et une certaine réceptivité pour régler les conflits à l’intérieur de soi et mettre à nu la vulnérabilité dans le sens de la sensibilité exempte de toute défenses créant la dualité pour accéder aux différents degrés du soufisme

    La séparation entre le Bien et le Mal subsiste chez le soufi à l’état conscient mais elle est nuancée par « Rahma » ce sentiment affectueux fait de bonté et d’indulgence vis à vis de nos semblables. Le devoir du soufi est de guider en « douceur » un frère ou une sœur égarée comme l’ordonne le Coran : « Pas de contrainte en religion, la voix de la raison est désormais différencié de l’errance ». (S. 2, V. 250) Le soufi doit participer à la vie et la gagner. Les soufis doivent vaquer à leur besogne comme de véritables modèles d’un humanisme actif. Les compagnons de la Zaouia Tijani, pour ne citer que cette exemple, considèrent le travail comme adoration divine : « Le travail bien fait est beauté et la besogne accomplie est culte » et c’est en écho au hadith du Prophète (pbsl) : « Dieu bénit tout humain qui fait son travail avec compétence ».

    Le cheikh Tijani, le guide de cette confrérie exhortait : « le compagnon doit être de son temps et participer à l’évolution des hommes et il ne doit jamais s’idéaliser outre mesure car il s’ankylosera dans l’isolement et le dénuement qui éloigne de l’Amour Divin ».


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    Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
    Charif Barzouk

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    • #3

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      Source : hommes-et-faits.kom

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      – pbls : Paix et bénédiction sur lui !

      Leïla Zouggari, Koweit le 15/12/2001
      Bibliographie

      – Ibn 'Arabi né à Murcia en Andalousie en 569/1165 est sans conteste celui qui a donné tout son sens au soufisme tant par sa pratique que par les centaines d'ouvrages qu'il a rédigé et il fut nommé Khatem Al Awliya' – Sceau des Saints. Il s'éteignit à Damas le 28 Rabi' 11 638/16 Novembre 1240, peu avant la prise de Bagdad par les Monghols en 1258.

      – Jalaluddin Rûmi naquit en 1207 dans la province de Balkh – qui se trouve dans l’Afghanistan actuel, mais sa famille, fuyant l’avance mongole, émigra en Anatolie où régnaient les Seljoukides. Le père, Bahauddin Walad, un théologien mystique connu, fut appelé par le roi à Konya en 1228.

      Après la mort de son père, Rûmi lui succéda dans sa chaire d’enseignement. A Konya vivait aussi le grand commentateur d’Ibn Arabi (m. 1240), son beau-fils Badruddin Qonawi, un lien d’amitié et de connaissance va l’ unir à Rûmi. Puis la rencontre du derviche Shamsuddin Tabrizi éveille en Rûmi le feu de l’amour mystique. Dans l’expérience de cet amour qui consumait tout, Rûmi devint poète. Sa production est considérable, plus de 36.000 vers de poésie lyrique et plus de 26.000 distiques dans le Mathnawi ; à côté de « conversations de table », intitulées Fihi ma fihi, où l’imagination poétique l’emporte sur l’argumentation logique, il y a aussi des correspondances et des histoires allégoriques comme Fariduddin ‘Attar.

      – Le fiqh de la Tariqa – quatre épîtres, manuscrits de la zaouiya de Fès.

      – Mohammed Larbi Ben Sayah, Boghiat el Moustafid fi charhi moniat el Mourid « But de celui qui cherche à tirer profit du Commentaire du Désir de l'initié », ed. Caire, 1304 h/1886 grégorien, 2ème éd. Dar el Jîl, Beirout, 1961.

      – Burkhardt, Introduction aux doctrines ésotériques de l’Islam.

      – Qushairî. Risâlah

      – Jamil Abou Nasr, the Tijaniyya, 1965 (204 pp.).

      – Anne-Marie Schimmel, Dimensions mystiques de l’Islam.

      – Eva de Vitray-Meyerovitch, L’Islam, l’autre visage.

      – Jallal Ed Dine er Rûmi, le Mathnaw.

      – Montet, E, The religions orders of Morocco , Asiatic quartly Review,1902.

      – Ali Ben Mohammed ed-Dakhîl Allah, et-Tijania, Ryad, 1983.

      – Needleman Jacob, The Sword of Gnosis (Seif el 'Irfân) , 1974 (464 p.p.).

      – Zahan Dominique, Religion, Spiritualité et Pensée Africaine, 1980 (256 p.p.).

      – Adolphe Faure, Le Tasawwof de l'école ascétique marocaine, in Mélanges, Louis Massignon, II.

      – Willis, Ralf, Reflection on the diffusion of Islam, West Africa in studies, vol I , London ,1979.

      – Hamidullah, Le Coran, traduction, Club français du Livre, 1971.

      – Richard Bell, The introduction of the Qur'an, Edinburgh, 1970 Cragg, Kenneth.

      – The mind of the Qur'an, Cambridge scholar, 1973.

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      Charif Barzouk

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      • #4
        L’âme et le visage du soufisme



        L'âme et le visage du soufisme




        Parution originale : Planète N° 18, septembre 1964, tous droits réservés. Eva Meyerovitch nous donne à voir sa vision du soufisme. Elle retrace ici le sens profond du soufisme et son ancrage dans l’Islam des origines.




        LA MÉDITATION DU CORAN

        Le terme de soufisme dérive, selon l’étymologie généralement acceptée, de l’arabe çuf, laine. Les adeptes avaient en effet l’habitude de se vêtir d’un froc de laine, symbole d’austérité et de détachement du monde. Le surnom « al-sufi » apparaît dès le viiie siècle de l’ère chrétienne, un siècle après la mort de Mahomet, et s’applique bientôt à l’ensemble des musulmans s’adonnant aux pratiques ascétiques. Dans un traité ancien de soufisme, nous trouvons cette définition : « Le soufi porte de la laine sur sa pureté, il tyrannise ses désirs et, ayant rejeté le monde, il avance dans la voie du Prophète. »
        Les orientalistes ont beaucoup discuté sur l’origine du soufisme. Ils se sont efforcés de déceler des influences étrangères. Tantôt on l’a rattaché au Védanta de l’Inde ; tantôt on a mis l’accent sur des ressemblances avec le zoroastrisme et le néoplatonisme. On l’a aussi considéré comme une réaction contre une religion qui laissait peu de part aux aspects émotionnels de l’expérience spirituelle. On a relevé aussi des affinités existant entre le soufisme et la mystique chrétienne. Quelles que soient les comparaisons qu’on puisse établir avec d’autres formes de pensée religieuse, l’origine islamique du soufisme ne semble cependant pas pouvoir être mise en doute. La lecture, la récitation, la méditation du Coran fournissent au pieux musulman une source constamment renouvelée de vie spirituelle. La beauté même du texte étaye le dogme du caractère miraculeux du livre saint, que nul art humain n’eût pu composer. « Ce qui donne au Coran sa puissance d’émouvoir le cœur des hommes et de modeler leur vie n’est pas son contenu de doctrines et d’exhortations dans sa nudité, mais sa vivante parure verbale. Comme les livres prophétiques de l’Ancien Testament, il parle la langue de la poésie, bien que délié du joug extérieur du mètre et de la rime. Si par poésie on entend la disposition presque magique des mots en sorte qu’ils se répercutent comme des échos dans l’âme, découvrant à l’œil intérieur de grands horizons et créant dans l’esprit une exaltation qui le soulève au-dessus du monde matériel et l’illumine d’un rayonnement soudain, c’est justement ce que signifie le Coran pour le musulman. Le musulman ne trouve dans aucun autre livre sacré cette qualité poétique, cette aptitude à soutenir et à renforcer la faculté de vision intuitive, ce bond par lequel l’âme et l’esprit saisissent, en une expérience concrète, la réalité derrière les phénomènes éphémères du monde matériel ». (A.R. Gibb).
        À la magie incantatoire du texte saint, véhicule du message divin, viennent s’ajouter tous les prolongements et les résonances que permet l’arabe, langue liturgique, qui par sa nature même se prête à une herméneutique étagée sur plusieurs plans. C’est ainsi que les soufis parlent de sept ou même de soixante-dix-sept interprétations possibles, de plus en plus intériorisées. Une telle « lecture » sera en définitive fonction de la capacité spirituelle du récitant, comme si le texte lui était révélé à l’instant, en ce lieu, à lui-même.
        L’un des plus grands maîtres du soufisme, Jalal-od-Din Rûmi, donne cet exemple de l’interprétation spirituelle des écritures. Après avoir conté que Yahya (Jean-Baptiste) se prosterna en adoration devant le Messie, alors que tous deux se trouvaient encore dans le sein de leurs mères, il note que les ignorants considèrent cette histoire comme fausse et invraisemblable. Mais, dit-il,
        « Celui qui connaît le sens caché, et pour qui ce qui est caché dans le monde est présent,
        Sait que la mère de Jean-Baptiste peut apparaître à Marie bien qu’elle soit loin de ses yeux.
        Les yeux fermés voient l’ami, à condition que l’enveloppe charnelle soit rendue perméable à la lumière.
        Mais, alors même qu’elle ne l’aurait vue ni de l’extérieur, ni de l’intérieur, ô toi, esprit faible,
        Tâche de comprendre le sens profond de cette histoire, et non pas comme celui qui a entendu des fables et reste attaché à leur sens littéral. »


        TOUT EST SIGNE DE DIEU

        Tout est signe pour celui qui sait voir : « Nous savons, dit Ibn’Arabi, maître soufi du xiiie siècle, que Dieu s’est décrit lui-même comme l’Extérieur (al-Zahir) et comme l’Intérieur (al-Batin) et qu’il a manifesté le monde à la fois comme intérieur et comme extérieur, afin que nous connaissions l’aspect intérieur (de Dieu) par notre propre intériorité et l’extérieur par notre extériorité. Nous leur montrons, dit le Coran, nos signes aux horizons et en eux-mêmes... »
        Le livre saint fait constamment appel à cette prise de conscience :
        « De quelque côté que tu te tournes, là est la Face de Dieu... En vérité, dans la création des cieux et de la terre, dans l’alternance de la nuit et du jour, dans les navires qui parcourent les mers avec ce qui est utile à l’homme, dans la pluie que Dieu fait descendre du ciel pour rendre vie à la terre qui était morte et répandre sur elle toutes sortes d’animaux, dans le changement des vents, dans les nuages qui sont astreints au service entre le ciel et la terre, dans toutes ces choses, il y a des signes pour ceux qui comprennent. » (Coran, II, 109, 159).


        AU CŒUR ÉPRIS D’AMOUR

        Mais cette immanence de Dieu au monde n’est perceptible qu’aux yeux purifiés. Ainsi que le dit Rûmi, le soufi persan : « Si tu bois, assoiffé, de l’eau dans une coupe, c’est Dieu que tu contemples au sein de l’eau. Celui qui n’est pas un amoureux (de Dieu) ne voit dans l’eau que sa propre image. » Seuls les yeux dessillés peuvent découvrir que « l’univers est le livre de la Vérité très haute ». Seul le cœur poli par l’ascèse est susceptible de devenir ce miroir sans tache où se reflétera le divin. Le soufisme a toujours fait une large place aux pratiques de mortification. Ce caractère ascétique est particulièrement marqué au début du mouvement, en réaction contre la décadence religieuse et la corruption des mœurs qu’avait entraînées, au Ie siècle de l’Islam, l’extraordinaire extension des conquêtes.
        Une pieuse femme de Basra, Rabi’a (morte en 801) s’adressait ainsi à Dieu :
        « Je t’aime de deux amours : amour visant mon propre bonheur et amour vraiment digne de Toi. Quant à cet amour de mon bonheur, c’est que je m’occupe à ne penser qu’à Toi et à nul autre. Et quant à cet amour digne de Toi, c’est que Tes voiles tombent et que je Te vois. Nulle gloire pour moi, ni en l’un ni en l’autre, mais gloire à Toi pour celui-ci et pour celui-là. »
        En témoignant de l’unité divine par la profession de foi, le croyant atteste que la divinité seule est digne d’adoration.


        Tel sainte Thérèse d’Avila, « mourant de ne pas mourir », le poète soufi du ixe siècle Dhu’l-Nûn l’Égyptien chante la nostalgie de l’union divine :
        « Je meurs, sans que pourtant meure en moi L’ardeur de mon amour pour Toi,
        Et Ton amour, mon unique but,
        N’a pas apaisé la fièvre de mon âme.
        Vers Toi seul mon esprit jette son cri ;
        En Toi repose toute mon ambition.



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        Charif Barzouk

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          Suite ... 2/3


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          VERS L’UNION MYSTIQUE


          Dieu est la seule réalité, le seul but de la quête incessante de l’âme, peu importe la voie qui mène à lui. Les soufis se sont toujours faits les apôtres de la plus large tolérance : « Il y a, dit Jalal-od-Din Rûmi, bien des chemins de recherche, mais l’objet de la recherche est toujours le même. Ne vois-tu pas que les chemins qui conduisent à La Mecque sont divers, l’un venant de Byzance, l’autre de Syrie et d’autres encore passant par la terre ou la mer ? La distance de ces chemins à parcourir est chaque fois différente mais, lorsqu’ils aboutissent, les controverses, les discussions et les divergences de vues disparaissent, car les cœurs s’unissent... Cet élan du coeur n’est ni la foi, ni l’infidélité, mais l’amour. »
          Pour le soufisme, l’amour est en vérité l’âme de l’univers. C’est grâce à lui que l’homme tend à retourner à la source de son être. La musique et la danse, la giration des étoiles et le mouvement des atomes, l’ascension de la vie sur l’échelle de l’être, de la pierre à la plante, de l’animal à l’homme, jusqu’à l’ange et au delà — tout est dû à l’amour qui est « l’astrolabe pat lequel se révèlent les mystères cachés ». L’âme éloignée de son ultime réalité tend à la rencontre qui lui révélera que l’amant et l’aimé ne sont qu’un. Un jour, est-il raconté dans l’une des paraboles du Mathnavi’ ; un homme vint frapper a la porte de son ami. « Qui es-tu ? » lui demande celui-ci. Il répond : « C’est moi » — « Va-t’en, je ne te connais pas. » Après un an d’absence, brûlé d’amour et de chagrin, le pauvre homme s’en revient frapper à la porte. « Qui es-tu ? » lui redemande l’ami. Et cette fois, il répond : « Je suis toi — Entre alors, lui dit l’ami, puisque tu es moi : il n’y a pas de place ici pour deux « moi ». »
          Le but du soufi, comme de tout mystique, sera de mourir à lui-même pour vivre en Dieu, retrouvant ainsi la source de son être. « Toute chose est périssante, hormis la Face de Dieu », dit le Coran. Le maître de Balkh, Jalal-od-Din Rûmi attendait avec impatience la suprême rencontre avec le Bien-Aimé. Il déclarait : « En vérité, ma mort seule est ma vie. »
          La mort, pour les mystiques, c’est la vue de la Vérité Suprême. Comment fuiraient-ils devant cette vue ? Lors de sa dernière maladie, à un ami qui lui souhaitait de recouvrer la santé, Rûmi répondit : « Entre l’amant et l’amante, il ne reste plus qu’une chemise de crin. Ne voulez-vous pas qu’on la retire et que la lumière se joigne à la lumière ? »
          Toutefois, si la mort terrestre déchire les derniers voiles, Jalal-od-Din Rûmi rappelle à chaque instant que le royaume de Dieu est au dedans de nous : « On peut voir le Créateur dans chaque objet créé, on peut contempler le soleil des vérités dans chaque atome. »


          LES CONFRÉRIES

          Tel est le climat de la spiritualité soufie : Dieu sensible au cœur — en entendant justement ce terme (qalb, en arabe, dil, en persan) au sens pascalien d’intuition, de « fine pointe » de l’âme. Dieu est recherché ardemment tout au long d’un pèlerinage mystique jalonné d’étapes, qui sont elles-mêmes « colorées » par une certaine tonalité, ou disposition intérieure. Dans la pratique, l’appartenance au soufisme, en dehors de cas isolés, se traduit par l’appartenance à différentes « voies » (tariqa) : « Chaque grand maître à partir duquel on distingue une chaîne initiatique particulière a autorité pour adapter la méthode aux aptitudes d’une certaine catégorie d’hommes doués pour la vie spirituelle. Les diverses voies correspondent donc aux diverses vocations et sont toutes orientées vers le même but. » (Titus Burckhardt)
          Le terme arabe de tariqa, signitiant chemin, route, voie, a pris deux acceptions techniques successives en mystique musulmane. Dans la première, selon Louis Massignon, il désigne une méthode de psychologie morale pour guider chaque vocation individuelle, en traçant diverses étapes de la pratique littérale de la loi révélée jusqu’à la Réalité divine. Il en est ainsi aux ixe et xe siècles de notre ère, et les noms des grands soufis Jonayd, Hallâj, Sarraj, Kushairi, Hudjwiri sont ceux de maîtres en mystique. Dans sa seconde acception, le terme de tariqa désigne, à partir du xie siècle, l’ensemble des rites d’entraînement spirituel préconisés dans les diverses congrégations musulmanes qui commencent dès lors à se fonder. Par extension, il est devenu synonyme de confrérie, il désigne une vie commune fondée sur des prescriptions spéciales, sous l’autorité d’un maître commun. L’appartenance à une de ces confréries peut entraîner la résidence dans un monastère, généralement pour des périodes plus ou moins longues, très rarement pour toute la vie, la plupart des adhérents étant mariés. Des centaines de confréries furent fondées ; plusieurs d’entre elles comptent encore aujourd’hui des adhérents par milliers. Chacun d’eux est en principe astreint à suivre certaines règles de méditation, de prières, etc., et assiste aux réunions périodiques de sa tariqa.


          LE ROLE DU MAITRE



          Les traités de soufisme décrivent minutieusement la règle à suivre dans chaque couvent. Le rôle du maître (pir, en persan ; murshid, en arabe) qui le dirige et à qui est due une obéissance absolue, consiste à adapter les exercices aux besoins spirituels et aux capacités des disciples ou murids. Mais les liens entre maître et disciple soufis sont bien plus étroits que ceux qui peuvent attacher à un « directeur de conscience » au sens ordinaire de ce terme. Il ne s’agit pas seulement de l’enseignement d’une méthode conformément aux aptitudes d’hommes aspirant à une vie spirituelle, mais d’une transmission initiatique, de la communication d’une influence spirituelle, d’un influx divin (baraka) que peut seul conférer un représentant d’une « chaîne » (silsila) remontant au Prophète lui-même. Pratiquement, cette initiation est symbolisée par l’investiture, la remise par le maître au disciple de la khirqa, le froc de bure. Pour qu’il puisse valablement le faire, il faut que le maître soit lui-même digne d’imitation, c’est-à-dire qu’il doit connaître parfaitement, tant au point de vue théorique que pratique, les trois phases de la vie mystique — La Loi, la Voie et la Vérité. Il lui faut être entièrement délivré de ses appétits charnels, de sorte que rien de son moi inférieur ne demeure en lui. Quand un tel shaikh est parfaitement au courant des actes et des pensées d’un disciple, et sait qu’il est digne de progresser dans la Voie, il pose la main sur sa tête et le revêt de la khirqa, témoignant ainsi qu’il mérite de s’associer aux soufis. Lorsqu’un derviche inconnu vient dans un monastère ou une association de soufis, on lui demande : « Quel est le maître qui t’a instruit ? » et « De quelles mains as-tu reçu la khirqa ? »

          Le murid est ainsi dit fils du shaikh. Cette notion de maître et disciple répond à la structure même de l’Être, il y a dédoublement du Seigneur et du Vassal qui aspirent l’un vers l’autre. « Le shaikh est ton Créateur », dit Ibn’Arabi. Comme l’écrivait Barrès, une congrégation « enregistre et transmet à travers les siècles le fluide particulier de son fondateur ». En outre, comme le note le professeur Nicholson, chaque murid a ses amis, et toute la communauté soufie constitue une fraternité indivisible, de sorte que le moindre adepte se sent uni spirituellement au hiérophante le plus exalté. Les soufis se regardent comme le peuple choisi de Dieu ; ils se sentent aimés par Lui, et s’aiment les uns les autres en Lui. Le lien entre eux ne peut jamais être brisé, car c’est un mariage d’âmes qui a été conclu au ciel.

          Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
          Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
          Charif Barzouk

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          • #6
            Dieu serait amour pour les soufis comme pour les chrétiens?

            Remarque, je ne sais que dalle s'il l'est aussi amour dans l'Islam, mais je trouve cela pas mal superficiel et assez contradictoire.

            Pourquoi amour, que diable, quand on exhibe l'enfer, par exemple ?
            ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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            • #7
              Fin.. 3/3

              .../...


              L’APOLOGUE DES TROIS PRINCES


              L’enseignement des maîtres tend à faire accéder le disciple à une connaissance mystique — marifat — qui constituera la seconde naissance, la naissance spirituelle. Cette maïeutique a très souvent recours à des apologues, susceptibles d’interprétations de plus en plus profondes, qui ne s’excluent pas les unes les autres, mais se com¬plètent. Ici encore, il s’agit de déchiffrer des symboles valables sur plusieurs registres. Voici par exemple, une parabole due au maître des derviches tourneurs, Jalal-od-Din Rûmi, dont nous avons déjà parlé. C’est l’histoire des trois princes et de la citadelle merveilleuse. Il y avait, est-il raconté dans le Mathnavi, trois frères. Le roi, leur père, possédait sur son territoire une forteresse dans laquelle il était absolument interdit de se rendre. Les trois princes, sachant que c’était interdit, avaient d’autant plus envie d’y aller. Lorsqu’ils y furent parvenus, ils virent que cette citadelle avait dix portes. Une fois celles-ci franchies, ils découvrirent de magnifiques peintures qui les remplirent d’émerveillement, et notamment le portrait d’une jeune fille dont la beauté les éblouit et les enflamma d’amour. S’étant informés, ils apprirent qu’il s’agissait de la princesse de Chine, gardée recluse dans une tour par son père l’empereur. Ils décidèrent aussitôt de partir pour la Chine. Après avoir attendu longtemps dans la capitale, l’un des princes, à bout de patience, vint se jeter aux pieds de l’empereur. Celui-ci le traita avec tendresse et le jeune homme devint de plus en plus enivré d’amour. Le jeune prince finit par en mourir. Le frère cadet étant malade, le second frère assista seul aux funérailles. L’empereur lui témoigna la même bienveillance, et le combla de dons. Peu à peu, ce prince en conçut de l’orgueil et donna des preuves d’ingratitude. L’empereur en fut indigné et, sans le vouloir, lui infligea une blessure mortelle. Le troisième frère était le plus paresseux de tous. Il ne fit rien, et pourtant ce fut lui seul qui réussit à atteindre le but ; l’histoire ne nous dit pas comment. Jalal-od-Din Rûmi a repris ici un thème folklorique très connu. Ce qui est important, c’est moins l’anecdote que le commentaire donné par le sage soufi. Il explique tout d’abord que c’est l’attrait des choses défendues qui incite à leur recherche ; l’itinéraire spirituel aussi est une aventure. Les princes se sont lancés sans guide dans leur quête ; c’est fort dangereux. Les dix portes de la citadelle représentent les cinq sens externes et les cinq sens spirituels. Les peintures sont les formes et les couleurs du monde par lesquelles l’âme risque d’être ensorcelée et détournée de sa véritable voie. Traditionnellement, la Chine désigne dans le soufisme le domaine spirituel, alors que l’Égypte est le domaine matériel. Quant aux trois princes, le premier est mort d’amour ; le second initié aux mystères par le roi, est perdu par sa présomption. La pointe de l’apologue est ici : pourquoi le troisième prince a-t-il remporté une victoire complète, alors qu’il était le plus paresseux ?

              Ce que Rûmi appelle ici paresse, on pourrait à meilleur escient l’appeler passivité. Il y a quelque chose d’infiniment passif, d’absolument abandonné, dans l’âme du mystique qui appelle la grâce, ce don de Dieu, et c’est là une sorte de virginité, d’offrande de soi, comparable à l’atti¬tude de Marie devant l’ange de l’Annonciation.

              Ainsi que le dit le commentaire d’Ismaël d’Ankara : « Lorsque la parole de Dieu pénètre dans le cœur de quelqu’un et que l’inspiration divine emplit son cœur et son âme, sa nature est telle qu’alors est produit en lui un enfant spirituel ayant le souffle de Jésus qui ressuscite les morts. » Si le petit prince paresseux parvient seul à remporter la victoire, c’est qu’il n’a pas compté sur ses propres efforts : il est resté « passif » et disponible à la grâce divine qui a pu le saisir.


              L’APOLOGUE DES CHINOIS ET DES BYZANTINS


              Dans une autre parabole Jalal-od-Din Rami compare la démarche vers Dieu des étudiants en théologie avec celle des mystiques soufis. Un jour, raconte-t-il, un sultan appelle à son palais des peintres, venus les uns de la Chine, les autres de Byzance, et les charge de décorer de fresques deux murs qui se faisaient face. Un rideau fut tiré entre les deux groupes de concurrents qui travaillaient donc sans apercevoir ce que faisaient leurs rivaux. Or, tandis que les Chinois employaient toutes sortes de peintures et dessinaient de ravissantes figures, les Grecs se contentaient de polir le mur et de le lisser sans relâche. Le jour venu, le sultan vint juger des résultats de cette compétition. Il se dirigea tout d’abord du côté du rideau où se trouvaient les peintres de Chine, et tomba en extase devant la beauté de leur fresque. Il déclara que l’on ne pouvait, en vérité, rien concevoir de plus beau. Mais lorsque le rideau fut tiré, les peintures des Chinois se reflétèrent dans le mur qu’avaient poli les peintres de Byzance à la façon d’un miroir — et ce reflet était bien plus beau que l’œuvre d’art elle-même. On pourrait imaginer que le reflet fût aussi beau que l’image : mais pourquoi la surpasse-t-il ? Il y a là, tout d’abord, une raison d’esthétique. Rûmi parle ailleurs de l’amour du beau, plus beau que la beauté elle-même. Mais il s’agit ici d’une sorte de pressentiment. La vérité n’est pas quelque chose de tout fait, c’est quelque chose vers quoi on se dirige, guidé par l’intuition, de même qu’un parfum fait deviner une réalité cachée. Rien, sur le plan spirituel, n’est achevé. Selon une telle conception, les couleurs représentent ce que le monde phénoménal (les apparences) comporte d’impureté : le monde nouménal (les réalités) est « sans couleur », disent les soufis persans.

              De même, Shelley parlait de la vie comme d’un verre bigarré « qui souille la pure blancheur de l’éternité ». Le monde phénoménal sert en quelque sorte de prisme au monde de l’intelligible. Les soufis « comparent l’univers à un ensemble de miroirs dans lesquels l’Essence infinie se contemple sous de multiples formes, ou qui reflètent à divers degrés l’irradiation de l’Être unique ; les miroirs symbolisent les possibilités qu’a l’Essence de se déterminer Elle-même, possibilités qu’Elle comporte souverainement en vertu de Son infinité » (Burckhardt). Le cœur du mystique, poli par l’ascèse, débarrassé du péché et des imaginations vaines, devient cette paroi blanche comme la neige où se reflétera la beauté divine.

              Le soufisme, d’une façon générale, met l’accent sur l’aspect « beauté » de la Réalité ultime. Selon Ibn’Arabi, Dieu aime la beauté des formes parce que la forme reflète la beauté de Dieu, comme elle reflète l’Être. Une tradition prophétique dit : « Dieu est beau, et Il aime ce qui est beauté. » La beauté apparaît ici comme la raison suffisante de l’amour. À travers ces apologues, on aperçoit toute la subtilité de la doctrine des soufis.




              le visage du soufisme par :



              Eva de Vitray-Meyerovitch







              Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
              Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
              Charif Barzouk

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              • #8
                Attend au moins que je finisse de poste ya si Bachi !


                Pourquoi amour, que diable, quand on exhibe l'enfer, par exemple ?
                Quand on voit l'inquisition chrétienne et le flot d'intolérance pour ceux qui sont le plus à même de prêcher l'amour universel; on se rend bien compte que c'est juste un question de lecture.. C'est à dire que certains hommes et peu importe la religion, auront toujours cherché à réduire le sacré à leur propre conception, purement humaine, et forcement trop souvent éloigné de la réalité..

                Ainsi, la voie* est l'essence même du soufisme et par extension de toutes les traditions ésotériques, son énergie fondamentale est la Réalité même de l'Etre. "Quand ni la terre ni le ciel n'existaient, l'amour dejà etait là", cette parole est caractéristique du sens ésotérique et de comment appréhender ce savoir, je pourrais te demander de me définir ce qu'est l'amour et tu me répondra de quel façon il se manifeste dans ta vie.. mais le secret de cette dimension est inexprimable, il se vit dans l'univers de notre expérience et ce que tu traduira ne reflétera que des aspects les plus extérieurs, et « faire assentir » est par essence une erreur, je ne parle pas ici de sentimentalisme lié à la psychologie de l'être mais bien de présence conditionné par la limite que nous cherchons à dépasser sans pouvoir la décrire.


                * Voie de ce qui ne pourrait être exprimé du fait même de son caractère subjectif et lien avec "le monde sensible", ou du néant diraient les poetes.

                Dernière modification par Jallal-a-bad, 16 septembre 2008, 21h29.

                Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
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                Charif Barzouk

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                • #9
                  le soufisme n'est pas d'origine musulamne il est apparu tard. a mon avis ce sont des rites boudhistes qui ont penetré le monde judeo chretien en premier ensuite propager dans le milieu islamique.

                  par contre etouroukioun certains disent ce ne sont que des tendances chi3ite érétique aparue au court de l'ennvahissement et l'infiltration des perse dans l'empire abbaside.

                  l'islame et basée sur le rationel et la mesure ''el mizane'' comment employer el mizane dans l'irrationel lorsque le soufis pretends marcher sur l'eau.

                  Des science occultes oui le soufisme non

                  Commentaire


                  • #10


                    Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
                    Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
                    Charif Barzouk

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                    • #11
                      Salam,

                      la conduite, dont le Prophète qui était un soufi et s’habillait de souf pour s’isoler et méditer avant la révélation et qui l’est resté jusqu’à sa mort. Il a mené une vie de d’abstinence, de prière, de pureté et d’Amour pour ses femmes, son voisinage, ses semblables et Dieu. Il est considéré comme le premier maître de « Attasaouf ».
                      Ah bon.. le prophètre était soufi parcequ'il portait un pull en laine !?

                      La Beauté divine est alors perçue comme l’essence du « Tout » beau et du « Tout » harmonieux. Dans les panégyriques soufis, celle-ci est souvent représentée par un personnage féminin, Leïla, Maya, Nafissa, etc. ; l’Amour spirituel, l’Elixir divin et l’Ivresse des amoureux sont des symboles que les soufis utilisent pour dépeindre leurs états âmes. Et ils sont rompus à décrire avec exactitude leurs sensations même dans la vie courante.
                      Cet état d'âme est surtout du à l'état de "transe" du aux mouvements, rotations et prières répétés sans cesse.. Même avec de la musique techno, écoutée en boucle, beaucoup arrivent à atteindre cet "Elixir divin".

                      L’encens, le bois de santal, le musc, l’eau de rose et de la fleur d’oranger embaument tous les espaces du soufi. Ces senteurs procurent une détente physique et intellectuelle ainsi qu’un doux effet aphrodisiaque qui diffuse une énergie sacrée propice à recevoir le divin.
                      Sans commentaire..

                      Jalal eddine ar Roûmi, le créateur du « Samâa » – musique et danse cosmiques jouées jusqu’à nos jours par les confréries des derviches tourneurs –, l’avait qualifié de « prière ».
                      C'est à rangé plutôt du coté des psychotropes.. Les soufis croyants atteindre "Dieu", ne font qu'entrer en état d'Extase. (Voici le mot Extase sur Wiki)

                      Envoyé par Bachi
                      Pourquoi amour, que diable, quand on exhibe l'enfer, par exemple ?
                      Il faut apprendre à l'aimer et le craindre en même temps.

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                      • #12
                        Il est considéré comme le premier maître de « Attasaouf ».
                        Ah bon.. le prophètre était soufi parcequ'il portait un pull en laine !?
                        Absolument pas, c'est ecrit là :
                        Néanmoins, il puise dans le Coran et la Sunna les explications des déclarations de certains soufis comme Bistami ou Al Hallaj qu’il eut d’ailleurs un temps pour disciple. Selon lui le ravissement spirituel prend sa source dans le pacte ontologique (Mithaq) que Dieu conclut avec Ses créatures en leur demandant – « Ne suis-Je point Votre Seigneur ? ».

                        http://fr.wikipedia.org/wiki/Junayd



                        Et ici aussi.



                        Ces senteurs procurent une détente physique et intellectuelle ainsi qu’un doux effet aphrodisiaque qui diffuse une énergie sacrée propice à recevoir le divin.
                        Sans commentaire..
                        Les musulmans, un peu avant le moment de faire la prière ou de jeûner, doivent en formuler l'intention..

                        Tu en connais la raison Muhamed ?


                        C'est à rangé plutôt du coté des psychotropes.. Les soufis croyants atteindre "Dieu", ne font qu'entrer en état d'Extase.
                        Ne dit-on pas que l'amour est une drogue ?
                        Dernière modification par Jallal-a-bad, 19 septembre 2008, 09h37.

                        Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
                        Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
                        Charif Barzouk

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                        • #13
                          Envoyé par Jallal-a-bad
                          Absolument pas, c'est ecrit là : …
                          Non Jallal, c'est écrit nul-part… sinon, ce qui est écrit c'est ca :

                          بسم الله الرحمن الرحيم : " وَمَا كَانَ لِبَشَرٍ أَنيُكَلِّمَهُ اللَّهُ إِلاَّ وَحْيًا أَوْ مِن وَرَاء حِجَابٍ أَوْيُرْسِلَ رَسُولا فَيُوحِيَ بِإِذْنِهِ مَا يَشَاء إِنَّهُ عَلِيٌّحَكِيمٌ " صدق الله العظيم

                          Une traduction 42.53 : Il n'a pas été donné à un mortel que Dieu lui parle autrement que par révélation, ou de derrière un voile, ou qu'Il [lui] envoie un messager (Ange) qui révèle, par Sa permission, ce qu'Il [Dieu] veut. Il est Sublime et Sage.

                          Et les gens qui ont eu l'honneur avoir la révélation sont les Prohètes et les Messagers.. Les messagers ont été choisi pour recevoir le message.. ce n'est pas à qui le désir.

                          بسم الله الرحمن الرحيم :- بَلْ يُرِيدُ كُلُّ امْرِئٍ مِّنْهُمْ أَن يُؤْتَى صُحُفًا مُّنَشَّرَةً - كَلاَّ بَل لا يَخَافُونَ الآخِرَةَ -صدق الله العظيم

                          Une traduction 74.52-53 : -Chacun d'eux voudrait plutòt qu'on lui apporte des feuilles tout étalées. -Ah ! Non ! C'est plutòt qu'ils ne craignent pas l'au-delà.

                          En plus, notre Prophète (Salla Allahou 3alyhi Wa Sallam) était le dernier de cette noble lignée.. Maintenant pour ceux qui cherchent absolument à entendre la parole (verbale) de Dieu, certains rites leurs permettrons d'entendre des paroles, mais c'est autre chose :

                          بسم الله الرحمن الرحيم :- هَلْ أُنَبِّئُكُمْ عَلَى مَن تَنَزَّلُ الشَّيَاطِينُ - تَنَزَّلُ عَلَى كُلِّ أَفَّاكٍ أَثِيمٍ - يُلْقُونَ السَّمْعَ وَأَكْثَرُهُمْ كَاذِبُونَ- صدق الله العظيم

                          Une traduction 26.221-223 : -Vous apprendrai-Je sur qui les diables descendent ? -Ils descendent sur tout calomniateur, pécheur. -Ils tendent l'oreille... Cependant, la plupart d'entre eux sont menteurs.

                          Il faudrait faire attention à ce genre de pratiques..

                          Envoyé par Jalla-a-bad
                          Les musulmans, un peu avant le moment de faire la prière ou de jeûner, doivent en formuler l'intention..
                          …/…
                          Ne dit-on pas que l'amour est une drogue ?
                          Rien a avoir avoir le sujet..
                          Juste une correction : l'intention (النية) n'est pas formulée, l'intention est une prise en consience d'un acte avant son accomplissement.

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                          • #14

                            Envoyé par Mohamed-Redha
                            Ah bon.. le prophètre était soufi parcequ'il portait un pull en laine !?

                            Nous voyons ainsi que cet homme ne sais pas ce qu'est un
                            « qûndoz¹ », quelqu'un lui a dit : « c'est un qûndoz », et il l'a prit dans sa main par imitation, comme des enfants qui jouent avec des noix

                            .../...

                            Je tenais pareils propos (au récitant), mais j'ai vu que mes paroles ne l'atteignaient pas. J'y ai donc renoncé.

                            http://www.algerie-dz.com/forums/showthread.php?p=1686210#post1686210
                            Rien a avoir avoir le sujet..
                            Tu connais surement le hadith qui dit :

                            Les anges n'entrent pas dans une demeure où loge un chien.

                            En connais-tu la signification ?


                            Dernière modification par Jallal-a-bad, 19 septembre 2008, 19h14.

                            Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
                            Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
                            Charif Barzouk

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                            • #15
                              Sincèrement Jallal, je n'ai pas voulu te blesser.. C'était juste un conseil, a force de lire ces textes enivrant tu risque de t'embrouiller les neurones..

                              Je fais comme si je n'ai lu ta dernière remarque.. Saha F'tourek.

                              Déconnexion..

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